mardi 30 décembre 2008

Mes voeux pour 2009 (3/3)

Santé, bonheur, succès, santé et santé encore...
Ce sont mes voeux pour la nouvelle année à vous tous qui passez de temps en temps dans cet espace personnel et ouvert...
Trêve de mots: voici quelques photos du pays...







dimanche 28 décembre 2008

Mes voeux pour 2009 (2/3)

Le parti de l’USFP fêtera en septembre 2009 le cinquantième anniversaire de sa constitution.

C’est pour ce parti central de la scène politique marocaine l’occasion de faire un bilan et de dresser l’état des lieux. J’espère que l’actuelle direction fera le nécessaire pour célébrer cet anniversaire avec lucidité et clairvoyance.

Pour ma part, en tant que militant de ce parti depuis de nombreuses années, un militant qui a tant donné et qui a tant reçu de ce parti, le constat est alarmant et triste : la situation n’est pas reluisante. La combativité des années 60 est perdue. Le lustre des années 70 et 80 est terni. La position dans la société des années 90 est érodée. La solidarité interne est émiettée. Les structures locales sont en panne et les relais ne fonctionnent plus.

Si l’objectif bien compris de chaque parti est d’arriver au pouvoir, l’USFP a durant des années fait croire que cela ne l’intéressait pas. Ce parti a longtemps fait son travail d’opposition, sans concession, en protestant, en critiquant et en répétant le fameux slogan : les sièges ne nous intéressent pas.

Mais au contact du pouvoir, la transformation appropriée n’a pas eu lieu et le revirement a été fatal. Associé aux commandes, de manière très limitée et contrôlée, à la faveur d’un compromis de transition, le parti de l’USFP ne se battait plus que pour se maintenir, que pour ne pas se faire exclure, aussi réduite que pouvait être la parcelle de pouvoir qui lui était attribuée. A défaut d’exercer le pouvoir, ses représentants ne visaient plus qu’à s’y maintenir.

Mon vœu pour 2009 est que cette situation se clarifie et que les conséquences soient tirées, pour qu’une véritable alternative soit proposée. Sans nuisance ni complaisance.

Que l’USFP, élargi, rénové, devienne un parti qui n’est pas là pour rassurer, mais pour assurer la mission de parti vigilant contre les excès et les dérives, un rôle d’avocat des catégories sociales exclues, de porte-parole des élites attachées au développement et à la modernisation de leur pays. Un parti défenseur de l’option social-démocrate qui démontre chaque jour, partout, qu’il est possible de présenter une offre politique structurée capable de sauver le Maroc du danger intégriste réactionnaire et de la dérive mafieuse.

mercredi 24 décembre 2008

Mes voeux pour 2009 (1/3)

C’est la période des rétrospectives (en voici une, bien faite) et des vœux.

Pourquoi ne pas sacrifier à ce rituel ? La fin d’une année et le début d’une autre : c’est l’occasion idéale de rêver, de se détacher du quotidien et de se demander : que souhaite-t-on vraiment que cette nouvelle année nous apporte ? Pas pour soi-même, ni pour son entourage, cela relève du personnel, de l’intime. Mais pour le pays, pour son avenir proche.

Je me suis posé cette question et je ne vous cache pas que j’ai eu du mal à m’engager. Il ne faut pas être trop généraliste, pas trop ambitieux, pas prétentieux. Il faut tenir compte de la situation, des contraintes. Rêver, d’accord, mais pas trop ! Rester dans le réel, il le faut, mais en se projetant dans l’avenir.

Finalement, je me suis décidé. Je plonge. En me limitant à deux sphères. Chacune fêtant un anniversaire.

La première, c’est la monarchie qui, en juillet prochain, célébrera le dixième anniversaire de l’intronisation de Mohamed VI.

Institution principale, majeure, incontestée, incontournable. Une institution qui, dans l’intérêt du pays et des citoyens, doit être forte, engagée dans les grandes causes et disposer des moyens et des ressources pour jouer ce rôle central. Une institution indispensable dans les pays arabes, il faut croire, puisque là où elle n’existe pas, elle est inventée de toutes pièces, par tous stratagèmes.

Mon vœu pour l’année qui vient, et celles qui suivront probablement, est que cette monarchie se transforme encore davantage.

Qu’elle n’écoute pas seulement ceux qui lui décrivent le salut uniquement dans la poursuite des traditions ancestrales. Qu’elle ne se range pas toujours du côté de ceux qui lui conseillent de s’impliquer dans toutes les affaires, petites et grandes, du pays.

Qu’elle soit juste, équitable, efficace et transparente.

Qu’elle édicte, sur ces bases, ses règles de fonctionnement et qu’elle les annonce publiquement.

Qu’elle délimite clairement ses champs d’intervention, en dehors des enjeux immédiats, afin de libérer toutes les énergies, encourager les talents et développer la créativité.

Qu’elle clarifie sans plus tarder ses relations avec la justice, le monde des affaires, les partis politiques, le gouvernement. Que les missions et rôles des conseillers et les procédures de nomination aux postes de haute responsabilité soient fixées et connues de tous.

Ce n’est pas seulement une affaire d’amendement constitutionnel. Cela doit se faire, bien sûr. Mais c’est surtout une affaire de pratiques et de gestes visibles, inspirés du bon sens et des acquis universels, acceptés par tous, sans ambiguïtés. La monarchie et le roi disposent du pouvoir de l’exemple. Un pouvoir immense. Le gouverneur, le caïd, le ministre, quiconque détient une parcelle de pouvoir garde les yeux rivés sur cet exemple et s’en inspire dans son comportement quotidien, en bien parfois, mais en mal trop souvent.

Notre région est à la veille de bouleversements majeurs. Le règlement de l’affaire du Sahara marocain est crucial pour le Maroc. Il est, comme chacun sait, lié à la situation en Algérie, qui  bâtit son prestige, sa nuisance et ses relations sur l’exportation du Gaz et du Pétrole. Mais le monde change. La nouvelle administration américaine, en ces temps de crise, déploiera tous les moyens, et le monde suivra, pour se libérer des énergies fossiles et de la nuisance des régimes qui en disposent et qui en vivent exclusivement.

Ceci est un bon point pour le Maroc, qui heureusement ne se trouve pas dans cette catégorie de pays et qui est doté pour emprunter le raccourci. Mais pour renforcer ces positions, il faut aussi des pas significatifs sur la voie de la bonne gouvernance, la vraie, pour la modernisation et le développement de notre société et pour s’assurer une bonne place dans le nouveau monde qui se construit. Un monde qui ne reconnaît que la gloire qui s’acquiert par l’inventivité et l’esprit constructif et non par la bravoure infantile et la nuisance contreproductive (voir ici  le comble du comble).

samedi 20 décembre 2008

Le Maroc et le Monde d'après la crise

Article publié sur la Vie Eco du 18 décembre 2009

Les auditions par le Congres américain des présidents des trois marques majeures de l’industrie automobile (General Motors, Chrysler, Ford) sont porteuses de beaucoup de leçons sur l’avenir. Il ne s’agit rien de moins en effet que d’un nouveau contrat, qui sera précisé davantage lorsque l’Administration Obama sera aux commandes, au terme duquel les subsides de l’Etat seraient liées à l’innovation et à la fabrication par ces compagnies des voitures de demain, plus efficientes et moins dépendantes du pétrole. Pour illustrer cette situation, le mode de transport de ces dirigeants est peut-être anecdotique mais d’une grande symbolique. Aux premières auditions, ils s’étaient rendus en jets privés. Ensuite, ils se sont déplacés dans des voitures hybrides !

Ce n’est plus un secret pour personne, et ce n’est pas l’actuelle crise qui y changera quelque chose : l’économie mondiale doit être transformée ! Fonctionnant essentiellement aux énergies fossiles, rejetant dans l’atmosphère les gaz à effet de serre responsables du réchauffement global et de toutes les conséquences qui en résultent sur la vie humaine, la sortie de la crise ne peut se faire qu’en visant en même temps l’objectif d’une croissance plus clémente avec la planète.

Le monde tourmenté d’aujourd’hui doit se rappeler cette maxime d’Einstein : « On ne peut régler les problèmes avec les moyens qui les ont crées ! ». Une nouvelle économie, basée sur les technologies propres, répondant aux besoins humains de bien-être et de progrès et respectant le milieu naturel, est déjà en train de se cristalliser. Ces technologies, qui ne sont pas seulement le solaire, l’éolien ou les voitures électriques, mais englobent les nano et bio technologies, l’Internet et ses dérivés, les nouveaux bâtiments, et d’autres encore, marqueront les nouvelles frontières entre ceux qui y croient et s’y préparent d’un côté et ceux qui s’y refusent et persistent dans leur attachement aux industries du passé, de l’autre.

Et justement, un signal très fort a été lancé le 19 novembre dernier quand Obama déclarait : « Ma présidence marquera un nouveau chapitre dans le leadership américain sur le changement climatique, qui renforcera notre sécurité et créera des millions de nouveaux emplois ». Le futur proche est donc dessiné. Nous sommes loin du temps où G.W. Bush en mars 2001 annonçait le retrait de son pays de Kyoto pour cause de preuve insuffisante de la gravité du phénomène et d’absence de lien entre l’activité humaine et le réchauffement planétaire.
Dans le même esprit, le 20 novembre, le National Intelligence Council publiait un rapport sur les tendances globales de 2025 dans lequel on pouvait lire : « Les nouvelles technologies pourraient apporter des solutions, telles que des alternatives viables aux combustibles fossiles ou les moyens de surmonter les contraintes de la nourriture et de l'eau. L'incertitude critique est de savoir si les nouvelles technologies seront mises au point et commercialisées à temps pour éviter un ralentissement de la croissance économique en raison des contraintes de ressources. »
Le défi, justement, est de lever cette incertitude…

Le Maroc, un pays qui ne dispose ni de pétrole, ni de gaz, ni de charbon, a tout intérêt à se ranger avec les pays qui montent dans le train de cette nouvelle économie, moins émettrice de carbone. Pour continuer à se développer en sauvegardant ses ressources naturelles, mais également pour contribuer à l’effort global de lutte contre le changement climatique au sein d’une communauté internationale qui le lui reconnaîtra dans la défense de ses causes.

Il est vrai que le marocain subit de plein fouet les effets négatifs du réchauffement global, bien qu’étant très faible émetteur de CO2 dans l’atmosphère : seulement 2 tonnes rejetées en moyenne par an, à comparer avec les 12 tonnes émises par un occidental. Mais la vulnérabilité du Maroc au changement climatique, qui est maintenant reconnue et avérée, est loin d'être seulement une menace. Cette situation est un défi majeur certes, mais un défi porteur d'immenses opportunités.

L’Agence Internationale de l’Energie estime à 45 000 milliards de dollars les investissements qui iront à l’énergie propre d’ici à 2050. Barack Obama engage son pays dans un programme qui prévoit d’investir 150 milliards de dollars avant 2020 dans ce même domaine.

Le Maroc qui a relativement bien réussi à tirer avantage des nouvelles technologies de la communication, et qui pourrait fait encore beaucoup mieux en améliorant son système éducatif, est un pays riche en gisements de soleil et de vent. Pourquoi ne pourrait-il pas tirer une fraction même minime de cette manne financière qui se déploiera dans le monde durant les prochaines décennies ?

Le Groupe Delattre Levivier Maroc donne un exemple parmi d’autres sur les pistes ouvertes par cette nouvelle économie. En se plaçant dans l'éolien avec un investissement de plus de 75 millions de dh dans une usine neuve, qui peut produire 300 mâts d'éolienne par an, cette entreprise produira une capacité proche de celle des grands groupes internationaux du secteur, comme le Danois "Vestas" ou l'Allemand "Enercon".

Mais il n’y a pas que les énergies nouvelles. L’agriculture biologique, la médecine, les nanotechnologies, la réutilisation des eaux usées, le tourisme écologique, le dessalement de l’eau de mer par les énergies renouvelables, la valorisation des déchets, offrent des possibilités indéniables d’investissement et de création d’emplois auxquelles il faut, rapidement, préparer l’environnement légal et former les compétences humaines.

Tous ces domaines nouveaux, créateurs de richesses et protecteurs de l’environnement doivent figurer en tête des priorités de notre gouvernement, de nos universités, de notre patronat et de notre société civile.

jeudi 18 décembre 2008

Démo

Les mots comptent-ils vraiment? Leurs origines, leurs significations qui différent?
Prenons-en un: RESPONSABLE.
Voici la définition qu'en donne le Littré:
"Qui répond, qui est garant de quelque chose ou de quelqu'un. Être responsable envers quelqu'un."
C'est clair! Mais de nos jours, et surtout chez nous, ce n'est plus vraiment cela. Etre responsable, c'est tout simplement être chef. C'est à dire, diriger, commander, avoir un tampon sur un bureau. Quant à répondre: cela dépend quand, avec qui et dans certaines conditions.

Pour être fixé sur le sort de ce mot, d'une langue étrangère, qui, donc, ne nous engage pas beaucoup, voyons son équivalent en langue arabe: MASSAOUL.
La racine de ce mot provient du verbe: SAALA, donc interroger, demander.
La démo est faite: ici, on nous demande. On ne répond pas!

Les mots jouent souvent de mauvais tours, même aux plus grands des auteurs. Prenons par exemple le roman "Désert", du prix Nobel de littérature 2008 JMG Le Clézio. L'histoire de ce roman se passe en grande partie au Maroc, dans les régions du Sud, au début su siècle passé. (A telle enseigne que cela pourrait servir pour renforcer la position marocaine, mais ce n'est pas le sujet). L'auteur relate des épisodes de lutte du Cheikh Maa El Ainine, contre l'occupant étranger et à plusieurs reprises il traduit mot à mot le nom de ce grand personnage ainsi: l'eau des yeux.
En fait le mot Al Ain en arabe ne signifie pas seulement œil, mais aussi source. Et au Sahara, quiconque vous interrogerez sur le sujet vous le confirmera. Mieux encore, lorsque l'on veut railler un des descendants qui ne fait pas honneur à la réputation et droiture de ce grand homme, on dit qu'il s'agit de l'eau des égouts, par opposition à l'eau des sources...
Mais les besoins du roman autorisent bien quelques écarts....

dimanche 14 décembre 2008

L'irrésistible ascension de Hamid Chabat

Vous ne connaissez pas ?

C’est le maire tout puissant de Fès, capitale spirituelle du Maroc, ville impériale douze fois séculaire, berceau de la culture et du raffinement, ville d’origine du nationalisme marocain, de la diplomatie, du savoir vivre, du commerce international, du caftan, des babouches, de la gastronomie, de la modernité et de la tradition, de la musique et de la poésie, du soufisme et de la joie de vivre…

Hamid Chabat est en réalité devenu le patron de Fès, après Moulay Driss. Il est le député de cette ville depuis plusieurs mandats.

Les élections c’est son truc. Il se fait élire comme une lettre à la poste, il est en campagne électorale chaque jour, il chasse les voix de chaque instant.

Il est généreux avec les nécessiteux et ne refuse rien aux riches.

L’intelligentsia, évoquant principes et valeurs, se fâche avec lui ? Il s’en moque éperdument. Ses membres trop peu nombreux, et si hautains, ne votent même pas. Alors qu’ils parlent, qu’ils écrivent dans la presse, qu’ils continuent à discuter dans les salons : il ne s’en préoccupe pas.

Tous les signaux qui lui viennent d’en haut le réconfortent. Il est l’homme de la situation. Il rend un service inestimable au système sécuritaire. Ses méthodes sont plus efficaces que celles des intégristes. Son audace dépasse celle des fanatiques. Son réseau est plus dense que celui des islamistes. Son populisme a fait ses preuves.

Il y a deux ans et demi, Chabat avait réussi à gratter les tentacules de Afilal, leader emblématique, manœuvrier et jusque là indéboulonnable de l’UGTM, syndicat du parti de l’Istiqlal. Il l’avait mis à la porte et fait « élire » un certain Andaloussi à sa place.

Il y a quelques jours, Chabat a remis ça. A l’approche de l’Aid El Adha, il a sacrifié son allié Andaloussi pour amplifier sa main basse sur le syndicat.

Jusqu’où ira Hamid Chabat ? C’est la question que tout Fès se pose, avec admiration chez les uns, nombreux, et avec angoisse chez tous ceux qui ne comptent plus dans le processus démocratique transparent.

Mais chacun sait que Chabat ne s’arrêtera pas là. Ce n’est pas seulement le syndicat qui l’intéresse. Ce n’est pas les intérêts de la ville de Fès qui le motivent.

Chabat veut aller plus loin.

Conquérir le parti ? Non, ce n’est pas son trip. Il préfère être faiseur de dirigeants. Cela lui réussit parfaitement. Lui  il n’a pas besoin du parti. C’est plutôt le parti qui s’accroche à lui, qui ne peut plus rien lui refuser. 

Mais d’où vient Hamid Chabat ? Natif de Taza (sa biographie officielle ne dit pas en quelle année !!!), il ne fait presque pas d’études. Ouvrier dans une usine démantelée, il se distingue dans l’agitation syndicale. De fil en aiguille, il est arrivé au sommet de Fès. Il commence à en avoir le tournis. Il finance un journal local qui organise le culte de sa personnalité, en commençant par lui attribuer de la poésie et lui inventer une ascendance généalogique prestigieuse.

Chabatescu, le Génie du Sébou est né !

Nous en reparlerons certainement à l’occasion du prochain congrès du parti de l’Istiqlal qui aura à trancher la reconduction de Abbès El Fassi, premier ministre, à la tête du parti.

 

mercredi 10 décembre 2008

Sacrés Gendarmes

Un dimanche après-midi, un couple dans une voiture, à la sortie d’une agglomération rurbaine… Inutile d’indiquer le lieu. Cela peut se passer dans n’importe quelle agglomération du pays. Des deux côtés de la rue-avenue-route, la même laideur : on dirait que quelqu’un (surtout pas l’appeler architecte) a réussi à décrocher le prix du bâtiment le plus laid. Il a tellement convaincu qu’on lui a délégué la tâche de meubler toutes nos agglomérations des mêmes façades, des mêmes caisses en briques. Il a réussi. Chapeau ! Les smasria (profession très courante équivalent à l’agent immobilier) appellent cela des sondouk pour usage logement et des Rido pour usage commerce. Comment quelqu’un qui serait parachuté dans ces zones d’urbanisation nouvelles pourrait reconnaître s’il se trouve à Tiznit, Targuist, Taza ou Chemmaaia ?

Enfin bref, passons et revenons à notre couple.

C’est veille de Aid et donc déploiement dense des Agents pour une surveillance accrue pour la sécurité routière. N’importe quel véhicule est donc suspect d’enfreindre le code de la route. Aux chauffeurs de prouver le contraire ou de s’entendre ! C’est veille de Aid et tout le monde sait que la pression augmente.

Justement. Notre couple se fait arrêter par deux gendarmes dont un avait caméra au poing à la sortie de l’agglomération sus-citée sans nom. Papiers. Quoi ? Infraction. Quoi ?  Ecran de caméra : vitesse 70 au lieu de 60. Quoi ? 400 Dh ou permis confisqué. Quoi ? Nom du père. Quoi ?

Quelques longues dizaines de minutes plus tard, le chauffeur a consenti à payer les 400 Dh et a récupéré ses papiers. Pourtant un camionneur de passage avait bien suggéré aux deux parties de s’entendre, mais le chauffeur ne comprenait pas.

Connaissant le pression de la veille de Aid, le couple décide de ne pas bouger la voiture et d’observer avec quel zèle les deux gendarmes allaient poursuivre leur vigilance dans le but d’assurer la sécurité de nos routes.

Résultat, pendant trente minutes : aucune infraction n’a été enregistrée ! Miracle ! Et pourtant des excès de vitesse, il y en a eu. Des taxis en surcharge : il n’y avait que cela. Des camionnettes débordantes et aux pneus lisses, en quantité. Bref de quoi augmenter toutes les statistiques des accidents de la route dans la zone.

A bout de patience, nos deux gendarmes décident d’arrêter une camionnette, montent dedans et demandent au chauffeur, à haute voix, de les amener à un autre endroit…Un endroit où les infractions seraient plus faciles à verbaliser…

Bonne fête à tous! Et attention la route!


dimanche 7 décembre 2008

Impromptu

Le lieu est magnifique et peu fréquenté. Un promontoire qui offre une vue splendide sur la ville et sur toute la baie qui  la borde. Si le temps et le climat le lui permettent, le passant peut apprécier la beauté d’un coucher de soleil imprenable ! Pour les romantiques, rien de plus inspirant pour trouver les mots doux, les phrases charmeuses, sous forme de collages, appris dans les feuilletons télévisés, venus de Turquie ou de Mexique. Pour les échanges sentimentaux, l’origine ne compte pas, puisque, comme disait Deng Hsiao Peng, peu importe la couleur du chat pourvu qu’il attrape la souris. 

Une jeune fille voilée et un jeune garçon non barbu s’y hasardent. Le garçon y est déjà venu une autre fois pour une aventure précédente qui n’avait pas abouti. Mais rien ne le décourage. La jeune fille, quant à elle, est novice. Elle découvre. Tout. La montée avec un garçon et le lieu, merveilleux d’après la description que lui en a faite le garçon récemment rencontré.

Tous les deux, côte à côte, doucement, nonchalamment, grimpent le chemin en pente raide qui mène au lieu magique. Ils ont prévu toute l’après-midi pour faire connaissance, et sans se l’avouer, peut-être un peu plus, si affinités… 

Arrivés au sommet, ils se trouvent un petit espace et s’installent.

La vue est en effet splendide. La jeune fille en a le souffle coupé. Le garçon, lui, reprend son souffle et pense déjà à ne pas commettre les erreurs de la fois précédente.

Au moment où le garçon s’apprête à ouvrir la bouche, pour engager la discussion avec des collages turcs de mots doux, il entend le bruit d’une voiture qui glisse sur l’asphalte avant de s’arrêter. Son attention est entièrement dirigée vers sa compagne, mais il entend quand même la portière de la voiture s’ouvrir et se refermer. Le garçon ne peut s’empêcher de se retourner et la jeune fille de se cacher le visage : de la voiture de police sortait un agent qui n’avait pas l’air de s’intéresser seulement au paysage !

jeudi 4 décembre 2008

NSSP: Et le Maroc?

Précédent: NSSP: Mais en attendant?

Voici un extrait de l'introduction de mon article à paraître sur le sujet: 

"Le Maroc est un pays qui ne dispose ni de pétrole, ni de gaz, ni de charbon, ni d’uranium. Un pays millénaire, qui a suscité toutes les convoitises par sa position stratégique, comme un des deux battants de la porte occidentale de la méditerranée ; un pays lobé dans le coin de l’Afrique, regardant avec envie et admiration vers l’Europe et l’Amérique. Un pays qui se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Pour survivre, il doit se développer. Et pour cela il doit avancer, s’ouvrir, se rendre attractif. Pour y arriver, il puise sans compter dans ses richesses naturelles (hydrique, forestière, halieutique,…), suivant le modèle des pays qui ont fait progresser leurs populations vers la liberté, le bien-être et la stabilité. Mais les temps ont changé. Les nouveaux besoins, la démographie, la compétition au niveau régional et même planétaire, rendent le défi plus difficile. Avec de surcroît un climat qui change, l’avenir ne se fait pas cristallin. Le marocain subit de plein fouet les effets négatifs de ce phénomène, bien qu’étant très faible émetteur de CO2 dans l’atmosphère : seulement 2 tonnes rejetées en moyenne par an, à comparer avec les 12 tonnes d’un occidental ou encore avec les 2 tonnes dont est responsable chaque passager d’un long courrier reliant Europe et Asie."

La vulnérabilté du Maroc n'est plus en doute maintenant. 

Voici les dernières cartes qui donnent des projections alarmantes,

 en baisse des précipitations et en augmentation de la température:



Loin d'être seulement une menace, cette situation est un défi porteur d'opportunités.

Le Maroc qui a relativement bien réussi à tirer avantage des nouvelles technologies de la communication, et qui aurait fait encore beaucoup mieux en améliorant son système éducatif, doit impérativement monter dans le train qui se dirige vers la Nouvelle Société, basée sur une nouvelle économie qui combat le changement climatique et préserve la planète.

L’Agence Internationale de l’Energie estime à 45 000 milliards de dollars les investissements qui iront à l’énergie propre d’ici à 2050. Barack Obama engage son pays dans un programme qui prévoit d’investir 150 milliards de dollars avant 2020 dans ce même domaine.

Le Maroc, riche en gisements de soleil et de vent, ne pourrait pas tirer une fraction même minime de cette manne financière qui se déploiera dans le monde durant les prochaines décennies ?

Mais il n’y a pas que les énergies nouvelles. L’agriculture biologique, la médecine, les nanotechnologies, la réutilisation des eaux usées, le tourisme écologique, le dessalement de l’eau de mer par les énergies renouvelables, la valorisation des déchets, offrent des possibilités indéniables d’investissement et de création d’emplois auxquelles il faut, rapidement, préparer l’environnement légal et former les compétences humaines. 

Tous ces domaines nouveaux, créateurs de richesses et protecteurs de l’environnement doivent figurer en tête des priorités de notre gouvernement, de notre patronat et de notre société civile.

mercredi 3 décembre 2008

NSSP : Mais en attendant ?

Précédent : NSSP : Un marché vert ?

Préparer les mentalités, dresser un cadre juridique, inventer une nouvelle économie, tout cela est excellent. Mais en attendant ?

Que faire pour sauver les populations vulnérables, surtout dans les pays pauvres, des sécheresses récurrentes, des crues dévastatrices, de la montée des océans ? En d’autres termes : comment s’adapter ?

A quelle hauteur les digues, à quelle profondeur les puits ?

Comment donner aux populations les raisons de croire encore en leurs chances sur leurs territoires au lieu de risquer leurs vies à la recherche de l’illusion dans les pays lointains ?

Par quels mécanismes (financiers, technologiques) pourrons-nous transférer les expériences réussies d’adaptation des Pays-Bas au BenglaDesh ou à Tuvalu (menacée de disparition) ?

Personne ne détient de réponse à ces questions urgentes. La Convention des Nations Unies sur le changement climatique n’a accordé à l’adaptation dans ses délibérations que très peu de place en comparaison avec l’atténuation des Gaz à effet de Serre.

Durant la rencontre de Honolulu, des expériences de terrain ont été exposées et discutées.

En voici quelques unes. Samuel Ayonghe, professeur universitaire au Cameroun, décrit les péripéties qui ralentissent la mise en place d’un Observatoire sur le changement climatique destiné à faire prévaloir la prévention. Alicia Villamizar, professeur à l’Université Bolivar du Venezuela, plaide pour la lutte contre la pauvreté comme un impératif dans la lutte contre le changement climatique, en relation avec les Objectifs de Développement du Millénaire de l’ONU. Laurent Lepage, professeur à l’Université du Québec à Montréal, rend compte des succès et obstacles rencontrés lors de la réalisation de projets concrets dans les pays du Sahel. Et bien d’autres expériences encore…

Des milliers d’actions sur le terrain sont à encourager, à multiplier, à dupliquer. La réponse au défi global réside aussi dans l’action locale.

lundi 1 décembre 2008

NSSP: Un marché vert?

Précédent: NSSP: La loi et le droit d'abord!

La loi, le droit, la culture, tout cela est indispensable, nécessaire, mais est-ce suffisant ? L’économie mondiale, fonctionnant essentiellement aux énergies fossiles, rejetant dans l’atmosphère les gaz à effet de serre responsables du réchauffement global et de toutes les conséquences qui en résultent sur la vie humaine, doit être transformée. Certains disent verdie. D’autres parlent de nouvelles technologies propres, qui ne sont pas seulement le solaire, l’éolien ou les voitures électriques. Les nano et bio technologies, l’Internet et ses dérivés, les nouveaux bâtiments, toute une nouvelle économie, répondant aux besoins humains et respectant le milieu naturel, sont à l’ordre du jour des chercheurs et investisseurs. 

Dans ce cadre, John Gutrich, de l’Université du sud de l’Oregon, définit les contours d’une économie écologique. Bill Shireman, CEO de Future 500, qui fait travailler ensemble grands groupes économiques et ONG en partenariat gagnant pour tous, propose la croissance intelligente pour, à la fois, sauver la Planète et résoudre la crise actuelle, la pire depuis 80 ans. Pour lui, continuer à taxer le revenu, le travail et l’épargne, est tout simplement stupide. Dans un monde qui manque de ressources, il est plus intelligent de taxer les choses dont on veut se débarrasser : le carbone, la pollution, les déchets. 

Afin de mieux assurer la transition vers cette nouvelle économie, Marjorie Kelly, écrivain, journaliste, estime que cette économie ne doit pas se baser seulement sur les technologies physiques. Pour elle, une nouvelle architecture sociale est indispensable, afin que l’économie ne serve pas à procurer de la richesse à une élite mais à dispenser le bien-être pour tous. 

La rencontre de Honolulu s’est déroulée durant la transition vers le pouvoir d’Obama aux Etats-Unis. Une période post-campagne pendant laquelle chaque déclaration compte pour un signal envoyé aux citoyens américains mais aussi au reste du monde. 

Justement, un signal très fort a été lancé le 19 novembre quand Obama déclarait : « Ma présidence marquera un nouveau chapitre dans le leadership américain sur le changement climatique, qui renforcera notre sécurité et créera des millions de nouveaux emplois ». Nous sommes loin du temps où G.W. Bush en mars 2001 annonçait le retrait de son pays de Kyoto pour cause de preuve insuffisante de la gravité du phénomène…

Le 20 novembre, autre coïncidence, le National Intelligence Council publiait un rapport sur les tendances globales de 2025 dans lequel on pouvait lire : « Les nouvelles technologies pourraient apporter des solutions, telles que des alternatives viables aux combustibles fossiles ou les moyens de surmonter les contraintes de la nourriture et de l'eau. L'incertitude critique est de savoir si les nouvelles technologies seront mises au point et commercialisées à temps pour éviter un ralentissement de la croissance économique en raison des contraintes de ressources. »

Le défi, justement, est de lever cette incertitude…

A suivre...

NSSP: La loi et le droit d'abord!

Précédent: NSSP: Se réconcilier avec la Terre

L’intervention de David Abram, accompagnée de gestuelle, de respiration démonstrative, fondée sur une grande culture générale, a soulevé l’enthousiasme de tous. Ou presque !

Car cette présentation des choses n’est pas du goût de Laura Westra. L’urgence impose l’action vigoureuse et immédiate. Pendant que l’eau coule du robinet, dit-elle, comment peut-on encore se permettre de se limiter à balayer. Pour cette professeur émérite, la première action à accomplir est d’abord de fermer le robinet. Il faut conduire devant la justice tous ceux qui se rendent responsables, coupables, de la détérioration de la nature et de la vie.

Laura Westra, une vingtaine de livres publiés, un franc-parler qui force le respect, mariée depuis 51 ans et mère d’un enfant né avec malformation au bras, martèle avec passion et non sans coquetterie, que l’environnement, c’est d’abord le droit à la Santé, le droit à ne pas être victime de la voracité du capitalisme. Il faut des lois sévères contre l’incurie, contre ces usines qui produisent les malformations, le cancer, contre l’usage des pesticides, des produits chimiques, pour éviter les Bhopal, Ceveso, Tchernobyl…

Auteure d’un livre à paraître sur les réfugiés écologiques, repoussé par un éditeur hollandais, pour cause de citation de l’exemple des palestiniens, Laura Westra se bat pour que l’on parle moins et qu’on agisse plus vite.

Tout aussi ferme sur la question du sauvetage de notre Planète, Ved Nanda, éminent juriste et professeur de Droit à l’Université de Denver, estime que la protection de l’environnement doit être hissée au rang de la défense des droits humains. Auteur de plusieurs ouvrages et lauréat de plusieurs prix, Ved Nanda, se promène avec aisance et habileté dans l’arsenal juridique international pour y déceler lacunes et marginalisation, surtout à l’encontre des pays les plus vulnérables et en particulier de l’Afrique Subsaharienne. Si depuis plus d’un demi-siècle l’attention s’est portée à juste titre sur les droits de l’Homme à la parole, à la liberté, avec quelques succès, de nos jours, la communauté internationale se doit d’établir le droit de l’Homme à la vie, à l’eau, à l’air non pollué, à la santé. En somme, le droit des générations d’aujourd’hui et de demain à une planète saine et sauve.

A suivre…

dimanche 30 novembre 2008

NSSP: Se réconcilier avec la Terre

Précédent: NSSP

Lors de cette rencontre, le philosophe, le juriste, l'expert, l'entrepreneur, le journaliste, le militant, ont confronté leurs points de vue. Venus de 15 pays différents vers cet archipel du Pacifique, ils ont révélé dans leurs échanges, par leurs divergences et leurs accords, les lacunes qui jalonnent les processus officiels de négociation sur la question du changement climatique.

Pour David Abram, philosophe et écologiste culturel, fondateur de Alliance for Wild Ethics, ancien professeur et auteur de plusieurs publications sur le sujet, se réapproprier l’espace, la terre, est un préalable.

Ne gagnerait-on pas plus facilement les batailles écologiques, pour l’eau, le sol, l’air, si l’on inculquait à tous, la valeur culturelle, spirituelle du milieu naturel qui nous héberge. La communion de l’Homme et de la Terre, délaissée par la civilisation du toujours plus, devrait être le fondement de toute action de sauvetage de la Planète.

Toutes les cultures ont prôné cette communion. Dans la tradition judaïque et musulmane, l’Homme et la Terre ne font qu’un. Indissociables. Pour illustrer cette convergence, rien de mieux que les mots, les expressions qui rappellent les sources, les origines. Dans les langues arabe et hébraïque, le vent et l’âme proviennent de la même racine. Le vent n’est-il pas le semeur de la vie de la Terre, comme l’âme est l’essence de l’être humain ? 


Cette communion est portée par la culture orale, qui semble s’effacer sous la pression, l’envahissement, de la culture de l’écrit et encore davantage par la culture digitale. L’être humain obnubilé par les symboles et les codes, délaisse l’herbe et la pierre…Pour David Abram, la régénérescence (rejuvenation) de la culture orale est un impératif écologique.

Mais cette approche didactique, bucolique, de la transformation vers une Nouvelle Société n’est pas partagée par tous !

A suivre: NSSP: La loi et le droit d'abord! 

vendredi 28 novembre 2008

NSSP

Nouvelle Société pour Sauver la Planète. Pompeux, vantard, prétentieux ? Non, c’est exactement ce qu’il faut. Rien de moins. Les mots sont bien pesés. L’extinction massive est une menace réelle. Si par le passé l’extinction d’une civilisation ne touchait pas à l’ensemble planétaire, et n’empêchait pas l’apparition d’une autre civilisation ailleurs, la globalisation en cours fait peser une menace globale, réelle, sur l’ensemble.

Durant un siècle et demi, le monde occidental a construit un modèle de civilisation qui s’est imposé au monde. Basé sur le marché libre, la croissance et le profit, ce modèle a carburé à l’énergie fossile : charbon, pétrole et gaz, essentiellement. Pour la production, le transport, la consommation, ce modèle est à l’origine des émissions de Gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau tel que le climat de la planète en est déréglé, avec les conséquences négatives que tout le monde connaît. 

Mais les conséquences sur le climat, et donc sur l’économie, ne sont pas les plus graves.

Sur le plan social, l’attraction de ce modèle, accentuée par les moyens de communication de plus en plus performants et accessibles, a produit le consumérisme, l’individualisme, l’uniformité culturelle. Le mode de vie occidental est devenu l’ambition de tous, l’objectif de plusieurs milliards d’individus. 

La réponse au changement climatique, telle qu’elle est confectionnée au sein des Nations Unies, est programmée selon deux directions : l’atténuation des émissions et l’adaptation afin de réduire la vulnérabilité au changement climatique. Cette réponse est nécessaire mais ne peut être suffisante. Une nouvelle éthique est indispensable. 

Réunis par l’Institut Toda à Honolulu, Hawaii, un groupe de personnes venues de 15 pays ont réflechi à la question.

A suivre: NSSP: se réconcilier avec la nature

jeudi 20 novembre 2008

Pas de nouvelles...

Les nouvelles du pays? Toujours souci numéro un! Quelle que soit la distance qui m'en sépare. Et cette phrase, qui revient toujours: Oh! tu sais, rien de spécial. Tu peux t'absenter autant que tu veux, t'éloigner autant que tu peux, ici, il ne se produit jamais rien de bien sensationnel. Je ne sais pas d'où vient ce préjugé, bien ancré dans pas mal de têtes, mais tout de même, la presse est assez libre, Internet est ouvert à tous, il doit bien se rapporter des choses. Cette impression générale qui veut que rien ne se produit est certainement liée à un esprit d'abandon, de laisser-faire, d'indifférence. En réalité, quelles que soient les nouvelles, on n'en attend rien de bien gratifiant, aucune retombée sur l'individu. L'opinion semble penser que ce qui occupe la Une des journaux, même librement, ne la concerne pas. C'est le reflet, encore un, de cette cassure entre le leadership et l'opinion, avec la rue, comme disent les orientaux.

L'adage le plus approprié, qui permet de règler tout cela, est bien : pas de nouvelles, bonnes nouvelles. C'est absurde, mas c'est comme cela.

En tout cas à plus de 10000 km du pays, les nouvelles sont plutôt rares. Après une promenade rapide sur Internet, deux informations ont retenu mon attention. Radi qui, semble-t-il, (personne n'est capable de dire avec certitude ce qu'il en est: tradition oblige), a démissionné de son poste ministériel. Si cela se confirme, ce serait une première qui démentirait pas mal de préjugés. J'y reviendrai.

La deuxième information nous vient de la Chambre des Députés qui finit de discuter la loi de finances 2009, avec cet amendement Alcool, déposé par les silamistes du PJD. Une taxe dont le revenu irait améliorer le budget de la Santé. Qui peut être contre? Mais qui peut dire qu'il ignore l'objet réel de cette idée? Personne! A quoi s'intéressent les islamistes du PJD: à la santé de la population, à la distillation des idées d'exclusion et d'enfermement, ou aux voix des électeurs ? Un peu de tout cela, sans doute.

Les deux informations sont liées. L'USFP, sa bonne santé, et donc la disponibilité et l'audace de son leadership, manquent beaucoup sur notre scène politique!

samedi 15 novembre 2008

Barcelone, une capitale, un leadership

Oui, déjà capitale de l'autonomie catalane, cette ville est maintenant capitale de la méditerranée. Incontestablement. Le processus qui y a été lancé en 1995 pour le progrès et la prospérité dans la zone méditerranéenne n'a pas apporté tous les résultats attendus. Tout le monde peut en convenir. Mais avec l'Union pour la Méditerranée, un rattrapage est possible.


Cette ville ouverte, cosmopolite, reine de l'architecture urbaine, tournée vers la rive sud de Mare Nostrum, terre de naissance de tant d'artistes, n'a pas de concurrente pour abriter l'institution sensée piloter l'UpM.

Le 13 novembre un Forum y a été organisé par la Chambre de Commerce et l'Institut européen de la Méditerranée. Parmi tant d'autres, deux invités de marque ont démontré comment le leadership éclairé, visionnaire, porté par des équipes et des idées peut mener à des réalisations fantastiques et durables. De tendances politiques opposées, s'étant très souvent combattus dans l'arène politique, Jordi Pujol et Pasqual Maragall, chacun à sa manière, chacun à partir de ses responsabiltés et convictions, ont construit ensemble, de manière complémentaire, une ville dynamique, créatrice de richesse et d'opportunités, aujourd'hui hissée au top ten des villes
 européennes dans tous les domaines.

Tous les deux, ils ont quitté le pouvoir au bon moment.

La tête haute, le travail accompli, ils se consacrent désormais au marketing de leur ville, de leur région. Ils en ont la légitimité, la crédibilité. Partout où ils passent, ils n'inspirent que respect et estime.

samedi 8 novembre 2008

Le Congrès de ce qui rate!

Le sursaut n'aura pas eu lieu! C'est triste. La chute de l'USFP entamée dès les élections de septembre 2007 se poursuit. A Skhirat, un nouveau premier secrétaire a été "choisi" pour diriger ce parti. Un homme âgé, usé, fatigué, incapable de se mouvoir, comment peut-il émouvoir? Il ne connaît rien du pays, il a toujours préféré l'air conditionné des bureaux de la capitale et le confort des voyages nombreux à l'étranger. Depuis qu'il a verrouillé une circonscription électorale à sa mesure, il a su manoeuvrer à droite et à gauche, avec le haut et le bas pour se maintenir, passer entre les gouttes, sans trop se mouiller... Personne ne lui connaît de projet, d'idées, de déclaration sur le fond des choses...

C'est triste, cette chute que personne n'a réussi à freiner, que d'aucuns attribueraient à des mains invisibles... Mais en réalité le ver est dans le fruit. Gandhi disait: "be the change you want", le Coran aussi prédit qu'aucun changement collectif n'est possible en l'absence du changement individuel.

Dans les couloirs de Skhirat circulait l'anecdote: l'USFP c'est l'US à l'envers. Obama a 47 ans, Radi en a 74!

vendredi 7 novembre 2008

Bon sens

Voici un communiqué de la MAP diffusé ce soir:

"Marrakech, 07/11/08- SM le Roi Mohammed VI, que Dieu L'assiste, a présidé, vendredi au Palais royal de Marrakech, une séance de travail consacrée à l'examen des mesures prises par le Gouvernement conformément aux Hautes orientations royales contenues dans l'important Discours que le Souverain, que Dieu Le préserve, a prononcé le 30 juillet 2008 à l'occasion de la glorieuse Fête du Trône et relatives à la mise en place d'une stratégie bien définie pour relever le défi de la gestion de la demande croissante en eau et de la succession des perturbations climatiques, indique un communiqué du Cabinet royal."

Dans ce Blog, l'attention a déjà  été attirée sur les dysfonctionnements et l'incompétence qui règnent dans ce secteur vital pour l'avenir du pays.

Ce communiqué montre qu'il y a une volonté réelle de s'attaquer au problème. Mais une question essentielle se pose: Quelles équipes prendront en charge ce changement? Ceux qui ont déjà programmé le budget de 2009 avec cinq nouveaux barrages (plus de 2 milliards de Dh), dont trois dans la région la plus sèche du pays, sont-ils habilités à mener une autre politique en mesure de " relever le défi de la gestion de la demande croissante en eau et de la succession des perturbations climatiques"? Car qui dit gestion de la demande dit économie et meilleure gestion des ressources disponibles. Faut-il alors revoir le budget afin d'allouer plus d'argent à la mise en place de stations d'épuration des eaux usées pour leur réutilisation? Et que faire de ceux qui se sont toujours opposés à cette politique et ont toujours prétendu qu'il n'y a qu'une seule politique qui vaille: celle des barrages? Ceux-là mêmes qui savent parfaitement que l'Espagne voisine est confrontée au même phénomne de pénurie d'eau que notre pays malgré ses nombreux barrages. Devinez combien? Plus de mille barrages!!!

Si le bon sens l'emporte et si le sens de l'intérêt général prime, les réponses à ces questions ne devraient pas tarder à aller dans la bonne direction. Car chacun sait que dans les changements, on passe lentement de l'inconcevable à l'inévitable. Mais on passe quand même.

mercredi 5 novembre 2008

Jour de fête à Kisumu

Cette localité Kenyane, troisième ville du pays, fief d'opposants au régime actuel, est parmi celles qui connaissent et apprécient le mieux la victoire de Barrack Obama dans la course à la Maison Blanche. Une légende locale veut qu'un de ses fils deviendra président des Etats-Unis avant que cela se produise au Kénya.

C'est fait. L'actuel président du Kenya, bon joueur, a décrété ce mercredi 5 novembre jour férié dans tout le pays.

Très loin de Kisumu, devant plus de 200 000 personnes à Chicago, et des dizaines de millions de téléspectateurs dans le monde, quelques minutes après l'annonce de sa victoire, Obama parla ainsi :

"Ce soir, nous avons prouvé une fois de plus que la véritable force de notre nation ne vient pas de la puissance de nos armes ou l'ampleur de notre richesse, mais du pouvoir durable de nos idéaux: la démocratie, la libert, d'opportunité et d'espoir inébranlable."



mardi 4 novembre 2008

La finalité de la démocratie

Ce billet n'est pas à classer dans la rubrique humour. Le sujet, contrairement à ce que l'on peut croire, est tout à fait sérieux. Il s'agit tout de même de pouvoir, de destin d'un peuple. On ne rigole pas avec cela. Et puis ce qui se passe dans le pays voisin nous intéresse à plus d'un titre. Tout le monde se souvient du fameux caillou. Vous savez, cette déclaration d'un président défunt qui prédisait  que l'affaire du Sahara serait (et oeuvrait de sorte qu'elle soit) le cailloux dans la chaussure du Maroc. Et il n'a pas tort, ... jusqu'à présent. Qui peut marcher confortablement avec un caillou dans la chaussure?

Revenons à l'actualité. Le journal El Moudjahid, connu pour être le porte parole du progressisme et de la défense des causes des peuples, publie aujourd'hui un article sur la réunion du Conseil des ministres algériens tenu hier. 

Voici quelques extraits:

"Durant cette réunion (du 3 novembre 2008), le Conseil des ministre a examiné et approuvé le projet de loi portant révision de la Constitution.
Le projet de révision constitutionnelle initié par le Chef de l’Etat, conformément aux pouvoirs que lui confèrent la Constitution et aux procédures définies par celle-ci, s’articule en cinq volets.

En premier lieu : il s’agit de la protection des symboles de la glorieuse Révolution de Novembre, qui sont les symboles de la République Algérienne Démocratique et Populaire.

En second lieu : il s’agit de la promotion de l’écriture et de l’enseignement de l’histoire.

En troisième lieu : il s’agit de la promotion des droits politiques de la femme.
En cinquième lieu : il s’agit de réorganiser, préciser et clarifier les rapports entre les constituants du pouvoir exécutif sans pour autant toucher aux équilibres des pouvoirs."

Donc pour résumer, dans le pays voisin, il se prépare une révision constitutionnelle qui va se pencher sur les symboles de la Révolution, l'Histoire, la Femme et la réorganisation des pouvoirs.

Vaste chantier. Rien à dire. Il y a la Révolution qui mobilise le peuple, le passé qui éclaire l'avenir, la femme qui reprend ses droits et le pouvoir qui s'organise pour mieux gérer les affaires du peuple. Un document de grande valeur moderniste et démocratique. 

Mais il manque quelque chose. Comme vous l'avez constaté, le quatrième volet sur les cinq annoncés, a été délibérément omis par l’auteur de ce blog.

Revenons donc à l'article: "En quatrième lieu : il s’agit de consacrer pleinement le droit souverain du peuple à choisir librement ses dirigeants." Fondamental! Là encore, rien à dire. C’est vrai que les symboles, l’histoire, la femme et le reste ne règlent pas l’affaire du leadership.

Mais l’ambiguïté est vite levée. Le journal explique: "Tout système démocratique dans le monde consacre le peuple comme seul détenteur de la souveraineté qu’il exerce par le biais des institutions qu’il se donne. Tout système démocratique reconnaît également au peuple seul, le droit de choisir ses dirigeants par la voie des élections pluralistes, libres et transparentes.

La véritable alternance au pouvoir émane dont du libre choix du peuple lui-même lorsqu’il est consulté en toute démocratie et en toute transparence, à travers des élections libres et pluralistes.
Tel est donc le sens et la portée de cet amendement à l’article 74 de la Constitution, dont le but est de redonner à la souveraineté populaire sa pleine et libre expression."

C'est la démocratie dans son expression la plus limpide. Le peuple, souverain, confie le pouvoir à ses dirigeants. Tout cela est parfait. La démocratie occidentale a désormais une concurrente de taille.

Mais dans cet article d’EL Moudjahid qui fait plusieurs pages, une malencontreuse phrase fait désordre et suscite la curiosité. « L’amendement proposé à l’article 74 maintient que la durée du mandat présidentiel est de cinq ans et dispose que le Président de la République est rééligible. » Par cet amendement donc, la limitation des mandats à deux seulement a sauté !

Mais pourquoi donc ? Lisons ce que dit l’actuel président : « La nation est témoin que je n'ai cessé, depuis 1999, de proclamer mes convictions quant à la nécessité de proposer au peuple directement, par la voie du référendum, une révision profonde de la Constitution pour l'adapter à l’évolution de notre pays et surtout à la réalité de ses défis contemporains. Cette conviction demeure toujours la mienne »

Et de conclure : « J’espère donc que dans la pluralité légitime des choix et des visions politiques de chacun, l’ensemble des Algériens et des Algériennes saisiront la finalité réelle et les enjeux véritables de cette révision constitutionnelle partielle que je soumettrai au Parlement, après avis motivé du Conseil constitutionnel ».

Et vous, vous avez saisi la finalité réelle ?

jeudi 30 octobre 2008

C'est cité!

La crise financière qui sévit actuellement pose plusieurs questions, sur différents niveaux et divers aspects. Le G20 (ce groupe de pays qui représente la quasi totalité du PIB mondial) va se réunir aux Etats-Unis pour examiner les solutions que la communauté internationale compte apporter au système économique mondial. Certains parlent de "refonder le capitalisme", d'autres de "plan de nouvelle gouvernance mondiale" Une réhabilitation de la pensée marxiste est même sugérée... En somme, il s'agit de guérir un malade dont la maladie a pris de court tout le monde.

Ce qui est frappant, par conséquent, pour un néophyte comme l'auteur de ce blog, c'est la cécité qui caractérise les dirigeants et politiques de ce monde. A une époque où le système d'information est le plus performant de tous les temps, où les outils d'observation et de communication sont à un niveau jamais atteint, où les études, les analyses et les prévisions sont disponibles à toutes les échelles, comment se fait-il que rien de ce qui se passe n'ait été entrevu, envisagé, préparé?

Un début de réponse est donné par cet économiste, John Kenneth Galbraith, décédé il y a quelques mois, dans un livre intitulé "Economie hétérodoxe", Seuil, 2007. Le journal "Le Monde" reprend les derniers passages de ce livre dans son édition du 19 ocotbre dont voici le dernier paragraphe:
"En concluant un essai comme celui-ci, nul ne peut espérer échapper à deux questions : quand viendra le prochain grand épisode spéculatif ? et sur quoi portera-t-il - l'immobilier, les titres, les objets d'art, les voitures de collection ? Eh bien, il n'y a pas de réponse. Personne n'en sait rien, et celui qui prétend savoir ne sait pas qu'il ne sait pas. Mais une chose est certaine : il y aura un autre épisode, et d'autres encore après lui. Oui, comme on le dit de longue date, les imbéciles sont tôt ou tard séparés de leur argent. Le sont aussi, hélas, ceux qui, répondant à un climat général d'optimisme, se laissent prendre au sentiment de leur propre flair financier. Il en est ainsi depuis des siècles. Et il en sera ainsi pour longtemps."


dimanche 26 octobre 2008

Deux heures de marche dans Rabat

Quitter l'Avenue (Boulevard?) Fal Oul Oumeir, artère principale du quartier d'Agdal, ses magasins de luxe, de franchises, ses rues encombrées de voitures, sa circulation impossible... Comment ne pas s'interroger sur le retard pris dans l'organisation du stationnement dans ce quartier, où l'anarchie et les risques nés de la gratuité portent plus de tort que le paiement raisonnable du parking...Passer devant le nouveau siège de l'Université, flambant neuf, anticipant sur la prospérité encore hypothètique de l'université marocaine... Pénétrer dans le petit jardin derrière la Cité Universitaire, admirer la verdure née des dernières pluies, s'étonner de voir que d'anciens partenaires de tennis continuent de pratiquer et s'interroger: le temps ne se mesure-t-il pas de la même manière pour tous? Déboucher sur l'Avenue Addoustour, nouvellement baptisée Imam Malik, depuis que celle qui portait ce nom est devenue avenue Mohamed VI.

Longer les remparts du Palais Royal, jeter un coup d'oeil à l'intérieur par les portes, sans entrer, puisque l'accès est interdit depuis les attentats de mai 2003. Traverser prudemment (aucune signalisation pour piétons) devant la Porte des Zaers et admirer le Chellah. Une merveille isolée au flanc de la colline au bord du Bouregreg. S'étonner devant le nombre de cars de touristes dans le parking. N'ont-ils pas été informés de la crise et de la chute des indices Nikkei et Nasdaq?
Passer devant le bâtiment des Affaires Etrangères, se souvenir que sa plus belle salle porte le nom de celui qui a été le premier ministre des affaires étrangères à l'indépendance. Sur la gauche le bunker, depuis les attentats, sur la droite la rivière qui continue sa course vers l'océan au milieu des travaux gigantesques dont tout le monde espère le succès sans ignorer les risques.
Traverser encore plus prudemment le carrefour et se diriger vers Hassan. La rivière est toujours à droite, mais à gauche se dressent le mausolée Mohamed V, puis la tour, impériale,  majestueuse...Flaner dans le parc rénové à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance avant d'emprunter les marches qui descendent vers les berges de la rivière, si soigneusement aménagées. Marcher le long du Bouregreg, sans faire attention au bruit des pelleteuses et en regardant en face la Kasbah des Oudaya (Ouday en amazigh signifie juif) point de chute des réfugiés andalous musulmans du 15ème siècle.
Traverser l'avenue pour pénétrer dans la médina, rue des consuls, en admirant les objets d'artisanat sans cesse améliorés. Une boisson fraiche après une heure passée de marche? Pas moyen, le matin, les réfrigérateurs ne fonctionnenet pas encore...Passons.
Un petit détour par Laalou puis Chouhada. Se recueillir quelques instants en pensant à toutes les choses qu'on aurait pu encore se dire...
Entamer le retour en passant devant la mosquée Obera, oeuvre discrète des Andalous chassés d'Espagne en 1609 et rénovée depuis; puis prendre l'avenue Legza- Mohamed V en ligne droite. Se souvenir de l'état de décrépitude dans lequel se trouvait cette partie de la ville et se réjouir des aménagements piétonniers tout en regrettant les détritus et le désordre dans l'affectation des magasins.
Passer sous les arcades de ce qui a été pendant de nombreuses années la principale avenue de la capitale, réaménagée depuis quelques temps, mais déjà des signes de fatigue se font jour. Les beaux bâtiments, la Poste, la Banque, la Gare en rénovation, au loin à gauche l'imposante cathédrale, en face la Mosquée Assounna...
Les deux heures se sont écoulées. Après l'effort : la Pause Gourmet. Une crêperie, située juste en face de l'hôtel Terminus, qui fait des crêpes authentiques à des prix raisonnables et dans un cadre tranquille et convivial.

Mortada, Erraji, Belassal…

Un facebooker, un blogger, un tagger, tous trois jeunes et peut-être insuffisamment mûrs, mais trompés lourdement par les apparences. Les facilités d’expression et de communication offertes par les nouvelles technologies ne permettent pas aux jeunes d’aujourd’hui de mesurer les marges de liberté à leur juste de mesure.

Pris dans le piège, nos jeunes rêveurs sont aussi victimes du décalage entre la culture contemporaine et celle de ceux qui les attrapent et les jugent.

La blogosphère marocaine se remobilise une nouvelle fois. Que d’articles, que de groupes de soutien, que d’actes de solidarité… Jusqu’à ce que, peut-être, une fois de plus, les autorités supérieures, censées être défendues par ceux qui jugent et emprisonnent, fassent le geste de la grâce et de la remise des pendules à l’heure… Mais jusqu’à quand ?

En attendant, et pendant ce temps-là, les catégories sociales les plus défavorisées souffrent chaque jour de l’injustice réelle (allez voir qui remplit nos tribunaux), de l’inéquité qui touche les biens, les ressources, la vie quotidienne…Sans qu’aucune réforme, pourtant maintes fois annoncée, ne vienne arrêter les dégâts. 

En attendant la réforme de la justice, ceux qui ne respectent pas les engagements pris devant le roi, qui n’appliquent pas les discours du roi, qui dilapident l’argent public dans l’opacité, et qui donc nuisent de manière autrement plus grave au roi et à la nation, continuent d’agir à leur guise en toute impunité…

La blogosphère marocaine (et les autres médias d'ailleurs) ferait bien d’élargir son spectre et de mobiliser aussi sur les sujets qui touchent la racine du mal et pas seulement sur ses symptômes…

jeudi 23 octobre 2008

A propos du budget de l'eau pour 2009

Publié sur "La Vie Eco" du 31 10 08

Le ministre des finances a présenté ce mercredi devant la Chambre des Députés le projet de loi de finances pour l’année 2009. Comme chacun sait, cet événement est fondamental dans tout pays qui se veut démocratique, avec tout ce que cela signifie comme valeurs de transparence, de dialogue et de responsabilité. L’allocation des ressources budgétaires nationales est, sur le plan de la forme comme du fonds, l’exercice politique le plus révélateur des orientations que prend un gouvernement et de l’intérêt qu’il accorde aux institutions. 

Au sujet de la question de l’eau, vitale pour le Maroc, comme tout le monde sait, même sous le climat pluvieux que nous connaissons en cette période, l’introduction de la note de présentation du ministère des finances, annonce que (p.16) : « la stratégie nationale dans le secteur de l’eau qui constitue une ressource rare et mal répartie géographiquement face à une demande croissante poursuit plusieurs objectifs… »

On croit donc que le gouvernement s’est doté d’une stratégie qui s’est déclinée en actions et mesures que nous retrouverions dans cette loi de finances.

Non, ce n’est pas si simple, puisque, quelques lignes plus loin, on apprend que (p.17) : « une actualisation de la politique de l’eau est en cours de mise au point à la lumière des conclusions de l’étude financée par le Fonds Hassan II pour le Développement Economique et Social dans le cadre de la Convention signée le 8 Novembre 2007 sous la Présidence de Sa Majesté le Roi en vue d’une gestion plus rationnelle de la demande, de l’accroissement de la production et d’une plus grande prise en compte des facteurs environnementaux. » 

Donc nous devrions attendre les conclusions d’une étude qui éclairera une actualisation de la politique de l’eau, dont le premier objectif cité est la gestion rationnelle de la demande. 

Mais en attendant cette stratégie, peut-être qu’il y a un Plan National qui pourrait guider les responsables qui identifient les projets à financer et déterminent les budgets ? 

Malheureusement non, puisque  le document de présentation du projet de loi de finances 2009 rappelle que (p.125) : « Ledit plan est actuellement finalisé et sera soumis, pour approbation, à la prochaine session du Conseil Supérieur de l’Eau et du Climat » ! 

Par conséquent, puisqu’il n’y a pas de stratégie, ni de Plan national, que fait-on pour définir le budget pour le secteur de l’eau ? 

La réponse est donnée dans cette même note de présentation (p.17). Toutes les interrogations sont balayées et l’on apprend que : « les objectifs concrets de la politique de l’eau consistent principalement à assurer la mobilisation des ressources disponibles par la poursuite des programmes de construction des barrages ». 

Voilà les choses sont maintenant plus claires. Bien sûr il y a d’autres objectifs, comme celui qui figurait en priorité de l’étude en préparation, mais ce qui retient l’attention c’est surtout la construction des barrages, dont la liste est donnée avec précision (p.127) :

-        Le barrage Sidi Abdellah dans la province de Taroudant d’un coût de 440 MDH,

-        Le barrage Hilala dans la province de Chtouka Ait Baha coût estimé à 230 MDH ;

-        Le barrage Guenfouda dans la Wilaya d’Oujda, d’un coût évalué à 200 MDH,

-        Le barrage Tiouine dans la province d’Ourzazate dont le coût s’élève à 550 MDH ;

-        Le barrage Dar Khrofa dans la province de Larache dont le coût est évalué à 715 MDH.

Mais alors puisque la stratégie n’est pas encore prête et que le Plan National est en cours de préparation, on peut tout de même se poser des questions qui ont prévalu au moment de l'allocation de plus de 2 milliards de Dh du budget national, du genre :

Comment ont été choisis les sites pour abriter ces barrages ?

Quelles concertations et avec quels partenaires ont eu lieu avant cette sélection ?

Pourquoi cinq barrages et pas un seul, ou même dix ?

Les autres ministères ont-ils été associés pour qu'ils prévoient les aménagements et investissements nécessaires à l'atteinte des objectifs (notamment l'irrigation) assignés aux barrages?

Des études d'impact sur l'environnement ont-elles été réalisées?

En fait, les réponses à ces questions et à d’autres plus fondamentales devaient figurer dans la stratégie que le Département en charge de l’eau s’est engagé devant le roi à présenter dans un délai de quelques mois, il y a maintenant presque une année.

En effet, le 8 novembre 2007, une dépêche de la MAP nous apprenait que : « SM le Roi Mohammed VI a présidé, mercredi au Palais Royal de Casablanca, la cérémonie de signature d'une convention relative au financement par le Fonds Hassan II pour le Développement économique et social d'un programme d'appui aux réformes structurelles dans les secteurs de l'agriculture, l'éducation nationale et l'enseignement supérieur, l'eau, l'énergie et la formation professionnelle. »

La même dépêche donnait des précisions sur les montants alloués à chaque secteur : « Aux termes de cette convention, le Fonds Hassan II s'engage à consacrer une enveloppe globale de 100 millions de DH pour financer l'élaboration de plans d'action opérationnels par les départements ministériels en charge des secteurs suivants : l'agriculture (25 millions de DH), l'éducation nationale et l'enseignement supérieur (25 millions de DH), de l'énergie (20 millions de DH), l'eau (20 millions de DH) et la formation professionnelle (10 millions de DH). »

L’objectif assigné, en particulier dans le secteur de l’eau, était clairement indiqué : « ce programme d'appui permettra l'élaboration d'un plan stratégique pour la réforme des secteurs vitaux de l'énergie et de l'eau, à travers le développement des ressources alternatives, la gestion rationnelle de la demande, l'augmentation de la production et une meilleure prise en compte des facteurs environnementaux. »

Conformément à cet engagement, forts de l’appui royal et du soutien financier dégagé par le Fonds Hassan II, les différents ministères se sont mis au travail. Et c’est ainsi que le « Plan Maroc Vert » a été présenté le 25 avril 2008 à Meknès, que la « première phase de l'étude stratégique du secteur énergétique, composante électrique » a été présentée le 16 avril 2008 à Rabat, que le « plan d’urgence dans le domaine de la formation professionnelle » a été présenté à Nador le 14 Juillet 2008 et que le « programme d’urgence de l’éducation nationale 2009-2012 » a été présenté le 12 septembre 2008 à Rabat. 

Mais où est donc passé le volet Eau et sa « réforme structurelle », selon les termes utilisés dans la Convention signée devant le Roi en novembre 2007 ? 

Comment expliquer ce retard ? 

En réalité, ce manquement à un engagement solennel et dans un domaine aussi important pour le pays n’est pas la première défaillance institutionnelle que connaît ce secteur.

En juin 2001, le Roi s’adressait au Conseil Supérieur de l’Eau et du Climat, réuni à Agadir, en ces termes : « Nous invitons Notre gouvernement à diligenter les mesures nécessaires pour la mise en œuvre intégrale des dispositions de cette loi et à mettre au point une méthodologie de travail rigoureuse qui permette à votre Conseil d’affirmer en permanence sa présence pour tout ce qui concerne la politique de l’eau. Notre volonté, en effet, est que ce Conseil soit l’espace idoine pour discuter et débattre de cette politique. » 

Et le Roi d’expliquer cette nécessité de débat : « La problématique de la gestion de l’eau est si complexe et a de telles ramifications qu’elle ne peut se prêter à un traitement purement technique, pas plus qu’elle ne peut être évacuée moyennant de simples aménagements partiels ou ponctuels. » 

Mais, le Roi ne se limite pas à la forme. Il va plus loin et précise ce qui est attendu des parties prenantes : « Partant, Nous attendons de vous que vous donniez une illustration concrète de cette démarche au cours de votre prochain conseil, et plus précisément lors de l’examen du projet de Plan national de développement des ressources en eau, qui est en cours d’élaboration. Notre vœu, en effet, est que ce plan fixe une stratégie nationale propre à assurer le développement des ressources hydrauliques à l’horizon 2030 et permette de prendre la décision politique idoine sur la base d’une répartition rationnelle de cette richesse, écartant les risques de contentieux de monopole et de gaspillage. » 

En 2001, il était déjà question de Plan national en cours d’élaboration. Plus de sept années plus tard, la note de présentation du budget de 2009 évoque ce Plan dans les mêmes termes ! 

En 2001, il était question de réunir régulièrement le Conseil Supérieur de l’Eau et du Climat. Il ne s’est jamais réuni depuis cette date ! 

Evidemment l’actuel gouvernement n’est pas seul responsable de cette panne institutionnelle. Puisqu’il n’est là que depuis octobre 2007. 

Mais les gouvernements Youssoufi et Jettou, s’ils n’ont pas réuni le Conseil (à part en 2001), et s’ils n'ont pas accéléré l’élaboration du fameux Plan National, ils avaient tout de même institué un Comité interministériel de l’eau qui a traité de divers aspects de la question de l’eau de manière intégrée et conforme aux instruction royales. 

Ce Comité interministériel ne s’est jamais réuni depuis la mise en place de l’actuel gouvernement. 

Alors la question est incontournable : comment, où et par qui se décide la politique de l’eau au Maroc ? 

dimanche 19 octobre 2008

Tioute


Un dimanche d'octobre, sans soleil, par un temps ni froid ni chaud. Promenade tranquille dans le Maroc profond, en compagnie d'amis venus du Canada, de France et même de Salé. A seulement une heure de route d'Agadir, loin des tumultes urbains: l'air pur, les bonnes clémentines, les délicieux légumes, le Tagine et le couscous authentiques, le véritable thé à la menthe...

Petit village enraciné dans son oasis, sa belle palmeraie, qui survit à la désertification grâce à une source jusqu'ici intarissable. Pays d'origine d'un grand homme que j'ai le privilège de côtoyer.

Des menaces la guettent bien sûr, depuis que Tioute figure sur tous les guides touristiques. Ses besoins sont connus pour faire face à la menace. Une station d'épuration des eaux usées, par exemple, pour protéger les ressources en eau et, pourquoi pas, réutiliser ces eaux épurées, transformerait Tioute et toute la région. Les études existent. La mise en oeuvre dépendra de la mobilisation de tous ceux qui aiment, apprécient ce village séculaire et souhaitent la sauvegarde de sa palmeraie.

Citée par D. Jacques-Meunié, dans son livre fondamental "Le Maroc Saharien du XVIème Siècle à 1670", Librairie Klinckscieck, 1982, parmi les villes importantes du Souss aux XVIe et XVIIe siècles, p746:
"Tioute a plus de quatre mille feux (vingt mille habitants) et les gens y sont riches à cause de l'abondance de froment, d'orge et de légumes que produit la contrée; elle a aussi de grands plants de canne à sucre et de nombreux moulins. Les marchands accourent à Tioute de toutes parts: de Fès, de Marrakech et du Soudan, parce que le sucre y est très fin depuis qu'un juif renégat y a dressé des moulins à sucre avec l'aide des captifs chrétiens que le Chérif avait faits à Agadir (1541)."

Aujourd'hui pas de trace de canne à sucre, plus de moulins et beaucoup moins de feux. Ce sont les activités liées à l'Arganier qui s'y développent, en relation avec le tourisme, pour relancer peut-être une bourgade qui s'est laissée aller à la paresse, comme tant d'autres dans le pays.

Il y a trois ans, un journaliste du New York Times passait par là. Il a écrit un article qui, au-delà des erreurs qu'il comporta (rattrapées par la rédaction), indique bien la tendance et fait tout de même connaître la région à un public large et averti.

jeudi 16 octobre 2008

Triste PAM

J'ai regardé mardi soir sur notre télé nationale, numéro un dans le PAM, Paysage Audiovisuel Marocain, l'émission Hiwar consacrée au Secrétaire Général du PAM (Parti Assala oua Mouassara).

J'ai fait un effort bien sûr pour supporter l'épreuve. D'abord, l'ambiance sur le plateau. Ces applaudissements, ces têtes venues de tous horizons, qui se permettent sourires et apartés, qui se bougent dans tous les sens pour rester dans le champ de la caméra. On se demande pourquoi ce rassemblement. Est-ce pour soutenir la vedette du soir, par curiosité ou par devoir?

Comment par exemple le ministre des finances, en pleine période de présentation et d'affinement de la loi de finances, en pleine bourrasque financière mondiale, se permet-il une inactivité visible pendant tant d'heures, loin de ses bureaux et de ses dossiers? Cette situation est-elle imaginable dans d’autres pays ?

Ensuite, comment ignorer ce présentateur qui, malgré ses revirements, ne m'inspire aucune confiance, et qui continue à me rappeler tellement de mauvais  souvenirs. Et ces journalistes et cet expert qui ne viennent pas pour poser des questions mais pour passer des positions, et se montrer.

J'ai supporté tout cela, et le retard sur l'horaire prévu, sans excuse ni justification, pour écouter et voir le leader de ce nouveau parti PAM (le Parti de l’Authenticité et de la Modernité), censé apporter la crédibilité et le sérieux dans notre paysage politique.

Je suis de ceux qui pensent que tout citoyen a le droit de fonder son parti, même un ami du roi. Je ne suis pas de ceux qui jettent l’anathème sur l’initiative prise par les membres de ce nouveau parti. Je voulais juste en savoir plus sur ce parti. Je voulais juste quelques débuts de réponses. Réhabiliter le politique, d’accord, mais comment ? Diffuser les valeurs de citoyenneté, excellent, mais comment ? Mobiliser toutes les énergies, très bien, mais comment ? Améliorer la gouvernance locale, soit, mais avec qui ? Ecarter la religion de la politique, formidable, mais par quels moyens ? 

Au lieu de réponses même embryonnaires à ces interrogations pressantes, urgentes, incontournables, le téléspectateur n’a eu droit qu’à un discours identique à celui que tiendrait n’importe quel autre politicien marocain de notre champ politique dévasté. 

Le téléspectateur assoiffé de réponses concrètes a eu droit à un dirigeant qui ne trouve ses références que dans le passé, un vieux syndicaliste sans réalisations, un ancien gauchiste sans performances notables. Cet ancien censeur de Allal el Fassi et admirateur de Mahjoub Ben Seddik, lui-même recordman mondial de leadership « syndical », n’a pas pu trouver les mots pour parler d’avenir, ni d’ailleurs sur le présent, pourtant questionné par les crises et les conflits. 

Ses messages bien appris, ses entourloupes marrakchies bien assumées, au lieu d’apporter des réponses, M. Benaddi est venu, en mission, à la télé, confirmer les soupçons d’inutilité de ce mouvement, de ce parti qui n’ajoute rien. Un parti qui accepte le nomadisme au Parlement (voir ici chronique de ALM, pour rire), qui accepte de faire avec le personnel politique hérité du passé, qui marie la carpe et le lapin… 

Franchement avec le PAM, il n’y a pas de quoi se pâmer ! Le PAMB a encore de beaux jours devant lui !

lundi 13 octobre 2008

Merci qui? Gordon, bien sûr!

Soulagement...Les mines des responsables financiers retrouvent leur expression des grands jours.

L’Etat est arrivé, apportant ses garanties, les marchés se redressent et les bourses redécollent.

Mais qui a donc trouvé la parade ? Certainement pas l’administration Bush qui avec ses 700 milliards de $ n’avait pas réussi à arrêter les chutes. 

Ce matin sur un ton solennel, Sarkozy déclarait : « La confiance doit être rétablie au plus vite…Dans les circonstances actuelles, seuls les Etats et les banques centrales ont les moyens d’agir pour y parvenir. » Avant d’annoncer le détail du plan, coordonné avec les autres puissances européennes et résumé comme suit : « L’engagement de l’Etat est considérable, de l’ordre de 360 milliards d’euros au total. Si on tient compte des différences de PNB, il est comparable à celui de l’Allemagne (400 milliards d’euros pour la garantie interbancaire et 80 milliards d’euros pour la recapitalisation) et du Royaume-Uni (318 milliards d’euros pour la garantie interbancaire et 64 milliards d’euros pour la recapitalisation). »

Répondant à une question de journaliste, il concluait : « Je veux refonder le capitalisme ! »

Commentant cette intervention de l’Etat dans l’économie de marché, l’économiste Elie Cohen du CNRS, déclare au Nouvelobs : « Ce plan reste une formidable avancée. Pour la première fois, les pays européens se sont réunis autour d'un leadership en la personne de Gordon Brown qui est à l'initiative de ce plan de sauvetage. Pour une fois, les politiques comprennent la crise et interviennent. D'ailleurs, il est très important de souligner que l'homme de la situation n'a été ni George W. Bush, ni Nicolas Sarkozy mais Gordon Brown.» 

On en apprend des choses !

Au même moment le Prix Nobel de l’économie est attribué à Paul Krugman, économiste américain connu pour être critique à l’égard de la politique de Bush. Chroniqueur au New York Times, il avait signé le matin même un article intitulé « Gordon a bien fait ! ». 

Dans cet article, on peut lire : « What we do know is that Mr. Brown has defined the character of the worldwide rescue effort, with other wealthy nations playing catch-up. The Brown government has shown itself willing to think clearly about the financial crisis, and act quickly on its conclusions. And this combination of clarity and decisiveness hasn’t been matched by any other Western government, least of all our own.”

Avant de conclure: “Luckily for the world economy, however, Gordon Brown and his officials are making sense. And they may have shown us the way through this crisis.”