lundi 31 décembre 2007

2007 se termine

Que retenir d'une année qui se termine? Il est inutile de se livrer à ce jeu de fin d'année, tant il est pratiqué par tous les médias durant toute cette semaine. Pour ma part, à la lecture des journaux de ce dernier jour de 2007, plusieurs faits ont attiré mon attention. D'abord ce journaliste qui savoure et exhibe sa joie de se classer premier en termes de ventes quotidiennes. C'est son droit. Mais il devrait savoir tout de meêm que le critère des ventes n'est pas un indicateur fiable sur la qualité du journal. Il suffit de jeter un coup d'oeil sur le classement des journaux dans le pays qui a inventé la liberté de la presse pour se rendre compte de cette évidence. En Grande Bretagne, en effet, les tabloïds à sensations vendent beaucoup plus que les autres journaux plus "sérieux" mais personne n'oserait dire qu'ils sont les meilleurs. Chacun sait que, caresser les populations dans le sens du poil, de la barbe ou du voile, dénigrer à longueur de numéros, titiller les instincts les plus vils, font partie des recettes qui marchent parfaitement sans que cela signifie qu'un service est rendu à la société. Lorsqu'Al Jazeera atteint des taux sans commune mesure avec les autres chaînes, c'est bien parce qu'elle use et abuse de ces recettes allant jusqu'à faire précéder le mot terrorisme par le très significatif "ce qu'il est appelé". Cela ne devrait pas occulter également que son courage est bien sélectif, puisque cette chaîne s'abstient de toute critique à l'égard du pays qui l'hébèrge et la finance par ses excédents exorbitants de pétrodollars.

Sur le registre de la gouvernance de ce pays, une autre information devrait attirer l'attention de tous les analystes. C'est celle rapportée par un communiqué du cabinet royal ,dans une première du genre, sur la nécessité de préserver l'autonomie des trois Agences de développement, que le ministre Hjira a cru loisible d'annexer à son ministère dans un décret validé par le premier ministre! Mais cette correction intervient à un moment où la classe politique est complètement désorientée, occupée à règler ses affaires internes et peu encline à commenter ou prendre position sur des sujets de cette nature... D'ailleurs, ceci expliquerait peut-être cela...

2007 se termine. 2008 sera peut-être meilleure! Si nous le voulons tous!

samedi 29 décembre 2007

Au nord d'Agadir


A quelques kilométres au nord d'Agadir, la vallée du Paradis. Nommée ainsi, paraît-il, par les hippies qui en ont lancé la promotion à la fin des années soixante...

vendredi 28 décembre 2007

Elections, pour quoi faire?

Avec ce qui se passe au Pakistan on ne peut plus en effet faire l’économie de cette question.

Dans les pays où la démocratie est établie, les élections font partie d’un système accepté par tous. Un système où prévaut la justice, l’Etat de droit, un niveau de vie et de formation élevé et l’appropriation par le citoyen de son destin local et national. A partir des élections, comme mécanisme de sélection des dirigeants politiques, le régime démocratique assure stabilité, sécurité et la répartition la moins mauvaise des richesses. Les leçons apprises depuis la seconde guerre mondiale, déclenchée à partir du succès électoral de Hitler, ont permis d’apporter les corrections nécessaires. Aujourd’hui, même en temps de crise ou de ratage, ce système fonctionne et permet aux citoyens de profiter des bienfaits du régime qu’ils ont patiemment construit. La Belgique est restée six mois sans gouvernement, la majorité qui gouverne en Italie est à chaque vote mise à rude épreuve, le parlement japonais ne se lasse pas de changer de premier ministre, les allemands sont gouvernés par une grande coalition presque sans opposition. Mais la stabilité de ces pays ne s’en trouve pas remise en cause…

Est-ce que ce modèle est exportable, clé en mains, partout et dans toutes les conditions ? Poser cette question expose à toutes les accusations déjà connues. Mais lorsque l’on examine les faits, cette question devient légitime, n’en déplaise aux inconditionnels du bulletin de vote même s’il ne fait qu’envelopper les explosifs et servir de blanc seing aux dictateurs…

A Gaza, les urnes ont conduit à l’impasse. En Algérie, les élections ne servent à presque rien. Au Liban, elles ne sont même plus praticables. En Egypte, ou en Tunisie, elles ne serviront qu’à faire valider les décisions prises ailleurs. En Libye, la question ne se pose même pas. Résultat : tout cela conduit au discrédit total des élections et des régimes qu’elles sont supposer conforter. Elles deviennent même un facteur de violence, conduisant aux assassinats, aux divisions. C'est-à-dire au contraire même de ce à quoi les élections sont censées aboutir : la sécurité, la stabilité durable et la bonne gestion du bien public.

Réussir le régime démocratique suppose la reconnaissance par tous des règles élémentaires du fair play, l’acceptation du verdict et de la sanction. Et par-dessus tout, l’acceptation de la loi de la majorité. Mais que veut dire une majorité dans un contexte de tribalisme, de féodalisme, de pauvreté, de fatalisme ? Les majorités sont-elles immunisées contre les démagogues et les semeurs de violence ?

mardi 25 décembre 2007

Bon anniversaire Carla

Ce blog peut aussi se permettre des petits clins d'oeil pipolisés... En cette fin d'année, qui a connu son lot de violence et de tourments, une pensée pour tous ceux qui vivent des moments d'intense bonheur sur les bords du Nil...

free music

Toyota

C'est, pour moi, incontestablement, l'information la plus significative de ces dernières années. Toyota est le premier constructeur mondial de voitures en termes de production. Cette marque japonaise dépasse désormais la General Motors et autres constructeurs européens. Un demi siècle après l'anéantissement humiliant du Japon, l'empire du levant prend sa revanche. Il ne l'a pas prise par la violence, il n'a pas cherché à semer la terreur chez ceux qui lui ont infligé sa défaite, il n'a pas pratiqué l'agression verbale, il n'a pas mobilisé sa population par le slogan vengeur et creux, il n'a pas détourné l'attention de ces citoyens vers l'extérieur pour cacher les problèmes intérieurs crées par la nécessité de tout reconstruire... Non, il a consacré tous ses efforts à l'éducation, à la recherche, à l'innovation, à l'observation de ce qui a fait la force de son adversaire. Les japonais ont capitalisé leurs spécificités culturelles et religieuses pour bâtir un système qui encourage l'initiative et le mérite. Ils ne se sont pas fermés sur eux même en se contentant de renvoyer la responsabilité de leur défaite sur les autres...
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le Japon a été interdit d'armée, exclu de présence parmi les grandes nations, obligé à abriter des bases militaires étrangères... Mais tout cela ne l'a pas empêché de se reconstruire et de se placer parmi les plus grandes puissances économiques du monde, sans disposer de ressources pétrolières ou autres...
Aujourd'hui, on parle de Toyota et de la voiture, mais des pans entiers de l'économie mondiale sont dominés par d'autres marques japonaises...
Quelle autre autre revanche pour un nippon que de voir l'américain préférer rouler en voiture japonaise plutôt qu'en voiture américaine?

jeudi 20 décembre 2007

100ème


Billet n° 100, en effet! Déjà! Merci à tous ceux qui ont soutenu ce blog par leurs visites et commentaires... Un billet qu'il ne faut surtout pas alourdir à la veille d'un jour de fête et de repos...

mercredi 19 décembre 2007

Images du pays

Sur l’autoroute Casablanca Rabat, un gros poids lourd s’est renversé sur la chaussée répandant toute sa cargaison sur la surface entourant son point de chute. Des dizaines de tonnes de blé. Cette matière première tant recherchée et appréciée par les marocains, devenue si chère et si encombrante pour notre caisse de compensation et pour nos finances publiques. Quelques temps plus tard, la nouvelle s’est répandue faisant converger vers le lieu de l’accident des troupes de femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, sortis de nulle part, se ruant sur les grains de blé gratuit offert par la compagnie de transport qui n’a pas suffisamment pris soin de son camion ou n’a pas bien choisi son chauffeur… Il fallait voir les récupérateurs déguerpir les uns après les autres, leur sac sur le dos, tels des fourmis portant leur minuscule butin dans leur discipline légendaire…

Depuis la route Agadir Marrakech, on peut voir le village du chantier de l’autoroute en construction. Le tronçon le plus compliqué à réaliser, comprenant même un tunnel. En réponse à l’appel d’offres lancé par le gouvernement marocain, une société chinoise a été choisie pour avoir présenté l’offre la moins chère. Je n’ai pas vu les termes du marché, mais les clauses ne devaient pas prévoir de privilège pour les sociétés marocaines, ni d’obligation pour les sociétés étrangères d’embaucher de la main d’œuvre locale. Du coup, un village immense peuplé de chinois s’est établi en plein territoire montagneux du Maroc, destiné à fonctionner sans doute en autarcie pendant plusieurs mois. Plusieurs interrogations viennent alors à l’esprit : s’agit-il de forçats comme certains le prétendent ? la main d’œuvre locale ne pouvait-elle pas aussi profiter de ces grands travaux d’une manière ou d’une autre ? quelles retombées aura l’implantation de cette armada chinoise sur cette région ?

Sur l’autoroute Casa Marrakech, en plein mois d’août, sous une chaleur torride à plus de 42° C, dans l’endroit le plus désert du parcours, deux gendarmes appuyés sur leurs grosses motos dégustent chacun une glace… Difficile de croire que les motos sont équipées de freezers fonctionnant à l’énergie solaire. Et pourtant c’est la plus plausible des explications puisque aucun magasin n’est en vue. La plus plausible jusqu’à ce que, quelques kilomètres plus loin, notre voiture dépasse un gros camion congélateur. Et tout se clarifie lorsque l’on voit sur ces parois externes de la publicité pour des cornets de glace bien alléchants en cette période de l’année…

lundi 17 décembre 2007

Elite, où es-tu?

Le vieux Aherdane s'en va. Il quitte la politique. Il vient de l'annoncer dans une interview. Après plus d'un demi siècle de va et vient, d'incohérence, cet instrumentalisé manipulateur dit devoir tirer sa révérence. Il s'est bien servi et a rendu bien des services, mais maintenant, il s'en va. Il part avant que la nature ne s'en occupe. Même si avec le personnage, on n'est jamais sûr de rien et on ne peut être à l'abri de revirement, le départ a un arrière goût de frustration et de dégoût. Il voulait bien faire de septembre 2007 le moment de la confirmation de ses ambitions familiales et tribales. Il n'a pas réussi. Il en a été empêché. Alors il en rejette la responsabilité sur les autres. Et il vise très haut dans les sphères du pouvoir. Venant de lui, ces critiques vont être prises pour des compliments, avant d'être tournées en dérision. Il est tellement peu crédible en matière de rigueur et de respect des formes de la gouvernance moderne, que ses leçons ne valent presque rien. Mais il n'empêche! Il n'empêche que souvent, chez nous, les paroles des détraqués ont souvent un sens que les sensés ne clament pas.

Il est clair que ce qui s'est passé durant la journée du 7 septembre et après n'a pas encore fini de livrer toutes les retombées. Déjà, les conseillers du Roi, dans une première du genre, se sont vus obliger à réagir publiquement. Ensuite, le leader d'un grand parti a été poussé vers la sortie... Et maintenant, plus que ce départ mais les paroles qui l'accompagnet, constituent des évènements qui en disent long sur la nécessité de donner au Maroc le paysage politique qu'il mérite. Le Maroc a une élite qui se distingue dans de nombreux domaines de la vie sociale, culturelle et citoyenne. Cette élite a toujours été soit absorbée soit refoulée. Il est temps qu'elle fasse entendre sa voix, là où elle se trouve et là où elle peut faire avancer le pays. En particulier au sein de l'USFP, où au nom d'une vision passéiste, la voie populiste a été toujours privilégiée avec les résultats que l'on sait.

dimanche 16 décembre 2007

Bagarre au Parlement

Dans un précédent billet, il a été question des joûtes oratoires au sein de l'hémicycle marocain et de la bagarre que se livrent nos représentants avec nos langues... Mais tout cela reste feutré et bien pacifique.
Par contre, en Corée du Sud, pays qui nous a ravi le privilège d'organiser une exposition internationale, les joûtes ne sont pas seulement oratoires, comme le montre cette vidéo:

vendredi 14 décembre 2007

Marrakech à Bali

Les négociations sont en cours à Bali pour arracher un accord sur une feuille de route devant mener à l'établissement d'un régime international de lutte contre le changement climatique. Un régime qui devrait déterminer les engagements des pays à l'expiration du protocole de Kyoto en 2012. Les habitués de ce genre de rencontres savent qu'aucune d'entre elles ne s'est achevée à l'horaire prévu à l'origine et qu'il faudra attendre les premières heures du samedi 15 pour connaître le dénouement des négociations à Bali. Nous y reviendrons.

Cette photo montre un des instants décisifs vécus à Marrakech avant de parvenir aux accords qui avaient permis alors de faciliter l'entrée en vigueur du protocole de Kyoto. Sur cette photo, on reconnaît les principaux négociateurs d'alors: Assadi (Iran), Moosa ( Afrique du Sud), Roche (Suisse), Cutajar (Secrétaire exécutif de la convention climat), Wallstrom ( Union européenne) et le représentant du Maroc...


Quel que soit le dénouement de la conférence de Bali sur le lancement de ce nouveau régime, des décisions ont déjà été prises qui vont dans le sens du renforcement de la confiance dans ce processus. Exemple: la mise en place officielle du fonds d'adaptation destiné à assister les pays en développement pour faire face aux effets négatifs du changement climatique. Ce fonds, adopté à Marrakech, sera alimenté par des ressources provenant de la vente de crédits carbone issus de projets montés conjointement par pays riches et pauvres. Autre signe positif: le feu vert donné à la technologie de capture et de stockage du carbone (un genre d'égoûts du ciel) qui permettra d'accompagner l'utilisation du charbon, qui a encore de beaux jours devant lui.


Il ne faut donc pas se tromper de timing. Les élections américaines qui auront lieu l'année prochaine pèseront lourdement sur le processus et font que les autres gouvernements savent très bien que l'actuelle administration ne peut pas s'engager sur des choses trop précises avant cette echéance. C'est le sens que prend par exemple la décision du Danemark d'anticiper sa candidature à l'organisation de la Conférence de 2009. Le gouvernement de ce pays table sur un accord à cette date, un accord qui porterait le nom de sa capitale...

mercredi 12 décembre 2007

Charabia

Très occupé ces derniers jours, le temps m'a manqué pour faire mes visites habituelles chez mes concitoyens blogueurs. En rattrappage catastrophe, je tombe sur ce billet succulent de notre ami Larbi dans lequel il offre une transcription de dialogues (je ne sais pas si on peut appeler cela comme ça!!!) dans notre hémicycle. Bien sûr tout de suite on pense à Tocqueville, ou même plus tôt à Platon affirmant qu'en fait les peuples n'ont que les représentants qui leur ressemblent. Je pense aussi à se Guide Suprême se pavanant dans les palais de la République française, disant n'importe quoi... Mais je pense aussi à notre principal problème, objet d'une discussion animée avec Lamia sur les raisons de nos retards. Je pense tout cela et j'aboutis à cette même et unique conclusion: la langue. Comment communiquer, transmettre, dialoguer, exprimer un sentiment, dire une passion, expulser une colère, faire sentir une émotion, partager un plaisir... Nous raillons toujours nos joueurs de football face aux micros, les micro-trottoirs face à nos citoyens desemparés...Le mot descriptif qui me vient à l'esprit est charabia... Je cherche dans le Littré. Et voilà ce que je trouve:

Terme populaire. Le patois des Auvergnats, et, par extension, tout autre parler qu'on ne comprend pas. Quelquefois l'homme d'Auvergne lui-même.
CHARABIA. - ÉTYM. Espagn. algarabia, algaravia, baragouin, galimatias ; portug. algravia, arabia, même sens ; de l'arabe al-arabîya, la langue arabe, qui semblait à ceux qui ne la comprenaient pas un galimatias, un bruit confus (DOZY).

mardi 11 décembre 2007

Coincidences

Il y a des coincidences troublantes...Ce chiffre ONZE qui revient dans les dates des actes terroristes. 11 septembre, 11 mars, 11 avril, 11 juillet, 11 décembre...Comme aussi peut-être le 2 décembre pour les changements politiques...

Journée importante sur le plan personnel, mais ternie par ces attentats chez les voisins, et donc comme si c'était chez nous. Car quoi qu'on dise de nos conflits, nos destins sont liés. Et pour le moment, dans la douleur et la violence plus que dans la joie ou la construction. D'où vient cette barbarie? D'où vient ce comportement lâche et sans aucune justification? Où sont passés nos analystes? Pourquoi cette absence de courage, cette absence de volonté d'aller jusqu'au bout du raisonnement? Appeler les choses par leur nom? Non ce n'est pas la misère et la pauvreté, ni la richesse et l'opulence, d'ailleurs, qui provoquent ces dérèglements chez les jeunes et obnubilent des pans entiers de nos sociétés...

lundi 10 décembre 2007

Un bon dictateur?

La dépêche Reuters décrit bien le tableau. Complété par ce que rapportent les autres médias. Une tente dressée dans le jardin d'un des palais de la République, des lunettes de soleil Kitsh, un habit traditionnel mais peu pratique, une longévité au pouvoir enviable, une stabilité sans égal, un PIB par tête d'habitant en croissance... Mais aussi des libertés inexistantes, un régime hors du temps, une opacité presque sans pareil... Tout cela s'efface devant les milliards d'euros sonnants et trébuchants des contrats d'achat et de vente d'Airbus, d'armes, de nucléaire (civil, précise-t-on!).

Faut-il croire la ministre française aux droits de l'Homme, qui n'a rien dit quand son président a fait le déplacement sans elle en Chine pour signer d'autres contrats milliardaires, quand elle s'indigne de la coincidence de la date de la visite avec la journée mondiale des droits de l'Homme? Va-t-elle démissionner pour protester contre l'accueil de ce mauvais dictateur et être en cohérence avec son indignation? Et le ferait-elle, qu'est ce que cela changerait-il?

jeudi 6 décembre 2007

Enseignements d'une crise

Dans un précédent billet intitulé « négociations pour un gouvernement : l’USFP joue gros », je finissais mon raisonnement par une question : Placer sa personne ou sauver son parti, quel choix prévaudra chez les leaders ?

Le mauvais choix a été fait et la crise s’installe.
Si aujourd’hui un scrutin libre et transparent est organisé parmi les membres de l’USFP pour élire une nouvelle direction, les résultats seront sans aucun doute en faveur de ceux qui ont verrouillé les appareils et nuit à toute capacité d’attraction de ce parti vis-à-vis de la réussite et de la compétence. Et ceci n’est pas le fruit du hasard. Aucun intérêt, aucun effort sérieux n’ont été accordés à la question de l’ouverture et du renouvellement. Les manœuvriers ont toujours été préférés aux porteurs d’idées, qui ont fini par aller ailleurs, sur la vaste terre de Dieu !

Ceci dit, il faut relativiser les défaillances internes. Car ce qui se passe actuellement à l’USFP est révélateur d’un malaise politique beaucoup plus profond que ce que rapportent les descriptions superficielles auxquelles le public a droit en ce moment.

Les résultats des élections du 7 septembre avaient, par le score de l’USFP et par le taux d’abstention, annoncé les signes évidents de ce malaise.

En réalité, il y a un fossé énorme entre les acteurs politiques et la société marocaine. Un fossé rendu encore plus profond par l’indifférence, l’ignorance totale des véritables enjeux politiques. La politique aux yeux de tous, acteurs et citoyens, n’apparaît plus que comme un moyen de répartir des postes et des positions. Peu importent les contenus, les différences de visions, peu importent les compétences ou les projets, seuls comptent les résultats et la répartition des postes.

S’il est tout à fait naturel que l’élite soit minoritaire, la notre l’est encore plus qu’ailleurs tout en restant, dans sa majorité, cantonnée dans une attitude opportuniste favorisée par le contexte politique et la nature du pouvoir au Maroc. Le champ reste libre alors à des acteurs dont le niveau de formation, le background culturel, la moralité, l’autonomie économique laissent à désirer et ne prédisposent pas à l’action moderniste, ouverte et réellement progressiste.

Tout cela est exacerbé par l’absence de sanction judiciaire contre tous ceux qui ont utilisé les positions acquises par les responsabilités politiques pour s’enrichir et trahir la confiance des électeurs. Les cas Laafoura et Slimani, ou les invalidations de certains élus à la deuxième chambre, trop peu nombreux, n’ont jamais été perçus comme le début d’une action vigoureuse contre la corruption en politique. Tout simplement par ce que la justice n’est pas en mesure de faire son travail.

Pour revenir à l’USFP, cette crise devrait offrir l’occasion de mener une réforme courageuse qui rééquilibre en son sein les rapports de forces. Pour un renouveau qui évite la victoire de ceux qui ne veulent pas d’un grand parti où ils deviendraient petits et qui s’acharnent à rapetisser le parti où ils sont sûrs de rester grands.


Une illustration édifiante de la difficulté de la tâche est donnée par l’échec cuisant de l’initiative de « 2007 Daba ». Pour rappel, il s’est agi d’une ambition louable, partie d’un constat très simple (le Maroc change) pour chercher à concilier les citoyens et particulièrement les (nouvelles) élites avec la politique. Un pont à construire en somme entre deux mondes qui s’ignorent. Au service de cette ambition : des ténors de la société civile, des moyens financiers et techniques importants, une grande médiatisation et tous les attributs de la modernité et de la transparence. En fin de compte l’opération s’est terminée sur un gâchis lamentable ! Aucun des objectifs annoncés n’a été atteint. Pourtant, cette initiative ne cherchait pas à se substituer aux partis existants, elle se proposait même de les faire bénéficier des objectifs qu’elle s’est fixée.

mercredi 5 décembre 2007

Le Maroc et l'indice DH du PNUD

Le Maroc, comme on le sait, a regressé au 126ème rang du classement du Développement humain établi par le PNUD. Cela a été commenté dans les blogs, mais personnellement je n'ai pas vu beaucoup de débats, ni lu d'articles qui auraient dû être nombreux pour éclairer citoyens et décideurs sur cette question. Il faut dire que le microcosme est occupé à fouetter d'autres chats et que ces questions de développement humain, ou développement durable, pensent-ils, n'intéressent pas grand monde dans ce pays. Il est quand même plus vendeur de présenter, commenter, polémiquer, aiguiser l'immédiat et le sensationnel, comme à l'occasion de ce fameux vrai faux mariage d'homosexuels à Ksar el Kébir!



Ceci dit, quelque chose me turlupine dans cet indice du DH (à ne pas confondre avec l'abréviation de notre monnaie). Comme chacun a dû déjà s'en apercevoir je ne fais pas partie de ceux qui pratiquent le sport très répandu chez nous de tout justifier ou tout expliquer par n'importe quels arguments fallacieux et qui conduit à ne pas faire d'effort et à créer les conditions de la démobilisation.

Mais lorsque l'on regarde ce tableau comparatif paru dans le Monde du mercredi 5 décembre sur les performances du Maroc et de l'Algérie, les questions se bousculent...



Comment se fait-il qu'avec des résultats meilleurs sur presque tous les critères retenus par ce journal (innovation, compétitivité, formation des salariés, qualité du système éducatif, dépenses éducatives, infrastructures), le Maroc se classe bien derrière l'Algérie en DH?

Les chiffres, les données, les indicateurs sont-ils fiables? S'ils le sont, les responsables et décideurs marocains devraient mener une enquête d'urgence pour savoir pourquoi tous ces efforts ne donnent pas de résultats sur la santé, le niveau d'éducation et le niveau de vie. S'ils ne le sont pas, il nous faut trouver les bons...

mardi 4 décembre 2007

Un mauvais dictateur?

Enigme! Toutes les conditions d'un régime dictatorial sont réunies. Les milliers de gens embrigadés qui défilent en chemise rouge. Les discours fleuves. La nature des slogans. Un passé putshiste. Le seul soutien acharné de Castro. Fort de ses revenus tirés du pétrole, presque unique source de richesse, il narguait tout le monde et a même réussi à sortir le roi d'Espagne de son flegme. Pour confirmer tout cela, et pour durer le plus longtemps possible comme tout bon dictateur qui se respecte, il organise un réferendum pour se plébisciter. Mais voilà, les urnes donnent un autre résultat. Contrairement à Poutine, qui a bien su mener les choses, ou à d'autres bons autres dictateurs qui font correspondre leurs plans avec l'avis de 99 % des votants, Hugo Chavez, actuel président du Vénézuela a reconnu sa défaite. Provisoire, certes, comme il a commenté lui-même, mais une défaite tout de même. La suite nous en dira plus!

dimanche 2 décembre 2007

Changement de leadership à l'USFP

Le bureau politique de l’USFP se réunit régulièrement ces derniers temps pour examiner la question du leadership du parti. Une réunion déterminante doit normalement avoir lieu mardi pour valider un texte qui devrait offrir une issue acceptable aux différentes composantes de cette instance dirigeante. Il faut dire que la situation ne pouvait plus durer. Après l’échec électoral et la mauvaise gestion de la participation au gouvernement, et surtout la dégradation de l’image du parti et de son fonctionnement interne, les responsabilités devaient être identifiées et des mesures courageuses devaient être prises.

Il est évident que tous ceux qui poussent dans ce sens ne sont pas tous exempts de tout reproche, ni qu’ils sont capables de faire mieux dans l’avenir. Mais, il est urgent de sortir de cette logique qui veut que puisqu’on n’a pas mieux on doit faire avec le pire ! Il faut que, pour une fois, lorsque l’on dirige et lorsque l’on prend la responsabilité de mener des négociations, on soit soumis à évaluation, prêt à assumer et à rendre des comptes. Il faut surtout produire un électrochoc susceptible de réveiller et revigorer ce qui reste des troupes.

Quatre ans après la publication du contrat déterminant les exigences du leadership (voir billet du 23 novembre), rien n’a été réalisé. Bien au contraire, la situation n’a fait qu’empirer.

En fin de compte, nous n’avons pas eu droit à ce leader qui fédère, qui prend soin des troupes, qui élargit les bases, qui crée des groupes de réflexion, qui n’épargne pas d’effort pour que ne s’allonge pas la liste des errants sur la vaste terre selon le principe ‘Ardou allah ouassi3a’ !

Et comme si nous avions besoin de preuve supplémentaire, ce qui vient de se passer à la Chambre des députés ne fait que confirmer ce qui n’avait même plus besoin de l’être. En pleine bataille à l’occasion des discussions sur la loi de finances pour la défense des intérêts des couches sociales que représente le parti, le chef est apparu en retrait par rapport à ses députés. C’en était trop !!!

Maintenant il faut s’atteler à la tâche véritable de la reconstruction. D’urgence !