vendredi 30 mai 2008

On se calme!

Irrésistible ! L’envie qui me prend d’écrire quelques mots sur cette information reprise par tous les médias… Cette tribu retrouvée dans l’Amazonie, quelque part entre le Brésil et le Pérou et qui semble vivre dans l’état le plus primitif…Cela pousse vraiment à réfléchir.

Loin du monde contemporain, des êtres humains vivent sur la même planète que d’autres être humains qui se livrent à une course effrénée pour gagner plus, posséder plus, faire mieux et mieux paraître…Oui dans ce coin perdu de notre Terre, vivent des personnes sans téléphone portable, sans Internet, sans voiture, sans télévision, sans …Ma réflexion s’arrête, car je me rends compte que tout cela ne doit pas manquer vraiment aux membres de cette tribu, dans leur vie quotidienne ; car je me rends compte aussi qu’en dehors des apparences, ces outils de confort manquent aussi dans des régions moins éloignées de la civilisation sans que cela provoque l’indignation généralisée. Mais en poursuivant ma réflexion, je me dois aussi de citer l’absence de livre ou du médecin, et donc tout ce qui se rapporte au fameux développement humain, pour lequel nous sommes au 126ème rang mondial !!!

Mais cette information me pousse aussi à sortir de la paresse intellectuelle qui s’est emparée de moi ces dernières années pour aller chercher conseil à ce sujet auprès du grand Claus Lévi-Strauss.

Lisons ce qu’il dit dans son livre « race et histoire », paru en 1952 :
« L’attitude la plus ancienne consiste à répudier purement et simplement les formes culturelles : morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions…Ainsi, l’Antiquité confondait-elle tout ce qui ne participait pas de la culture grecque sous le nom de barbare ; la civilisation occidentale a ensuite utilisé le terme de sauvage dans le même sens… sauvage qui veut dire « de la forêt », évoque aussi un genre de vie animale… Dans les deux cas, on préfère rejeter hors de la culture, dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas à la norme sous laquelle on vit. »

jeudi 29 mai 2008

L'eau au Parlement

Le Groupe de l'USFP au parlement a pris une bonne initiative en organisant une rencontre sur le thème de l'agriculture.
Pour traiter ce sujet, il apparaît rapidement que le lien avec la question de l'eau est évident et incontournable.
Ce lien a été mis en évidence et explicité par le député Narjis, du Groupe Assala oua Mouaassara. Avec cette audace qui fait défaut souvent à nos politiques, il a usé de mots durs pour décrire la situation actuelle. En particulier, en qualifiant de criminielle l'absence de nouvelle politique de l'eau, alors que les diagnostics sont connus et que les mécanismes de décision qui existent ne sont pas mis en oeuvre.
La prise de conscience sur la nécessité de changer de politique dans ce domaine vital pour l'avenir du pays grandit. Cela prend du temps, mais c'est une condition sine qua non de tout succès...

dimanche 25 mai 2008

W. Houston et Mawazine vainqueurs!

Il ne s’agit pas de poursuivre le match mosquées- festivals commencé l’an dernier au Parlement par un député islamiste. Vous vous souvenez, cette séance où le ministre qui donnait les chiffres du succès des festivals et s’est vu interrompre par ce député qui tenait à rappeler qu’il y avait plus d’affluence les vendredi dans les mosquées. Comme si se rendre au festival était incompatible avec faire sa prière le vendredi et comme si cette comptabilité avait un sens !

Non, juste se féliciter du fait que malgré les remarques faites ici ou là sur la programmation et quelques loupés d’organisation (lire billet de Hmida), le Festival Mawazine a connu une clôture en apothéose. Les dizaines de milliers de personnes qui ont fait le déplacement samedi 24 mai au Stade Annahda et assisté massivement au spectacle de Whitney Houston, ont démontré qu’au Maroc le sens de la fête n’est pas encore perdu, malgré les rodomontades et menaces des conservateurs et fanatiques de tous poils ! Que l’affluence est là quelle que soit l’origine, le style ou le genre des artistes à l’affiche, dès lors qu’ils sont du meilleur niveau professionnel et artistique.

Whitney Houston est de ceux-là. Normal, il s’agit tout de même d’une artiste membre du club très fermé de ceux qui ont réussi à vendre plus de 200 millions de disques !

Et le public ne s’y est pas trompé. Il a chanté, dansé et apporté un cinglant démenti à tous ceux qui veulent le dépeindre en terne et gris. Il n’a pas suivi les diatribes de l’éditorialiste d’Al Massae qui, en relayant les potins de « Voici » et de « Gala », a cherché à orienter ses lecteurs vers la vie privée de cette artiste, et à les dissuader d’assister à son spectacle.

Mais cet éditorialiste, donneur de leçons, champion du je-vous-l’avais-déjà-dit, abonné à la critique de tous sauf des ayatollah, héraut de la vertu et contrôleur en chef des comportements et des moeurs, n’en est pas à son premier écart ! (Lire billet sur le sujet).
Espérons seulement, pour lui, qu’il aura une progéniture qui lui épargnera les affres des conflits et dérives de notre temps !

samedi 24 mai 2008

Listes à l'USFP

Dans le débat actuel que connaît le parti de l’USFP pour sa refondation, en fait pour assurer son existence, une avancée importante a été obtenue par l’introduction de la compétition sur la base de listes et de programmes. Cette pratique signifierait une transformation radicale dans la désignation des leaders des partis au Maroc. A condition qu’elle soit conduite jusqu’à son terme, c'est-à-dire son adoption par le Congrès, sa mise en œuvre réelle et l’émergence de nouvelles têtes.
Pour le moment, il ne s’agit que de listes. Que de têtes de listes, plutôt ! Faisant les choux gras de la presse, les ténors du parti se livrent une bataille à distance pour rallier le maximum d’appuis.

Ténors ou pas, dans la cacophonie ambiante, il vaut mieux s’accrocher aux valeurs sûres.
Emboîtant le pas à mon ami Mounir, je propose le slogan : ils ont leurs listes, votons Liszt !

Et pour ceux qui croient que c’est austère, trop classique, trop sérieux, qu’ils jugent par cette vidéo :

vendredi 23 mai 2008

Voisinage

Rhodésie, Afrique du Sud... Qui se souvient? Il y a quelques années... Mugabe, Mandela, deux grand personnages de l'histoire de l'Afrique, avaient réussi à mobiliser leurs peuples et l'opinion publique mondiale, pour se débarrasser de régimes politiques inhumains, basés sur la ségrégation raciale...
La Rhodésie devient Zimbabwe et reste sous l'emprise du même Mugabe. L'Afrique du Sud se démocratise et trouve successeur à Mandela.
Au Zimbabwe les élections ne donnent pas de vainqueur. En Afrique du Sud, le jeu politique est ouvert.
Au Zimbabwe, la crise économique et sociale bat tous les records, malgré les richesses naturelles du pays. L'Afrique du Sud, malgré les difficultés, est considérée comme un pays émergent et influent.
Les problèmes de l'un rejaillissent sur l'autre.
Aujourd'hui on dénombre 30 morts zimbabwéens assassinés par des sudafriquains qui ne supportent pas, plus, d'accueillir ces voisins encombrants, venus chercher travail et dignité chez eux.
Les zimbabwéens qui avaient fui la misère de leur pays s'apprêtent à s'enfuir de nouveau... Pour aller où?

mercredi 21 mai 2008

Calage

Les critiques qui s’attaquent à l’exercice du pouvoir sont normales, légitimes et compréhensibles. Ceci est le cas au Maroc comme dans de nombreux pays.
L’action entraîne toujours l’erreur. La conception de l’intérêt général dépend de tellement de paramètres qu’il est difficile de tout formater ou standardiser. Les abus ne sont jamais loin de la recherche des équilibres entre différents centres d’intérêts.
Ce qui fait la différence entre régimes, ce qui assure la bonne gouvernance, ce sont les contre-pouvoirs. Leur présence, leur compétence, leur force, leur légitimité et leur institutionnalisation engendrent la confiance des citoyens, la stabilité du régime et le développement du pays.

A l’issue du show politique de la télévision marocaine de mardi soir, le spectateur pouvait facilement se rendre compte du décalage qui existe entre le contexte politique marocain et la situation à laquelle on aurait droit d’aspirer.

Que de phrases, de discours, de messages, de palabres, de menaces voilées, de sourires dévoilés, de complots, de trahisons… En un mot : que de politique politicarde !

Le dirigeant islamiste, invité du show, ne semblait pas se préoccuper des véritables problèmes des marocaines et marocains. Il poursuit sa marche sur le chemin du pouvoir, en utilisant le carburant qui fonctionne le mieux en ces temps d’incertitude : la religion et la morale.

En deux heures de one man show, entrecoupé d’applaudissements, avec des invités toutes couleurs confondues, pas un mot sur les moyens de faire face à la crise mondiale et à ses effets sur le pays. Pas un mot sur les véritables défis que ce pays aura à affronter dans les mois qui viennent : formation, eau, énergie… Pas un mot sur les défis sociaux qui plombent tout élan réformateur.

Pour avoir oublié que pour gouverner il faut aussi être capable de gérer et régler les problèmes, d’autres partis sont confrontés à des problèmes existentiels. Le parti islamiste est sur la même voie.

dimanche 18 mai 2008

Rythmes du monde

Samedi soir à Rabat, musique en bonne compagnie au Festival Mawazine.

D’abord Goran Bregovic sur la rive gauche du Bou Regreg réaménagée. Un serbo-croate compositeur de musiques de films, en particulier pour Emir Kusturica. Avec un orchestre pléthorique qui fait avec son chef, comme il le précise lui-même, mariages et enterrements…
Le public vérifiera de lui-même. Le chef alterne styles et rythmes.
Une longue, longue introduction plus proche du classique, inadapté avec le site et en déphasage avec les attentes d’un public venu oublier le marasme et la vie chère, ou tout simplement vibrer avec une musique venue d’ailleurs…
Puis changement de rythme : le morceau Gas Gas, (déjà diffusé sur ce blog) montre l’étendue du talent du musicien et sort le public de sa torpeur. Momentanément. Car le rythme change de nouveau : chœurs, monotonie, tristesse…
Déconcertant Goran…


Plus loin, dans un stade d’un quartier populaire, se produisait Nancy Ajram. En citant son nom, une anecdote véridique me vient à l’esprit. L’histoire de cet imam, qui subit la panne de sono en plein prêche de fête d’El Aid. Qui gonfle ses poumons, gesticule et crie fort pour bien exprimer sa colère et son amertume. Mettant en cause les services municipaux, il vitupère : « lorsqu’il s’agit de prêcher la bonne parole aux croyants, les micros tombent en panne, mais pour un concert de Nancy Ajram, cela ne se produirait jamais ! »

C’était vrai, ce samedi soir, la sono était parfaite. Et l’artiste libanaise, vêtue de son caftan bien de chez nous, était à la hauteur. Seul couac, le stade était rempli mais peut-être pas autant que pouvait le laisser penser la réputation de la chanteuse…

Par la diversité et la richesse du programme proposé cette année, les organisateurs du festival montrent qu’il est possible de rapprocher les peuples et les cultures par les expressions culturelles et d’offrir au public marocain l’occasion de l’ouverture à l’autre… Dans un climat de sécurité et de tolérance.
Venus de pays ravagés par les luttes intestines, Goran et Nancy ont exprimé tous leurs talents, démontrant que la créativité ne se tarit pas dans les conflits. Bien au contraire. En se souvenant du Raï pendant la guerre civile algérienne, du Jazz et l’esclavagisme, ou encore des Ghiwane pendant nos années de plomb…

jeudi 15 mai 2008

Se souvenir

16 mai 2003, Casablanca : 12 terroristes morts, avec eux 33 civils, et plus de 100 blessés, qui en gardent encore la trace, morale et physique…
Pourquoi ?
Quelle cause ? Contre quel ennemi ?
Quel message?
La récompense de l'au-delà au lieu du désespoir de l'ici-bas?
Interrompre la marche pour retrouver le passé?
Nuire aux puissants d'aujourd'hui pour conjurer son impuissance?
Exister en se tuant?
Combattre l'injustice par le meurtre d'innocents?

Zéro. Rien. Inqualifiables, innommables, injustifiables...Ces actes ne seront bientôt que de mauvais souvenirs à ranger parmi les divers dérapages qu'a connus l'humanité sans l'empêcher de progresser.
Se souvenir sans trop s'attarder. Se souvenir mais pour mobiliser.
Les combats réels pour l'épanouissement, l'émancipation, n'attendent pas!

mercredi 14 mai 2008

Que Dieu embellisse vos jours!

On pense tout de suite à Roberto Benigni, et son film "la vie est belle", Grand Prix du Jury à Cannes en 1998. Ce film provocateur, qui cherche à introduire le rire dans le monde sinistre de la deuxième guerre mondiale. On aime ou n'aime pas, le personnage ne peut laisser indifférent.

Si l'on pense au cyclone qui a frappé la Birmanie, aux victimes du séisme qui a secoué la Chine, ou aux libanais prisionniers de calculs macabres, la vie n'est pas aussi rose que la décrit la fameuse chanson... (Version Louis Armstrong)





Je pensais à cette mendiante qui tend la main, et qui espère recueillir la pièce en prononçant la phrase: Allah yzeine ayamkoum...

En y réflechissant un peu, pourquoi pas : Que la vie reste belle!

mardi 13 mai 2008

Le laitier


Dans nos rues, de nos jours encore, il arrive de rencontrer le laitier, disons traditionnel...Il se promène sur son vélo chargé de bidons de lait en inox. Il est connu dans les quartiers qu'il fréquente. Ces clients l'attendent à son heure fixe de passage.


Il arrive, comme dit l'anecdote, que la quantité de lait qu'il transporte au démarrage le matin reste sensiblement la même que celle avec laquelle il termine sa journée...Il faut dire que son lait est tellement concentré que les dilutions qu'il subit ne semblent pas altérer son goût, ni sa teneur.

Les clients réguliers du laitier recherchent l'authentique, le vrai... Le lait qui leur rappelle leur enfance, le temps des gloires. Les plus politisés et francisés revoient Mendès-France avec son verre de lait à la main vantant le mérite de ce breuvage en comparaison avec d'autres...

Le laitier ne fait pas dans le pasteurisé. Il vous sert le vrai lait, fraîchement tiré des mamelles de la vache nourricière. Il joue sur la naïveté de ses clients.

Avec le temps, il lui arrive de perdre des clients, qui se rendent compte des conditions d'hygiène insuffisante et le délaissent pour du lait de meilleure qualité. Il n'en a cure. Car, lui, il sait qu'il y aura toujours suffisamment de veaux pour lui assurer sa subsistance. Il surnomme ces détracteurs: Tétrapack.

Et c'est ainsi que depuis longtemps, chaque matin, il remonte sur son vélo, chargé de bidons, à la recherche de nouvelles victimes...clients de son lait pourri avant leur reconversion au Tétrapack... Et il en trouve!!!

dimanche 11 mai 2008

"Le Monde ", le CO2 et les pays en développement

Dans un article paru dans le journal "le Monde", Laurence Caramel se base sur un rapport de la banque mondiale pour afirmer que dans le marché du carbone en pleine expansion les pays en développement seront encore une fois des laissés pour compte.
Se basant sur l'embouteillage que connaît le processus d'enregistrement des projets (MDP, mécanisme de développement propore) mettant en relation nord et sud pour réduire les émissions de CO2, ce rapport s'inquiète en effet de la proportion de ces projets en baisse dans le marché global.

Mais d'autres aspects positifs sont passés sous silence.
D'abord, à tous les niveaux, maintenant, on parle du MDP, ce qui constitue une avancée importante si l'on se souvient du scepticisme qui a accompagné le lancement de ce mécanisme à Marrakech en 2001.
Ensuite ce mécanisme est victime de son succès. Puisque cet embouteillage reflète tout de même l'engouement des pays en développement pour ces projets, mais aussi la nécessité de mettre plus de moyens à la disposition des Nations Unies pour une gestion plus rapide des dossiers.
Et enfin, les bons débuts qu'enregistre ce mécanisme le préparent tout de même avantageusement pour figurer parmi les mécanismes de mise en oeuvre du régime qui se mettra en place en 2009 pour poursuivre Kyoto...

Dans les négociations en cours pour la confection de ce nouveau régime global, le Maroc devrait être présent, pour donner les exemples de sa réussite dans le MDP et pour en revendiquer, avec d'autres, la poursuite et l'amélioration...