jeudi 31 janvier 2008

Exclusif


Dernier jour de janvier, déjà!!! Beucoup de promesses mais aussi d'incertitudes...Des surprises aussi. Comme ce matin, cette photo prise par un amateur, passant dans les rues de Rabat...Un jet d'eau à la genevoise, provoqué par le creusement en cours de la voirie pour le Tramway. Que d'eau! Avec arc-en-ciel en prime!
Non, je n'arriverai pas à penser à autre chose. Non, la vérité ce n'est pas de cela que je voulais parler. Oui, il y a matière à partir de ce cliché pour dénoncer le manque de professionnalisme des chargés de ce chantier du tramway qui fait perdre tant de temps et d'eau aux populations...Oui, on peut également s'amuser de l'attroupement spontané et rapide des passants... Mais ce matin, l'essentiel n'est pas là. Le plus choquant ne vient pas de cette information qui passera inaperçue, certainement. Le plus inquiètant vient d'ailleurs. Du sommet. Du dialogue par presse interposée entre deux leaders politiques, les plus gradés du gouvernement.
Voici ce que rapporte un journaliste de la bouche du premier ministre: «Je ne me suis jamais — au grand jamais — réuni avec Driss Jettou et Mohamed Elyazghi au sujet de l’attribution de postes de ministres, et encore moins au sujet de Fathallah Oualalou et de son maintien, ou non, au ministère des Finances.»
Qui dit vrai? Les deux probablement! C'est pour cela qu'ils cohabitent si paisiblement depuis bien longtemps!

lundi 28 janvier 2008

Décalages

Le journal "L'Economiste" de ce jour décrit l'état de satisfaction et de confiance dans lequel se trouvent les patrons marocains pour l'année 2008. Une information corroborée par les signes de richesse qui s'étalent de plus en plus dans les rues et avenues des quartiers huppés de certaines de nos villes. Voitures de luxe, magasins franchisés qui ne désemplissent pas, le prix du mètre carré qui ne cesse de croître: il est vrai qu'il y a de l'argent qui circule. Mais ces signes peuvent être trompeurs et ne pas inciter à la tranquillité.
D'abord parce que des catégories entières restent exclues de cette "circulation". Sans parler des couches les plus pauvres, il n'y a qu'à voir, par exemple, les pertes de pouvoir d'achat créées par une petite mesure prise, et passée inaperçue, dans le cadre de la loi de finances 2008 et qui touche déjà les classes moyennes. La TVA sur le leasing des voitures qui a doublé sans déranger les propriétaires des gros 4x4, mais qui sera lourde pour les propriétaires des Logan, juste au moment où un vent de satisfaction soufflait avec le cap dépassé des 100 000 voitures vendues...Ensuite, parce qu'un décalage énorme se creuse entre cet univers et le monde de la décision politique et de l'administration publique. En politique par exemple, deux évènements qui ne contribueront pas à faciliter la visibilité. Un parti qui décide de tenir un congrès ordinaire, avec des modalités extraordinaires, histoire de ménager le choux et la chèvre. Et un mouvement qui lance l'adhésion en ligne, pour récupérer tous ceux qui pourraient en avoir marre du choux, de la chèvre et du reste...

vendredi 25 janvier 2008

Maroc-Guinée à Davos

Très tôt ce matin, après la défaite footballistique d'hier, les news internationales sont ce qu'elles sont. Encore une bombe à Beyrouth, les Gazaouis continuent à fuire le blocus par milliers vers l'Egypte et les présentateurs ont retrouvé leur mine réjouie face à la réussite de l'opération sauvetage des bourses mondiales par les institutionnels américains...Mais les news branchées viennent de Davos, où Gates appelle à un capitalisme créatif, mais où aussi une série de rapports sont rendus publics. L'occasion pour nous de nous situer dans ce monde si bouleversé. Allez, voyons ce que dit ce rapport sur la compétitivité globale et surtout le classement qu'il donne de 131 pays. Le Maroc progresse d'un rang pour occuper la 64ème place, derrière la Tunisie, 32ème, mais devant l'Egypte, 77ème ...et surtout, surtout beaucoup mieux que la Guinée, qui ne figure même pas dans le classement!
Au top, toujours les mêmes...Mais le classement du Japon (8) par rapport à la France (18) retient mon attention. Tout simplement par ce qu'il me rappelle un sketch des Inconnus sur la comparaison enre les économies de ces deux pays, il y a de cela plus de vingt ans... Alors un moment de détente dans ces temps mitigés:

mercredi 23 janvier 2008

Loin des sentiments


Comment ne pas réagir à ce qui se passe à Gaza ? Et que dire ? Répéter les mêmes lamentations devant les atrocités commises par l’ennemi ? Entonner les mêmes slogans dénonciateurs, évoquant l’âme et le sang à l’unisson avec les plus rétrogrades ?

Souvent dans ces cas, je m’abstiens de trop consommer les commentaires occidentaux pour ne pas me laisser influencer par leurs commanditaires, plus proches de l’ennemi ! Je fais de la résistance à ma manière. Alors je me réfugie au Liban. Ce pays martyr, qui se voulait un modèle de diversité et de tolérance, la locomotive intellectuelle du monde arabe, le symbole de la réussite économiques sans ressources pétrolières, et qui est aujourd’hui en ruines, en proie aux convoitises des voisins…Je lis Assafir, car j’y trouve souvent des points de vue empreints d’objectivité et de bon sens. Un édito signé Houssam Aitani et intitulé : « Gaza, loin des sentiments ». Voici quelques extraits (excusez la traduction improvisée…) :

La cause palestinienne, n’est pas humanitaire, comme le pousserait à le penser l’actualité, elle est fondamentalement une affaire politique qui reflète tous les échecs de la région.

Il ne sert rien de continuer à blâmer l’ennemi, qui œuvre pour ses intérêts, si en premier lieu nous ne sommes pas capables de prendre conscience de nos intérêts propres, dans un monde qui ignore tous ceux qui n’en connaissent pas les lois.

Le pire, c’est que, pour confirmer la justesse de leur position face à l’occupant, les arabes font appel aux idées éculées, à l’opposé de la modernité. Comme le rappel de l’islam, sous une forme déformée produite par des cerveaux qui n’ont pas résisté au choc avec la modernité, pour constituer la solution unique à tous les problèmes des arabes.

Infantilisme politique qui renvoie tous les malheurs sur le complot de l’Occident, l’inconsistance des dirigeants arabes ou la corruption des régimes arabes. La justesse de ce diagnostic ne suffit pas pour expliquer les défaites successives depuis plus de soixante ans. Toute critique de la défaite passée prépare le terrain à la défaite suivante.

La relation ambiguë avec l’occident conduit à servir l’Occident colonialiste et à ignorer totalement l’Occident éclaireur.

dimanche 20 janvier 2008

A propos du mouvement d'El Himma

L’initiative prise par Ali El Himma de lancer ce qui n’est encore qu’ « un mouvement de tous les démocrates », a soulevé, à juste titre, beaucoup de commentaires. La concomitance de l’évènement avec les difficultés que traversent les principaux partis politiques marocains ajoute de la matière, surtout depuis la révélation au grand jour de ces difficultés par le scrutin du 7 septembre…

Jusqu’à présent, deux types de commentaires. Avec beaucoup de nuances bien entendu dans chacun des deux camps. Le premier, dénonciateur, met en cause les distorsions que cette initiative peut provoquer, découlant de la proximité de l’initiateur avec le roi et donc avec tous les milieux influents du pays. Le second, approbateur, avance le droit de tous à l’action politique, la fragilité des partis classiques et leur impuissance à contrer la vague islamiste et la nécessité de remplir l’espace social et politique qu’ils ont abandonné. Le premier rappelle, bien entendu, les expériences passées du FDIC de Guédira, du RNI de Osmane, ou de l’UC pour prophétiser l’échec de l’initiative. Le second évoque le contexte plus démocratique du moment et le manque d’encadrement de la société par les partis, en comparaison avec ce qui se passait lors des précédentes tentatives pour augurer un sort meilleur.

A mon avis, il y a place pour une lecture moins tranchée, moins manichéenne. Il faut tout d’abord rappeler que la situation politique actuelle ne supporte plus le statu quo. Et surtout ce clivage qui s’approfondit entre les partis et l’élite marocaine. D’un côté vous avez des structures avec des valeurs, une histoire, une implantation même relative, mais des structures qui se sont fermées sur elles mêmes, n’acceptant aucune mise à niveau. D’un autre vous avez des générations de personnes compétentes, ambitieuses qui veulent servir leur pays et s’engager politiquement mais qui ne se retrouvent pas dans ces structures. Des opérations commando ont été tentées pour ériger des ponts entre ces deux mondes mais la méthode employée fait que ces quelques hirondelles ne font et ne feront pas le printemps politique marocain…

A la lecture du document et des noms des signataires lançant l’initiative du nouveau mouvement, je ne vois rien de bien nouveau. Les mots employés et les profils des signataires meublent déjà notre scène politique. Tout cela aurait très bien pu cadrer avec la nécessaire refondation de l’USFP et de la gauche, en général. Bien sûr, je ne parle pas de l’USFP, ou de la gauche, dans leur état actuel. Mais de cette gauche à construire avec les valeurs de progrès, de modernité et de démocratie, celles-là même qui sont évoquées dans le document.

En Espagne, lorsqu’il a été décidé que l’avenir du pays était dans, et seulement dans, le système de la monarchie démocratique et lorsqu’il a été clair que le paysage politique ne devait être laissé aux seules tendances structurées et présentes sur le terrain à l’époque : les franquistes et la gauche (y compris les communistes), l’initiative a été prise par Suarez, ami du Roi, de créer un parti qui occuperait le centre droit dans l’intérêt de tout le système politique espagnol. Voici ce qu’en dit Guy HERMET, dans son livre « l’Espagne au XXème siècle », qu’il est recommandé de lire et relire :
« Ayant consolidé la légitimité de la transition démocratique grâce au charisme royal et à la popularité personnelle qu’il acquiert en peu de mois, Adolfo suarez n’a plus qu’à parfaire son dispositif électoral. A cet égard, son objectif est d’assurer la victoire incontestable d’un parti gouvernemental modéré et dominant, doté d’une assise assez comparable à celle du parti gaulliste dans la France des années 1960 : tel est le rôle promis à l’Union del Centro democratico (UDC), formé en un tournemain et de manière sans doute trop expéditive au début de 1977. »

Trente ans plus tard, la démocratie est bien installée en Espagne avec déjà trois alternances réussies. En 1982 entre UCD et PSOE, en 1996, entre PSOE et PP (héritier de l’UCD), puis entre ces deux partis en 2004, avec la disparition des amis du Roi et l’apparition de leaders qui n’avaient eu aucun rôle dans l’installation de la démocratie espagnole comme Aznar, Zapatero et d’autres…

Bien sûr, le Maroc n’est pas l’Espagne… Mais si une leçon devait être retenue, c’est bien celle de l’espace à occuper par toute nouvelle formation, et le rôle qui lui est promis. En termes de projets et de ressources humaines. Aujourd’hui le camp de gauche a besoin d’être renforcé, rassemblé. Le camp du progrès et de la modernité n’a pas besoin de subir de nouvelles divisions. Aujourd’hui, il y aurait par contre besoin d’un grand parti conservateur démocrate qui contrecarre les visées hégémoniques des islamistes et qui crée l’émulation et les conditions des véritables alternances politiques, seules garantes de la stabilité du régime démocratique.

vendredi 18 janvier 2008

Education, justice, où va-t-on?

La scène politique marocaine donne une piètre impression en ce début d'année et en ce début de mandat législatif. Au lieu des chamailleries entre personnes et des réglements de compte auxquels il nous est donné d'assister chaque jour, pourquoi est-ce que cette énergie n'est-elle pas consacrée à la réflexion et à la proposition dans les domaines qui touchent l'avenir même de ce pays, comme l'éducation et la justice?

Dans sa rubrique du jeudi, le directeur du quotidien Aujourd'hui le Maroc a commis un commentaire assez pertinent à la suite du jugement rendu dans l'affaire de Ksar El Kbir. Extraits:
Quand la justice commence à veiller sur l'ordre moral dans les chambres à coucher, les salons, les fêtes familiales, les domiciles privés, cela porte un nom. C'est l'oppression. Quand la justice se mêle des relations privées entre adultes consentants qui assument leurs liens dans des espaces non-publics, cela a un nom, aussi. C'est l'asservissement. Le juge est, peut-être, indépendant mais le citoyen est libre. La vocation de la justice est de protéger la société contre toute dérive fasciste. Elle doit, également, protéger les libertés individuelles dans leur entièreté et non pas, comme dans ce triste cas, céder au chantage et à la pression illégitime des intégrismes.

Le même jour, le quotidien L'Economiste, publiait un article sur l'utilité de la réforme entreprise dans l'éducation. Extraits:

Le bilan de la réforme initiée en 1999, et pilotée par la Cosef (Commission spéciale Education et formation), est désolant, ..., Même si l’accès à l’école a été généralisé pour les tranches d’âge de 6 à 11 ans (jusqu’à 100% dans certaines villes comme Casablanca, Rabat et Marrakech), les taux vont en s’amenuisant à fur et à mesure que l’on avance dans les tranches d’âge. De 12 à 14 ans, par exemple, le taux passe à 74,5%. De 15 à 17 ans à 48%, et de 19 à 23 ans à seulement 12%. Alors que dans d’autres pays ce dernier taux est bien plus élevé. Il est de 36% en Tunisie, de 24% en Algérie et de 43% en Europe... Concernant l’abandon scolaire, le constat est amer. Plus de 380.000 enfants ont quitté l’école avant l’âge de 15 ans en 2006.

mardi 15 janvier 2008

Bravo Abou-Dhabi


Lors de sa tournée au Moyen-Orient, le président Bush a été invité par les autorités d’Abu-Dhabi à découvrir la maquette de la ville du futur qu’ils projettent de construire dans le désert de leur Emirat. Les détails sont donnés dans cet article d’une revue électronique spécialisée.

Cette ville qui devrait être opérationnelle en 2012, portant le nom de "Masdar City", sera la première ville de la planète sans émissions de CO2, sans déchets et sans voitures polluantes, selon les critères fixés pour un développement durable par l'ONG internationale WWF, partie prenante du projet.
L'électricité pour la ville de 6 km2 et 40 000 habitants sera produite par des cellules photovoltaïques. L'eau proviendra d'une usine de dessalement fonctionnant à l'énergie solaire. Les espaces verts à l'intérieur de la ville et les cultures à l'extérieur seront irrigués par les eaux usées passées par l'usine de retraitement.
Pour atteindre l'objectif "zéro carbone", seules seront utilisées des énergies renouvelables (énergie solaire, éolienne, photovoltaïque). A l'intérieur de la ville, seuls les transports publics circuleront et pour les transports avec l'extérieur, des mesures d'économie et de partage des véhicules seront mises en oeuvre.
Par ailleurs, les ordures seront recyclées ou compostées. Dans la construction des bâtiments, des matériaux recyclables et réduisant la consommation d'énergie seront utilisés.

Une vidéo de promotion de cette ville du futur peut être visionnée ici.

Ce genre de projets, en ces temps de fanatisme et d’humiliations, est digne d’être signalé et salué. Il démontre que le retard que notre région a pris par rapport au monde développé peut être comblé, et que l’on pourrait même, avec les moyens financiers disponibles, envisager de faire plus…
D’un autre côté, il est vrai aussi que cette initiative, qui vient après d’autres réussites dans les domaines économiques et financiers, est née de la volonté et des richesses des dirigeants de cet Emirat et que l’on ne mesure pas vraiment l’impact qu’elle peut avoir sur le développement de toute la région et de manière durable. On peut s’interroger par exemple sur le devenir de ce pays et de ces réussites, compte tenu de sa politique de fermeture à toute immigration, et à toute intégration, dans un contexte de natalité décroissante !

Lorsque les réunions de la Ligue arabe sortiront de leur train-train habituel et se mettront à examiner les voies et moyens de faire profiter de ce genre de conquêtes l’ensemble des pays qui la composent, à ce moment-là, l’espoir pourrait être permis !

lundi 14 janvier 2008

Ruines

Dans le billet précédent, je laissais réagir mon côté optimiste à la suite de la réunion du Conseil national de l'USFP. Cette réunion a eu le mérite en effet de sauvegarder l'unité de ce parti. Mais ceci ne doit pas occulter les difficultés qui restent à surmonter. Et elles sont nombreuses et ne dépendent pas seulement de la volonté des membres de ce parti.

Le mot qui titre ce billet est certainement à l'origine du mot rouina, utilisé communèment dans notre langue darija pour décrire une situation de désordre, d'absence de règles, d'incohérence... Après l'optimisme d'hier, l'impression d'aujourd'hui est celle d'être face à un champ de ruines...dans une véritable rouina, où tout est à reconstruire, sans que les architectes, les maçons, soient au rendez-vous!

Lorsque l'on regarde ce qui se passe sur la scène politique marocaine, on est en droit de se demander si l'action politique a encore véritablement un sens. Lorsque l'on nous dit que les partis ont décliné les portefeuilles à problèmes, tel que celui de l'éducation, lorsque l'on voit que la responsabilité gouvernementale est disjonctée par rapport à l'action sur le terrain, lorsque des budgets astronomiques sont alloués à des chantiers énormes sans que personne ne commente ni émette d'avis sur leur opportunité...

Lorsque l'on voit tout cela, on est tenté de considérer la décision prise (voir article ici), mais pas encore commentée à ma connaissance, de confier au cabinet d'audit KPMG le suivi et l'évaluation des projets lancés par le Roi, comme une décision tout à fait compréhensible. Evidemment on peut longuement glauser sur le fait de savoir si ce comportement est à l'origine ou est une conséquence de la faiblesse des partis et de la classe politique. Mais le résultat est le même: rouina!

samedi 12 janvier 2008

L'Usfp sauve son unité

Les travaux du Conseil National de l’USFP viennent de se terminer. Après deux jours de débats, parfois houleux, le parti a pu garder son unité et tourner une page de son histoire sans trop de dégâts. Les observateurs non avertis peuvent minimiser l’importance de ce Conseil, puisqu’il n’y a pas eu de décisions spectaculaires. Mais en réalité, l’avenir reste à construire. Tout d’abord, il n’y a pas eu de vote démissionnant le bureau politique. Ceci peut paraître négligeable, mais pour cette période de transition, et sans prendre la défense d’une direction qui été souvent défaillante, il était important de ne pas plonger dans une période pleine d’incertitude. Ensuite, il n’y pas eu de mouvement de restauration ni de retour sur la démission de l’ex premier secrétaire, qui aurait aggravé les divisions et exacerbé les conflits entre clans. La décision, enfin, a minima, de tenir dans deux semaines une réunion spéciale du Conseil National pour lancer l’organisation du 8ème Congrès permet d’envisager l’avenir avec un certain optimisme.

mardi 8 janvier 2008

Une vitrine qui en dit long




C'est la photo d'une vitrine tout à fait quelconque dans le paysage urbain marocain, qui ne choque pas, qui n'attire plus aucun commentaire. Et pourtant, cette vitrine, ou plutôt ce qu'elle expose, est révélatrice de la situation intellectuelle dans laquelle se trouve notre pays, comme l'ensemble des pays arabes. Cette vitrine d'un buraliste, en plein quartier chic de la capitale, reflète l'état dans lequel se trouvent notre production et nos goûts "littéraires". Le passé, l'irrationnel, la religion comme moyens uniques d'expliquer et comprendre le présent et le futur...
Si victoire il y a de l'intégrisme, elle n'est pas seulement matérialisée par l'annulation du Rallye Dakar ou par le procès de Ksar el Kébir. Elle n'est pas seulement reflétée par le nombre d'attentats et de victimes revendiqués par les fanatiques. Cette montée de l'intégrisme est intimement liée à la crise intellectuelle que traverse notre région arabo-musulmane. Elle s'en nourrit et elle l'alimente en même temps.

Le classement du Maroc dans le rapport 2007 sur le développement humain est certes inquiétant sur le plan national. Il doit pousser tous les responsables à revoir leurs stratégies dans le sens d'une plus grande prise en compte de l'être humain, pour sa formation, son autonomie dans la société. Mais ce travail lorsqu'il sera réellement pris au sérieux, il devra aussi accorder tout l'intérêt à l'épanouissement et à l'émancipation de l'individu. Ce classement médiocre est aussi à placer dans son contexte, déjà décrit par le rapport 2004 sur le développement humain dans le monde arabe, et qui nous classait loin derrière les autres pays, en termes de livres produits ou traduits, de journaux vendus, ou de connexions à Internet et autres critères culturels.

Le développement, le progrès, la modernité, la confiance en l'avenir ne se mesurent pas en PIB (qui est très élevé dans l'ensemble arabe)... Une évidence qui faisait l'objet d'un échange qui a eu lieu en 1883, et qui reste d'actualité, entre Ernest Renan et Jamal Din Al Afghani sur les raisons du déclin du monde arabe. Malgré les excès du philosophe français soulignés par le réformiste musulman, tous les deux étaient déjà d'accord pour dire que l'essor philosophique et scientifique ne reprendra librement chez les peuples musulmans que s'ils se dégagent de l'emprise serrée de la religion.

Voici d'ailleurs ce que disait Al Afghani dans sa réponse à Renan: "toutes les fois que la religion aura le dessus, elle éliminera la philosophie"..."surtout si elle est servie par le despotisme"...

dimanche 6 janvier 2008

Leadership à l'USFP: le véritable problème

La semaine qui commence pourrait être décisive pour l'histoire de l'USFP. Si l'on avait une vie politique structurée, on aurait assisté à des débats, à l'affrontement d'idées et surtout à l'incarnation d'orientations précises pour l'avenir par diverses personnalités de ce parti. Bien sûr, il y a l'apparition par-ci, par-là, de textes, d'appels, de communiqués...Des militants sincères, pour la plupart, s'ingénient à trouver les mots justes pour mobiliser et dépasser la crise. Mais à la lecture de cette littérature, il n'y a rien de bien nouveau. Les bonnes intentions ne font pas le poids face aux rancunes, aux divisions, aux frustrations.

Quelques mois avant la tenue du 7ème Congrès de l'USFP, en octobre 2004, un groupe de militants avait fait l'effort de rédiger un document en sept axes pour enrichir le débat. Ce groupe pensait, sérieusement mais peut-être trop naïvement, que l'heure des idées était venue et qu'enfin, au sein du parti, six ans après le changement qui devait suivre la participation au gouvernement, place pouvait être faite aux porteurs de projets et de vision. Rien de cela ne se produit. Le document a bien entendu été exploité pour alimenter et embellir les textes cuisinés à la traditionnelle, mais à l'heure des décisions importantes, les réflexes du passé ont vite repris le dessus. Aucun renouveau n'eut lieu, bien au contraire. Une occasion manquée qui marque le début de la descente aux enfers du 7 septembre.

Ce rappel n'apporte rien de nouveau. J'en conviens. Car le diagnostic est maintenant connu de tous. Le véritable problème n'est pas là. Il n'est pas dans la recherche, uniquement, des responsables qui ont conduit à cette situation. Le problème c'est l'absence de relève au sein de ce parti. Où sont les femmes et les hommes capables, aujourd'hui, de rassembler, de mobiliser à l'intérieur et de jouer les intermédiaires lucides et positifs avec les autres composantes du champ politique marocain? Ils existent certainement. Mais par quels mécanismes organisationnels, incontestables et transparents, pourraient-ils émerger?Ceux qui ont conduit à la crise d'aujourd'hui accepteront-ils de laisser le jeu de la concurrence ouverte des projets se faire pour leur trouver des successeurs?

Si, au cours, du Conseil national du 11 janvier, une décision importante devait être prise, c'est bien celle d'organiser le 8ème congrès selon de nouvelles méthodes pour en faire le congrès de la véritable refondation.

vendredi 4 janvier 2008

Munich-Dakar

Dans le Figaro de la semaine dernière, un article provocateur indiquait tout le bénéfice que tiraient les intégristes de la démocratisation en cours en Mauritanie. Avec l'annulation du Dakar, les intégristes enregistrent une victoire éclatante sur tout un système de valeurs. Malgré tous les reproches que l'on peut faire à ce Rallye automobile, on ne peut que regretter que ses organisateurs aient cédé devant les menaces terroristes, "légitimées" par le Quai d'Orsay. Demain, serions-nous amenés à annuler nos festivals de cinéma, nos autres compétitions sportives et autres évènements qui ne seraient pas du goût des intégristes?... A la veille de la seconde guerre mondiale, et face à la montée du nazisme, des dirigeants occidentaux s'étaient rendus à une rencontre à Munich dans une tentative de composer avec le régime hitlérien pour se préserver contre ses menaces. On connaît la suite...

jeudi 3 janvier 2008

Caucus

Ce soir commence le processus d'élection du président des Etats-Unis d'Amérique. Un processus, bien complexe et très coûteux, qui doit durer dix mois et comporte plusieurs étapes, aussi bien pour le camp des démocrates que pour celui des républicains.
Ce soir, donc, dans les églises, écoles et autres lieux publics de l'Etat de l'Iowa, se tient le premier caucus. Un mot d'origine indienne qui signifierait "consultation" et désigne très pertinemment les opérations de ce soir qui seront d'une grande importance pour la suite.

Toutefois, ce soir dans l'Iowa, il ne sera question ni d'urnes, ni de bulletins de vote. Mais uniquement de discussions, dans un camp comme dans l'autre, pour désigner par la persuasion, le candidat "viable" jugé capable de mieux représenter son camp face à l'adversaire.
Voilà donc un procédé, qui pourrait être qualifié de participatif, ou de choura, et qui est bien propre à la démocratie américaine, pratiqué nulle par ailleurs, selon des traditions bien établies.
Bien sûr, le système américain n'est pas parfait et les critiques qu'il suscite sont connues de tous. Mais c'est un système qui a tout de même le mérite de permettre la stabilité institutionnelle et qui jouit de la confiance des populations. Pour une raison très simple: il a été choisi et mis en pratique par les citoyens, s'inspirant de l'histoire et des spécifités de ce grand pays. Il n' a été ni imposé, ni importé.

Dans un précédent billet, je posais la question de l'utilité des élections en tant que technique de désignation des dirigeants. Surtout lorsque cette technique ne puise pas sa légitimité dans les réalités du pays. L'actualité étant têtue et cruelle, elle vient de confirmer par ce qui se passe au Kenya, la pertinence de cette question.