vendredi 29 février 2008

Détour par Pennac et son chagrin d'école

Plongé avec d'autres amis blogueurs dans notre projet de mobilisation autour du thème "Education-Développement", j'ai jugé utile de reproduire ici, avec l'aide précieuse de YB, ce passage du dernier livre de Daniel Pennac, Chagrin d'école, publié chez Gallimard, prix Renaudot 2007.

Bonne lecture, avec le souhait que ces quelques extraits donnent envie de lire tout le livre. Il vaut le détour, ne serait-ce que pour se détendre un peu...


Oui, à écouter le bourdonnement de notre ruche pédagogique, dès que nous nous décourageons, notre passion nous porte d’abord à chercher des coupables. L’Education nationale parait d’ailleurs structurée pour que chacun y puisse commodément désigner le sien :
-La maternelle ne leur a donc pas appris à se tenir? demande le professeur des écoles devant des bambins agités comme des boules de flipper.
-Qu’ont-ils fichu en primaire? peste le professeur de collège en accueillant des sixièmes qu’il estime illettrés.
-Quelqu’un peut me dire ce qu’ils ont appris jusqu’en troisième? s’exclame le professeur de lycée devant la propension de ses secondes à s’exprimer sans vocabulaire.
-Ils viennent vraiment du lycée? s’interroge le prof de fac en épluchant son premier paquet de copies.
-Expliquez-moi ce qu’on fout à l’université? tonitrue l’industriel face à ses jeune recrues.
-L’université forme exactement ce que souhaite votre système, répond la recrue pas si bête : des esclaves incultes et des clients aveugles! Les grandes écoles formatent vos contremaîtres – pardon vos « cadres » -, et vos actionnaires font tourner la planche à dividendes.
-Démission de la famille, déplore le ministère de la l’Education nationale.
-L’école n’est plus ce qu’elle était, regrette la famille.


A quoi s’ajoutent les procès internes à toute institution qui se respecte. L’éternel querelle des anciens et des modernes , par exemple :
-Honte (pédagogues bêtifiants) ! hurlent les républicains pourfendeur de démagogie.
-A bas les républicains élitiste ! riposte les pédagogues au noms de l’évolution démocratique.
-Les syndicats grippent les machine ! accusent les fonctionnaires du ministère.
-Nous restons vigilent ! rétorquent les syndicats.
-Un tel pourcentage d’illettré en sixième, ça ne se voyait pas de mon temps ! déplore la vieille garde.
-Tout le portrait de ta mère, ce gosse ! fulmine le père courroucé ;
-Si tu avais été un plus sévère avec lui, il n’en serait pas là ! répond la mère outrée.
-Comment travailler dans une telle atmosphère familiale ? se lamente l’adolescent déprimé, aux oreilles du professeur compréhensif.

mercredi 27 février 2008

La langue de l'audace

Au moment où je m'apprêtais à écrire un billet sur la nécessaire réflexion qui doit s'ouvrir d'urgence sur l'outil linguistique le plus approprié au sauvetage de notre système éducatif, ma navigation sur le net me conduit à cet article du journal The Guardian sur une audacieuse initiative en cours en Turquie. Dans cet article, il est révélé que la Direction en charge des affaires religieuses dans ce pays est en voie de finalisation d'un travail gigantesque de réecriture des traditions et lois musulmanes pour mieux les adapter aux exigences du XXI ème siècle. Il se pourrait que cette action soit entreprise afin de mieux défendre le dossier turc auprès de l'Union européenne pour l'intégration à cet espace politique, mais si ce pas est franchi, il va de soi que l'ensemble du monde musulman pourrait aussi en tirer bénéfice pour son entrée dans le monde contemporain...
C'est de ce genre d'audace que nous devrions faire preuve pour le toilettage de notre langue, restée immuable depuis plus de quinze siècles! Pourquoi est-ce qu'il serait attentatoire à notre identité ou à notre histoire ou à la religion que de fiare une telle proposition? Pourquoi est-ce que ce qui a si bien réussi pour la Turquie Kémaliste, ou le Japon moderne, ou même Israël, lorsque ces pays ont adapté, modernisé leurs langues respectives, séculaires, porteuses de tant de charge historique pour leurs populations, nous serait interdit à nous les marocains?

Les français sont engagés aujourd'hui dans une course poursuite pour la défense de leur langue face à la langue anglaise, de plus en plus hégémonique dans le monde. Un français décaféiné est passé du stade de conception à l'expérimentation, semble-t-il réussie, dans de nombreux pays. Il s'agit du FLE, ce parler français destiné aux étrangers désireux de parfaire leur employabilité. Un français déchargé de toutes ses lourdeurs et destiné à servir les intérêts et faciliter la présence française dans le monde de la manière la plus pragmatique qui soit. (Pour plus d'information consulter le site du CIEP).

Il va de soi que ce genre de projet peut être critiquable à plus d'un titre. Notamment parce qu'il peut conduire à la négation de toute dimension culturelle, citoyenne, philosophique, humaniste dans un enseignement qui serait exclusivement tourné vers l'objectif de l'adaptation aux exigences du marché.

Mais ne pourrions-nous pas, en tenant compte de ces dangers réels, envisager une refonte de notre langue qui pourrait concilier les exigences du respect des valeurs humanistes et de nos fondamentaux identitaires avec les exigences du monde contemporain.

Ce serait un des sujets essentiels dans les réflexions que nous ouvrirons dans le cadre de l'initiative lancée pour faire de l'éducation un moyen de développement.

Pour cela, commençons par être nombreux, très nombreux, très nombreux à soutenir l'initiative lancée par les blogueurs, en envoyant un mail à edudevmaroc@gmail.com ou un SMS au N° 018 40 44 44.

mardi 26 février 2008

La Cause avance!

Ça y est ! La cause avance ! Un bond ! La presse internationale ne parle plus que de cette position audacieuse ! Le cabinet israélien est en réunion de crise ininterrompue depuis l’annonce de la nouvelle ! Les organisateurs, victimes collatérales de cette décision historique, commencent à se mordre les doigts et regrettent d’avoir favorisé la prise de cette décision qui va leur occasionner des pertes inestimables !

Le Maroc, avec d’autres pays arabes, a décidé de boycotter le Salon du Livre qui se tient à Paris dans les prochains jours. Les organisateurs sont punis. Ils n’avaient qu’à bien mesurer l’impact de cette offense ! Le livre israélien, qui allait être fêté lors de ce Salon, sera maintenant tourné au ridicule. Le nombre de visiteurs va considérablement chuter !

Les conséquences de ce geste sont énormes sur l’avenir de cette région mouvementée. Déjà, l’on estime que les retards accumulés par les pays arabes par rapport à l’état (remarquez le e minuscule !) fantoche en termes de lecture, de traduction, de production et d’édition de livres, ces retards seront maintenant plus rapidement comblés ! Les taux d’alphabétisme entre israéliens et arabes vont désormais rapidement se rapprocher et feront grimper les pays arabes dans le classement du développement humain…

Bien sûr, il y aura toujours quelques esprits chagrin pour se lamenter, des rabat-joie pour protester… Certains en évoquant le cas de ces éditeurs qui attendaient ce Salon depuis des mois pour essayer de montrer que leur production existe dans la deuxième plus importante foire littéraire du monde. D’autres pour assister aux conférences et suivre de près tout ce qui se fait dans le domaine du livre et de l’édition. Ou encore ces écrivains, égoïstes, seulement préoccupés par l’engagement qu’ils avaient déjà pris avec leurs éditeurs…. Comme Alaa al-Aswani, le célèbre auteur de «l'Immeuble Yacoubian», parlant d'un pays coupable de «crimes contre l'humanité», et qui viendra tout de même promouvoir son dernier livre «Chicago» publié chez Actes Sud. Ou encore Gamal al-Ghitani, qui n'est pas sur cette longueur d'onde et considère que la note de protestation est «une forme d'infantilisme politique» de la part des confrères.

Ne les écoutons pas ! Ne les laissons pas nuire à notre victoire ! Allons même plus loin, plus haut, plus fort ! Appelons au boycott des JO de Pékin ! Revendiquons sur notre lancée le retrait de l’UNESCO ! Isolons encore davantage l’ennemi ! Nous règlerons tous nos problèmes et ferons faire, comme dirait un boycotteur aguerri, le gron bon à la Cose !

lundi 25 février 2008

Ce Maroc de février 2008

Le Maroc est diversement préoccupé en ce mois de février 2008.

Une partie est déçue, triste, choquée, parfois même abattue, par le jugement sévère rendu à l'encontre de ce jeune ingénieur, Fouad Mourtada, pour s'être amusé avec son ordinateur sur Facebook, un réseau social qu'une infime minorité de ce pays connaît.

Une autre partie, plus grande, est secouée, inquiète, dubitative, par le coup de filet sécuritaire réalisé par les forces de l'ordre contre une quarantaine de présumés terroristes, parmi lesquels se trouvent des hommes politiques qui passaient pour des ordinaires.

Encore une autre partie, mobilisée, celle-là, par des islamistes, dits modérés, en faveur de la défense de la morale. Une mobilisation qui cherche bien entendu à se baser sur un sentiment de préoccupation que nous sommes tous sensés développer face à la dérive amorale que connaîtrait notre société! Une campagne qui compte parmi ses dirigeants une personne qui croit pouvoir prédire la disparition prochaine de San Francisco sous le poids des pêchés de ses homosexuels!

Comment ne pas, dans ces conditions, se rappeler ce qui se passe ailleurs, ou encore ce qui s'est passé déjà chez nous. Oui, lorsque l'on se laissait focaliser toute l'attention sur tel ou tel sujet quand les véritables problèmes de fond s'accumulaient, s'aggravaient et les écarts sociaux s'approfondissaient!

Pour ne pas retomber dans les mêmes travers, et sans oublier ni négliger les entorses aux libertés qui sont commises et qu'il faut dénoncer avec force, et pour montrer que la capacité de réaction existe, une initiative est lancée pour attirer l'attention sur un problème où se mêlent injustice, exclusion, obscurantisme où l'enjeu est l'avenir, l'existence même de ce pays. Le problème de l'éducation. Oui, nous devrions tous en faire une fixation, une obsession. Il nous faut être nombreux à demander que les politiques, que toute la société s'occupent sérieusement, enfin, de l'éducation dans ce pays...

samedi 23 février 2008

Taisez-vous Moulay Moustafa

Lu sur un journal arabophone du matin, qui porte le nom du soir, un jour de la semaine écoulée... Le pseudo journaliste qui nous accable depuis notre enfance par ses commentaires et ses émissions outrecuidantes, s'explique, s'exprime... Lui aussi! Il nous informe que face à ses détracteurs, il ne ressent aucun complexe. Il est makhzénien car il défend son pays et son roi. Il a, semble-t-il, lui aussi, verrouillé son cerveau et en a livré la clé...Je me souviens au lendemain de la chutte de Ceasescu en Roumanie le Moulay roumain était apparu à la télé avec un contadicteur qui lui tendait un rouleau de papier hygiénique...Pas de cela chez nous...Non! Mais quand donc comprendra-t-on que ce genre de comportement ne défend ni le pays, ni le roi. Partout où les laudateurs attitrés ont sévi, aucun service durable n'est rendu!!!!!

Souvenirs

Il y a plusieurs années de cela, deux jeunes journalistes femmes devaient faire un dossier spécial sur la relève politique au Maroc. C'était sur le journal Al Bayane, qui avait encore un nombre de lecteurs respectable. Elles avaient porté leur choix sur deux jeunes de l'époque, engagés dans la politique. L'un dans l'Istiqlal et l'autre à l'Usfp.

Plusieurs années plus tard, une des deux journalistes a été élue députée et un des deux jeunes politiques est devenu ministre.

lundi 18 février 2008

Combats

L’affaire Fouad Mourtada est une affaire qui ne peut laisser indifférent quiconque veut participer à la construction de la démocratie dans ce pays (voir suivi chez Larbi). Elle ne peut que soulever l’indignation et la réprobation. Elle doit mobiliser la solidarité de tous contre l’injustice, l’absurde et l’inique… Mourtada, victime aussi de sa mauvaise appréciation de notre contexte politique, doit être acquitté !
C’est un combat qu’il faut mener sans relâche. Il s’agit d’un jalon supplémentaire qu’il faut poser sur la voie de la liberté. Une voie interminable. Des combats qui ne cesseront jamais. Qui passent par la dénonciation de l’agression commise contre un directeur de journal, comme par la réprobation de la vindicte orchestrée à Ksar El Kébir.

Interminable, oui, comme cela nous est rappelé tous les jours par l’actualité venue d’ailleurs. Par exemple de cette grande démocratie où une journaliste a été ennuyée pour ne pas voir divulgué ses sources. Ou de cette autre grande démocratie où un journaliste est poursuivi pour avoir révélé le contenu d’un SMS présidentiel !

Sans dispersion d’énergies, en focalisant les efforts, d’autres combats sont à mener continuellement. En particulier, en priorité, contre l’injustice quotidienne qui est faite à des millions de marocains, petits et grands, sans nom, sans histoire à la une des journaux. Ce sont ces petits qui ne sont pas inscrits à l’école, ceux qui arrêtent d’y aller, et ceux qui y vont sans trouver l’instituteur, ou ceux qui trouvent tout mais qui n’y apprennent rien du tout. Ce sont ces moins petits qui arrivent jusqu’au bout et qui ne savent même pas rédiger une demande d’emploi, ou ces autres qui ont obtenu des diplômes supérieurs et qui ne demandent pas de travail mais manifestent pour une cachette dans une administration pour toucher un salaire jusqu’à la retraite…

Le combat contre l’injustice de notre système éducatif, contre le gâchis humain, est à mener de toute urgence !

dimanche 17 février 2008

Un appel? Un cri!

Dix jours, déjà ! Dix jours depuis le lancement de l’initiative pour le sauvetage de notre système éducatif. Sauvetage, le mot est peut-être inapproprié, mais il s’agit bien de secours, d’urgence, de danger même ! Car la situation est grave.

En dix jours, des réactions enthousiastes, des blogs nombreux qui endossent l’initiative.
Tous, nous voulons nous mêler de ce qui nous regarde ! L’avenir de notre pays !

Pendant ces dix jours, des interrogations légitimes. Sur l’utilité, sur le contenu, sur la finalité. …Des commentaires qui appellent clarification.

Tout d’abord, il n’a jamais été question de texte, étudié, complet, traitant l’ensemble de la question et proposant des solutions. Il n’a jamais été question de texte à soumettre à signature, pour exprimer l’accord sur le contenu et valider la démarche.

Non, vraiment pas. D’ailleurs ç’aurait été trop prétentieux, et même démobilisateur…

Non, il n’a jamais été question d’appel dans le sens traditionnel du terme…Et donc pas de diagnostic, pas de sorcières, pas de culpabilisation…Et pas de propositions non plus.

Il s’agit tout simplement d’un cri, provoqué par l’indifférence des responsables, qui n’ont même pas pris la peine de commenter les différents rapports décrivant cette situation, pourtant alarmante ! La lassitude de tous ceux qui paient des impôts pour financer un système d’échec.

Un cri qui voulait en provoquer d’autres. Pour que le cri soit collectif. Un cri si haut, si fort que les responsables, amorphes, désinvoltes, se mettent sérieusement au travail, et assument leurs responsabilités

Il s’agit seulement de dire : ça suffit, agissons ! Sauvons notre système éducatif pour sauver notre pays !

Au lieu de bloguer tranquille, bolguons utile, pour une cause noble ! Au lieu de bloguer seul, bloguons collectif. Au lieu de pétitionner futile, exprimons notre colère sur un sujet vital, un problème dont personne ne conteste la gravité…

Un cri collectif destiné à combattre le scepticisme...
Montrer que notre société n’est pas diablement anesthésiée,
Montrer que notre élite n’est pas irrémédiablement sceptique…

Une fois ce cri poussé haut et fort et si le nombre de crieurs est significatif, révélateur d’une prise de conscience massive…il faudra être plus précis et passer alors aux choses concrètes…

Nous n’en sommes pas encore là. Il nous faut mobiliser davantage de soutiens. Etendre le réseau…

Les initiateurs de cette initiative, ouverte à toutes les bonnes volontés, réfléchissent à son développement… Toutes les propositions sont les bienvenues…

lundi 11 février 2008

Continuons...

Au delà des espérances... Le billet appelant à une action collective pour contribuer au sauvetage de notre système éducatif a eu du répondant chez les bloggeurs et autres amis...Les idées ont été nombreuses et les démarches multiples elles seront soigneusement compilées et synthétisées (bravo Mounir)...

Ce petit sondage, qui n'a rien de scientifique, montre tout de même qu'il y a de la matière et qu'il y a de la volonté.

Maintenant que faire? A mon avis, il faut continuer. Il faudrait que cette initiative, qui n'appartient à personne, mais qui est portée par tous les bloggeurs qui veulent rendre service à leur pays, sorte de ce cadre pour toucher le plus grand nombre...

Omar a lancé un groupe sur Facebook, Mounir une pétition sur Gopetition, des journalistes ont appelé pour s'informer...Il faut que tous ces groupes, ces contacts concourrent à montrer que la société marocaine n'est pas faite que d'égoistes, à lancer un message fort aux politiques, aux décideurs pour qu'ils prennent leurs responsabilités... Le problème est trop grave pour être traité par l'indifférence et par les solutions individuelles.

jeudi 7 février 2008

Basta! كفى

Oui, en effet, ça suffit!!! La situation devient intolérable!!!

C'est bien de lancer et de signer des appels pour la défense des libertés. C'est louable d'initier des mouvements et de créer des collectifs pour la démocratie et la modernité, ou pour la refondation de tel ou tel parti. C'est sain de mobiliser pour le respect des droits de l'homme et de la femme et pour la lutte contre la corruption...Toutes ces initiatives vont dans le sens de la consolidation de l'Etat de droit et de la mobilisation citoyenne.
C'est bien de tenir un blog et de l'utiliser pour exprimer des coups de gueule, partager des réflexions, diffuser des informations.

Mais pendant ce temps-là, les indicateurs du sous-développement du pays se suivent et se ressemblent. Vivant dans un pays qui est classé 126ème pour l'indice de développement humain et avant-dernier de sa région pour le système éducatif, les citoyens du Maroc peuvent-ils continuer à ignorer le fait que leur avenir est largement compromis. Les citoyens de ce pays peuvent-ils être tranquilles à l'idée que le système éducatif marocain est en train de sacrifier des générations entières.
Pouvons-nous accepter d'assister à la préparation et même l'exécution devant nos yeux de ce crime à l'égard de tout un peuple. A qui, à quoi serviront les autoroutes, les zones industrielles, les ports, les villes réaménagées, le TGV, si la majorité des marocaines et marocains de demain ne savent ni lire, ni écrire, et si la minorité des instruits n'a qu'un seul objectif, celui de quitter le pays pour d'autres cieux!

Comment ne pas se révolter en apprenant qu'aucun parti ne voulait hériter du portefeuille de l'éducation dans l'actuel gouvernement? Comment continuer à fair semblant d'ignorer que plus du quart de nos ressources budgétaires sont dilapidées dans un système qui ne conduit qu'à l'impasse? Sommes-nous à ce point frappés de stérilité intellectuelle pour ne pas inventer des solutions à ce problème, comme l'ont fait avant nous d'autres pays?

Pour toutes ces raisons, et il y en a d'autres, et pour répondre à ces questions, et il y en a d'autres, ne serait-il pas opportun de lancer un appel, un vrai, un massif, pour que la question de l'éducation soit enfin prise au sérieux. Pour que soit construite l'école qui permet la formation de base dans une langue maîtrisée, avec un contenu civique et ouvert sur le monde, qui permet le brassage social, qui enseigne le droit et le devoir, qui forme au monde de la création et de l'initiative, qui réduit l'exclusion spatiale...

Et pourquoi ne pas commencer par les bloggeurs?

Cette communuaté de bloggeurs marocains qui fait tant la fierté de ce pays, par son innovation, son dynamisme, sa défense des valeurs de liberté et de tolérance, sa vigilance à l'égard de tout ce qui touche de près ou de loin à son pays (voir article sur le journal La Croix ici)... cette communauté ne peut pas rester à l'écart de ce problème.

mardi 5 février 2008

Rapports, suite...

Inutile de faire tout un post sur le rapport que vient de publier la Banque mondiale sur "le chemin non parcourru", pour l'éducation dans la région MENA (à télécharger ici...). Un rapport de plus dont nous n'avions vraiment pas besoin, puisque les responsables les mieux placés ont reconnu récemment la crise du système éducatif marocain...

Un rapport largement commenté dans la presse nationale, par l'AFP, qui nous colle le bonnet d'âne, mais aussi...algérienne, comme dans cette dépêche!

dimanche 3 février 2008

Le citoyen, le politique et le journaliste

Un titre bien prétentieux pour un blog…Précisons alors : par citoyen, on entend toute personne habitant ce pays ; par politique, tout décideur, politisé ou technocrate ; par journaliste, tout un chacun détenant une certaine influence à partir de la presse…Normalement, le citoyen a tout intérêt à suivre et se préoccuper des décisions des politiques qui touchent directement sa vie quotidienne, nécessairement son avenir et accessoirement la vie des politiques. Il doit être vigilant vis-à-vis des décisions qui sont prises pour protester et éventuellement sanctionner les politiques. Le journaliste, puisqu’il s’adresse au citoyen et au politique, doit donner la priorité aux informations qui satisfont les besoins de son citoyen-lecteur et attirer l’attention du politique. Le politique, quant à lui, il doit tout faire pour attirer le vote du citoyen, selon son projet et ses orientations et alimenter le journaliste pour faire passer ses messages auprès des citoyens.

Tout cela est trop théorique, j’en conviens, et trop compliqué pour juger du bon fonctionnement des relations entre ces trois acteurs au Maroc. Prenons alors un exemple pour mieux expliquer et vérifier la qualité de ces relations. Partons de ce qui est le plus important dans la vie politique d’un pays qui se veut démocratique. Prenons la loi de finances de 2008. Deux mesures fiscales phares l’ont caractérisée : la baisse de l’impôt sur les sociétés et la hausse de la TVA, en particulier sur le leasing et sur le bâtiment. Des mesures qui sont maintenant entrées en vigueur après examen au gouvernement et après discussions, disons serrées, au Parlement.

L’objet, ici, n’est pas de discuter l’opportunité de ces mesures, qui ont une connotation sociale et économique bien claire et en disent long sur l’orientation politique de leurs auteurs. Ni de vérifier si elles sont conformes aux programmes des partis qui composent la coalition qui gouverne, ou si elles sont dictées par une administration peu politique… Même si, bien sûr, il y a beaucoup à dire sur ce sujet…Il s’agit tout simplement de montrer combien nous sommes loin de vivre dans le cadre de relations claires et de rôles bien répartis entre citoyen, politique et journaliste.

Au lieu d’expliquer ces mesures, d’en démontrer le bien-fondé et éventuellement d’étudier comment les accompagner pour en réduire les effets négatifs qui ne manqueront pas de se manifester sur le pouvoir d’achat des citoyens, les politiques sont occupés à débattre des secrets internes entre leaders d’un autre âge, d’un côté ; et des opérations de rafistolage de l’autre. Au lieu de s’intéresser à la hausse de la TVA et de commander des simulations sur ses effets sur l’économie nationale, les journalistes, pour la plupart, continuent à ne s’intéresser qu’aux confrontations politiciennes stériles et au mercato politique. Le citoyen, habitué à ne pas faire le lien entre sa vie quotidienne et les décisions que prennent les politiques, reste livré aux charlatans qui le poussent à se défouler sur des affaires comme celle de Ksar El Kébir.

Pour que l’orchestre démocratique marocain délivre la bonne harmonie, il faut que tous ses membres maîtrisent leurs instruments et soient conscients de devoir jouer la même partition.

Combien parmi nos journalistes et nos politiques, sont capables de comprendre une loi de finances, de prévoir et d’en expliquer les effets aux citoyens au bon endroit et au bon moment? Le taux de participation aux élections, la crédibilité des partis politiques et l’efficacité démocratique s’amélioreront lorsque le politique et le journaliste rendront visible le lien entre une décision politique et son impact sur la vie des citoyens.

vendredi 1 février 2008

Union Sisyphe des Forces Populaires?

Ce n’est pas l’ébullition, ni l’effervescence… Mais on peut, avec les précautions qui s’imposent, parler d’ambiance favorable à un début d’ébauche d’une dynamique de reconstruction pour un succès probable du 8ème congrès de l’USFP…
Le climat de crise qui prévaut, avec la tombée des masques provoquée par les échecs récoltés ces derniers mois, favorise le débat et peut-être l’élaboration de scénarii de sorties de crise.

Dans ce contexte, empreint d’optimisme mesuré et d’espoir prudent, un groupe de militants s’est réuni jeudi, à 48 heures du Conseil National qui doit nommer la commission préparatoire du congrès, pour examiner les possibilités de leur contribution à ce débat. Et déjà les préalables sont clairs dans l’esprit de ces militants formés aux dures réalités des appareils et aux manœuvres des manipulateurs…Parmi ces préalables, en même temps et avant tout, un objectif, le premier, le plus important, le plus dur, le plus indispensable, qui n'est même plus secret : le renouvellement du leadership.

Aussi bizarre que cela puisse paraître, plateformes, orientations, choix politiques, ne constituent pas vraiment des obstacles majeurs. Les meilleures motions, les résolutions les plus avant-gardistes, ont toujours été adoptées, endossées par les manœuvriers qui ne recrutent pas un militant, par les apparatchiks qui ne rapportent pas une voix, qui s’en drapent le temps d’une réconciliation, le temps d’une ascension avant de s’en défaire sans aucun scrupule…

Mais après la détermination de l’objectif préalable, les questions fusent. Comment atteindre cet objectif ? Quels mécanismes de vote ? Quels modes de désignation des congressistes ? Comment faire émerger les nouveaux leaders ? Comment réduire les nuisances des nuisibles?
Bien sûr, il y a aussi des réponses. L’instauration du vote électronique, l’adoption des courants, l’inscription dans les textes de l’obligation du renouvellement, la bataille dans les sections, la pression par l’extérieur, l’ouverture…Et surtout, LA question : Sisyphe, est-il ittihadi ?

Religion et politique en Espagne

Le 9 mars prochain, les espagnols sont appelés au vote dans un scrutin législatif important. Tout le monde se souvient de la polémique qui avait suivi la victoire des socialistes en 2004, intervenue quelques jours seulement après les attentats sanglants de Madrid. Certains commentateurs avaient attribué cette victoire au comportement du gouvernement dirigé par Aznar, qui avait précipitamment accusé l'ETA basque d'être à l'origine de ces attentats, davantage qu'au mérite des socialistes conduits à l'époque par un nouveau venu répondant au nom de Zapatero.
Quatre ans plus tard, ce jeune novice a mûri, a tenu sa promesse en retirant les troupes espagnoles d'Irak et, surtout, a engagé le pays dans des réformes sociales et civiques (pas de catéchisme à l'école publique, avortement, mariages homosexuels...) qui ne sont pas du goût des conservateurs du parti populaire. Il a également, tenté de nouer le dialogue, certains disent négociations, avec l'ETA, pour régler la question basque, mais sans succès.
Ce sont justement ces sujets qui marquent dans cette campagne la frontière entre les socialistes et les conservateurs... Une campagne qui a connu des moments de tension et même souvent d'agressivité et de discourtoisie.
Tout cela est bien normal. Jusqu'à ce que, hier jeudi, tombe une note de deux pages publiée (voir le texte ici) par la Conférence des évêques sur les élections de 2008 qui place le débat électoral dans un champ assez nouveau et risque d'exacerber les tensions politiques.

En dressant le portrait négatif du parti à ne pas voter selon des orientations précises, l'épiscopat ne laisse planer aucun doute sur le choix qu'il recommande aux électeurs espagnols. Le gouvernement et le parti socialiste, n'ont d'ailleurs pas tardé à réagir à cette immixtion de l'église dans les affaires politiques, qu'ils considérent "immorale".

Dans son numéro de vendredi, le journal espagnol El Pais, titre à la une: "Les évêques entrent en campagne en demandant le vote contre le PSOE". Sur le site de ce journal, une enquête d'opinion par internet montre que déjà 86% des participants sont contre cette immixtion du religieux dans le politique...

La levée de boucliers provoquée par cette entrée de l'église en campagne électorale ne va-t-elle pas favoriser finalement la mobilisation de la gauche et la reconduction de Zapatero?