mardi 30 décembre 2008

Mes voeux pour 2009 (3/3)

Santé, bonheur, succès, santé et santé encore...
Ce sont mes voeux pour la nouvelle année à vous tous qui passez de temps en temps dans cet espace personnel et ouvert...
Trêve de mots: voici quelques photos du pays...







dimanche 28 décembre 2008

Mes voeux pour 2009 (2/3)

Le parti de l’USFP fêtera en septembre 2009 le cinquantième anniversaire de sa constitution.

C’est pour ce parti central de la scène politique marocaine l’occasion de faire un bilan et de dresser l’état des lieux. J’espère que l’actuelle direction fera le nécessaire pour célébrer cet anniversaire avec lucidité et clairvoyance.

Pour ma part, en tant que militant de ce parti depuis de nombreuses années, un militant qui a tant donné et qui a tant reçu de ce parti, le constat est alarmant et triste : la situation n’est pas reluisante. La combativité des années 60 est perdue. Le lustre des années 70 et 80 est terni. La position dans la société des années 90 est érodée. La solidarité interne est émiettée. Les structures locales sont en panne et les relais ne fonctionnent plus.

Si l’objectif bien compris de chaque parti est d’arriver au pouvoir, l’USFP a durant des années fait croire que cela ne l’intéressait pas. Ce parti a longtemps fait son travail d’opposition, sans concession, en protestant, en critiquant et en répétant le fameux slogan : les sièges ne nous intéressent pas.

Mais au contact du pouvoir, la transformation appropriée n’a pas eu lieu et le revirement a été fatal. Associé aux commandes, de manière très limitée et contrôlée, à la faveur d’un compromis de transition, le parti de l’USFP ne se battait plus que pour se maintenir, que pour ne pas se faire exclure, aussi réduite que pouvait être la parcelle de pouvoir qui lui était attribuée. A défaut d’exercer le pouvoir, ses représentants ne visaient plus qu’à s’y maintenir.

Mon vœu pour 2009 est que cette situation se clarifie et que les conséquences soient tirées, pour qu’une véritable alternative soit proposée. Sans nuisance ni complaisance.

Que l’USFP, élargi, rénové, devienne un parti qui n’est pas là pour rassurer, mais pour assurer la mission de parti vigilant contre les excès et les dérives, un rôle d’avocat des catégories sociales exclues, de porte-parole des élites attachées au développement et à la modernisation de leur pays. Un parti défenseur de l’option social-démocrate qui démontre chaque jour, partout, qu’il est possible de présenter une offre politique structurée capable de sauver le Maroc du danger intégriste réactionnaire et de la dérive mafieuse.

mercredi 24 décembre 2008

Mes voeux pour 2009 (1/3)

C’est la période des rétrospectives (en voici une, bien faite) et des vœux.

Pourquoi ne pas sacrifier à ce rituel ? La fin d’une année et le début d’une autre : c’est l’occasion idéale de rêver, de se détacher du quotidien et de se demander : que souhaite-t-on vraiment que cette nouvelle année nous apporte ? Pas pour soi-même, ni pour son entourage, cela relève du personnel, de l’intime. Mais pour le pays, pour son avenir proche.

Je me suis posé cette question et je ne vous cache pas que j’ai eu du mal à m’engager. Il ne faut pas être trop généraliste, pas trop ambitieux, pas prétentieux. Il faut tenir compte de la situation, des contraintes. Rêver, d’accord, mais pas trop ! Rester dans le réel, il le faut, mais en se projetant dans l’avenir.

Finalement, je me suis décidé. Je plonge. En me limitant à deux sphères. Chacune fêtant un anniversaire.

La première, c’est la monarchie qui, en juillet prochain, célébrera le dixième anniversaire de l’intronisation de Mohamed VI.

Institution principale, majeure, incontestée, incontournable. Une institution qui, dans l’intérêt du pays et des citoyens, doit être forte, engagée dans les grandes causes et disposer des moyens et des ressources pour jouer ce rôle central. Une institution indispensable dans les pays arabes, il faut croire, puisque là où elle n’existe pas, elle est inventée de toutes pièces, par tous stratagèmes.

Mon vœu pour l’année qui vient, et celles qui suivront probablement, est que cette monarchie se transforme encore davantage.

Qu’elle n’écoute pas seulement ceux qui lui décrivent le salut uniquement dans la poursuite des traditions ancestrales. Qu’elle ne se range pas toujours du côté de ceux qui lui conseillent de s’impliquer dans toutes les affaires, petites et grandes, du pays.

Qu’elle soit juste, équitable, efficace et transparente.

Qu’elle édicte, sur ces bases, ses règles de fonctionnement et qu’elle les annonce publiquement.

Qu’elle délimite clairement ses champs d’intervention, en dehors des enjeux immédiats, afin de libérer toutes les énergies, encourager les talents et développer la créativité.

Qu’elle clarifie sans plus tarder ses relations avec la justice, le monde des affaires, les partis politiques, le gouvernement. Que les missions et rôles des conseillers et les procédures de nomination aux postes de haute responsabilité soient fixées et connues de tous.

Ce n’est pas seulement une affaire d’amendement constitutionnel. Cela doit se faire, bien sûr. Mais c’est surtout une affaire de pratiques et de gestes visibles, inspirés du bon sens et des acquis universels, acceptés par tous, sans ambiguïtés. La monarchie et le roi disposent du pouvoir de l’exemple. Un pouvoir immense. Le gouverneur, le caïd, le ministre, quiconque détient une parcelle de pouvoir garde les yeux rivés sur cet exemple et s’en inspire dans son comportement quotidien, en bien parfois, mais en mal trop souvent.

Notre région est à la veille de bouleversements majeurs. Le règlement de l’affaire du Sahara marocain est crucial pour le Maroc. Il est, comme chacun sait, lié à la situation en Algérie, qui  bâtit son prestige, sa nuisance et ses relations sur l’exportation du Gaz et du Pétrole. Mais le monde change. La nouvelle administration américaine, en ces temps de crise, déploiera tous les moyens, et le monde suivra, pour se libérer des énergies fossiles et de la nuisance des régimes qui en disposent et qui en vivent exclusivement.

Ceci est un bon point pour le Maroc, qui heureusement ne se trouve pas dans cette catégorie de pays et qui est doté pour emprunter le raccourci. Mais pour renforcer ces positions, il faut aussi des pas significatifs sur la voie de la bonne gouvernance, la vraie, pour la modernisation et le développement de notre société et pour s’assurer une bonne place dans le nouveau monde qui se construit. Un monde qui ne reconnaît que la gloire qui s’acquiert par l’inventivité et l’esprit constructif et non par la bravoure infantile et la nuisance contreproductive (voir ici  le comble du comble).

samedi 20 décembre 2008

Le Maroc et le Monde d'après la crise

Article publié sur la Vie Eco du 18 décembre 2009

Les auditions par le Congres américain des présidents des trois marques majeures de l’industrie automobile (General Motors, Chrysler, Ford) sont porteuses de beaucoup de leçons sur l’avenir. Il ne s’agit rien de moins en effet que d’un nouveau contrat, qui sera précisé davantage lorsque l’Administration Obama sera aux commandes, au terme duquel les subsides de l’Etat seraient liées à l’innovation et à la fabrication par ces compagnies des voitures de demain, plus efficientes et moins dépendantes du pétrole. Pour illustrer cette situation, le mode de transport de ces dirigeants est peut-être anecdotique mais d’une grande symbolique. Aux premières auditions, ils s’étaient rendus en jets privés. Ensuite, ils se sont déplacés dans des voitures hybrides !

Ce n’est plus un secret pour personne, et ce n’est pas l’actuelle crise qui y changera quelque chose : l’économie mondiale doit être transformée ! Fonctionnant essentiellement aux énergies fossiles, rejetant dans l’atmosphère les gaz à effet de serre responsables du réchauffement global et de toutes les conséquences qui en résultent sur la vie humaine, la sortie de la crise ne peut se faire qu’en visant en même temps l’objectif d’une croissance plus clémente avec la planète.

Le monde tourmenté d’aujourd’hui doit se rappeler cette maxime d’Einstein : « On ne peut régler les problèmes avec les moyens qui les ont crées ! ». Une nouvelle économie, basée sur les technologies propres, répondant aux besoins humains de bien-être et de progrès et respectant le milieu naturel, est déjà en train de se cristalliser. Ces technologies, qui ne sont pas seulement le solaire, l’éolien ou les voitures électriques, mais englobent les nano et bio technologies, l’Internet et ses dérivés, les nouveaux bâtiments, et d’autres encore, marqueront les nouvelles frontières entre ceux qui y croient et s’y préparent d’un côté et ceux qui s’y refusent et persistent dans leur attachement aux industries du passé, de l’autre.

Et justement, un signal très fort a été lancé le 19 novembre dernier quand Obama déclarait : « Ma présidence marquera un nouveau chapitre dans le leadership américain sur le changement climatique, qui renforcera notre sécurité et créera des millions de nouveaux emplois ». Le futur proche est donc dessiné. Nous sommes loin du temps où G.W. Bush en mars 2001 annonçait le retrait de son pays de Kyoto pour cause de preuve insuffisante de la gravité du phénomène et d’absence de lien entre l’activité humaine et le réchauffement planétaire.
Dans le même esprit, le 20 novembre, le National Intelligence Council publiait un rapport sur les tendances globales de 2025 dans lequel on pouvait lire : « Les nouvelles technologies pourraient apporter des solutions, telles que des alternatives viables aux combustibles fossiles ou les moyens de surmonter les contraintes de la nourriture et de l'eau. L'incertitude critique est de savoir si les nouvelles technologies seront mises au point et commercialisées à temps pour éviter un ralentissement de la croissance économique en raison des contraintes de ressources. »
Le défi, justement, est de lever cette incertitude…

Le Maroc, un pays qui ne dispose ni de pétrole, ni de gaz, ni de charbon, a tout intérêt à se ranger avec les pays qui montent dans le train de cette nouvelle économie, moins émettrice de carbone. Pour continuer à se développer en sauvegardant ses ressources naturelles, mais également pour contribuer à l’effort global de lutte contre le changement climatique au sein d’une communauté internationale qui le lui reconnaîtra dans la défense de ses causes.

Il est vrai que le marocain subit de plein fouet les effets négatifs du réchauffement global, bien qu’étant très faible émetteur de CO2 dans l’atmosphère : seulement 2 tonnes rejetées en moyenne par an, à comparer avec les 12 tonnes émises par un occidental. Mais la vulnérabilité du Maroc au changement climatique, qui est maintenant reconnue et avérée, est loin d'être seulement une menace. Cette situation est un défi majeur certes, mais un défi porteur d'immenses opportunités.

L’Agence Internationale de l’Energie estime à 45 000 milliards de dollars les investissements qui iront à l’énergie propre d’ici à 2050. Barack Obama engage son pays dans un programme qui prévoit d’investir 150 milliards de dollars avant 2020 dans ce même domaine.

Le Maroc qui a relativement bien réussi à tirer avantage des nouvelles technologies de la communication, et qui pourrait fait encore beaucoup mieux en améliorant son système éducatif, est un pays riche en gisements de soleil et de vent. Pourquoi ne pourrait-il pas tirer une fraction même minime de cette manne financière qui se déploiera dans le monde durant les prochaines décennies ?

Le Groupe Delattre Levivier Maroc donne un exemple parmi d’autres sur les pistes ouvertes par cette nouvelle économie. En se plaçant dans l'éolien avec un investissement de plus de 75 millions de dh dans une usine neuve, qui peut produire 300 mâts d'éolienne par an, cette entreprise produira une capacité proche de celle des grands groupes internationaux du secteur, comme le Danois "Vestas" ou l'Allemand "Enercon".

Mais il n’y a pas que les énergies nouvelles. L’agriculture biologique, la médecine, les nanotechnologies, la réutilisation des eaux usées, le tourisme écologique, le dessalement de l’eau de mer par les énergies renouvelables, la valorisation des déchets, offrent des possibilités indéniables d’investissement et de création d’emplois auxquelles il faut, rapidement, préparer l’environnement légal et former les compétences humaines.

Tous ces domaines nouveaux, créateurs de richesses et protecteurs de l’environnement doivent figurer en tête des priorités de notre gouvernement, de nos universités, de notre patronat et de notre société civile.

jeudi 18 décembre 2008

Démo

Les mots comptent-ils vraiment? Leurs origines, leurs significations qui différent?
Prenons-en un: RESPONSABLE.
Voici la définition qu'en donne le Littré:
"Qui répond, qui est garant de quelque chose ou de quelqu'un. Être responsable envers quelqu'un."
C'est clair! Mais de nos jours, et surtout chez nous, ce n'est plus vraiment cela. Etre responsable, c'est tout simplement être chef. C'est à dire, diriger, commander, avoir un tampon sur un bureau. Quant à répondre: cela dépend quand, avec qui et dans certaines conditions.

Pour être fixé sur le sort de ce mot, d'une langue étrangère, qui, donc, ne nous engage pas beaucoup, voyons son équivalent en langue arabe: MASSAOUL.
La racine de ce mot provient du verbe: SAALA, donc interroger, demander.
La démo est faite: ici, on nous demande. On ne répond pas!

Les mots jouent souvent de mauvais tours, même aux plus grands des auteurs. Prenons par exemple le roman "Désert", du prix Nobel de littérature 2008 JMG Le Clézio. L'histoire de ce roman se passe en grande partie au Maroc, dans les régions du Sud, au début su siècle passé. (A telle enseigne que cela pourrait servir pour renforcer la position marocaine, mais ce n'est pas le sujet). L'auteur relate des épisodes de lutte du Cheikh Maa El Ainine, contre l'occupant étranger et à plusieurs reprises il traduit mot à mot le nom de ce grand personnage ainsi: l'eau des yeux.
En fait le mot Al Ain en arabe ne signifie pas seulement œil, mais aussi source. Et au Sahara, quiconque vous interrogerez sur le sujet vous le confirmera. Mieux encore, lorsque l'on veut railler un des descendants qui ne fait pas honneur à la réputation et droiture de ce grand homme, on dit qu'il s'agit de l'eau des égouts, par opposition à l'eau des sources...
Mais les besoins du roman autorisent bien quelques écarts....

dimanche 14 décembre 2008

L'irrésistible ascension de Hamid Chabat

Vous ne connaissez pas ?

C’est le maire tout puissant de Fès, capitale spirituelle du Maroc, ville impériale douze fois séculaire, berceau de la culture et du raffinement, ville d’origine du nationalisme marocain, de la diplomatie, du savoir vivre, du commerce international, du caftan, des babouches, de la gastronomie, de la modernité et de la tradition, de la musique et de la poésie, du soufisme et de la joie de vivre…

Hamid Chabat est en réalité devenu le patron de Fès, après Moulay Driss. Il est le député de cette ville depuis plusieurs mandats.

Les élections c’est son truc. Il se fait élire comme une lettre à la poste, il est en campagne électorale chaque jour, il chasse les voix de chaque instant.

Il est généreux avec les nécessiteux et ne refuse rien aux riches.

L’intelligentsia, évoquant principes et valeurs, se fâche avec lui ? Il s’en moque éperdument. Ses membres trop peu nombreux, et si hautains, ne votent même pas. Alors qu’ils parlent, qu’ils écrivent dans la presse, qu’ils continuent à discuter dans les salons : il ne s’en préoccupe pas.

Tous les signaux qui lui viennent d’en haut le réconfortent. Il est l’homme de la situation. Il rend un service inestimable au système sécuritaire. Ses méthodes sont plus efficaces que celles des intégristes. Son audace dépasse celle des fanatiques. Son réseau est plus dense que celui des islamistes. Son populisme a fait ses preuves.

Il y a deux ans et demi, Chabat avait réussi à gratter les tentacules de Afilal, leader emblématique, manœuvrier et jusque là indéboulonnable de l’UGTM, syndicat du parti de l’Istiqlal. Il l’avait mis à la porte et fait « élire » un certain Andaloussi à sa place.

Il y a quelques jours, Chabat a remis ça. A l’approche de l’Aid El Adha, il a sacrifié son allié Andaloussi pour amplifier sa main basse sur le syndicat.

Jusqu’où ira Hamid Chabat ? C’est la question que tout Fès se pose, avec admiration chez les uns, nombreux, et avec angoisse chez tous ceux qui ne comptent plus dans le processus démocratique transparent.

Mais chacun sait que Chabat ne s’arrêtera pas là. Ce n’est pas seulement le syndicat qui l’intéresse. Ce n’est pas les intérêts de la ville de Fès qui le motivent.

Chabat veut aller plus loin.

Conquérir le parti ? Non, ce n’est pas son trip. Il préfère être faiseur de dirigeants. Cela lui réussit parfaitement. Lui  il n’a pas besoin du parti. C’est plutôt le parti qui s’accroche à lui, qui ne peut plus rien lui refuser. 

Mais d’où vient Hamid Chabat ? Natif de Taza (sa biographie officielle ne dit pas en quelle année !!!), il ne fait presque pas d’études. Ouvrier dans une usine démantelée, il se distingue dans l’agitation syndicale. De fil en aiguille, il est arrivé au sommet de Fès. Il commence à en avoir le tournis. Il finance un journal local qui organise le culte de sa personnalité, en commençant par lui attribuer de la poésie et lui inventer une ascendance généalogique prestigieuse.

Chabatescu, le Génie du Sébou est né !

Nous en reparlerons certainement à l’occasion du prochain congrès du parti de l’Istiqlal qui aura à trancher la reconduction de Abbès El Fassi, premier ministre, à la tête du parti.

 

mercredi 10 décembre 2008

Sacrés Gendarmes

Un dimanche après-midi, un couple dans une voiture, à la sortie d’une agglomération rurbaine… Inutile d’indiquer le lieu. Cela peut se passer dans n’importe quelle agglomération du pays. Des deux côtés de la rue-avenue-route, la même laideur : on dirait que quelqu’un (surtout pas l’appeler architecte) a réussi à décrocher le prix du bâtiment le plus laid. Il a tellement convaincu qu’on lui a délégué la tâche de meubler toutes nos agglomérations des mêmes façades, des mêmes caisses en briques. Il a réussi. Chapeau ! Les smasria (profession très courante équivalent à l’agent immobilier) appellent cela des sondouk pour usage logement et des Rido pour usage commerce. Comment quelqu’un qui serait parachuté dans ces zones d’urbanisation nouvelles pourrait reconnaître s’il se trouve à Tiznit, Targuist, Taza ou Chemmaaia ?

Enfin bref, passons et revenons à notre couple.

C’est veille de Aid et donc déploiement dense des Agents pour une surveillance accrue pour la sécurité routière. N’importe quel véhicule est donc suspect d’enfreindre le code de la route. Aux chauffeurs de prouver le contraire ou de s’entendre ! C’est veille de Aid et tout le monde sait que la pression augmente.

Justement. Notre couple se fait arrêter par deux gendarmes dont un avait caméra au poing à la sortie de l’agglomération sus-citée sans nom. Papiers. Quoi ? Infraction. Quoi ?  Ecran de caméra : vitesse 70 au lieu de 60. Quoi ? 400 Dh ou permis confisqué. Quoi ? Nom du père. Quoi ?

Quelques longues dizaines de minutes plus tard, le chauffeur a consenti à payer les 400 Dh et a récupéré ses papiers. Pourtant un camionneur de passage avait bien suggéré aux deux parties de s’entendre, mais le chauffeur ne comprenait pas.

Connaissant le pression de la veille de Aid, le couple décide de ne pas bouger la voiture et d’observer avec quel zèle les deux gendarmes allaient poursuivre leur vigilance dans le but d’assurer la sécurité de nos routes.

Résultat, pendant trente minutes : aucune infraction n’a été enregistrée ! Miracle ! Et pourtant des excès de vitesse, il y en a eu. Des taxis en surcharge : il n’y avait que cela. Des camionnettes débordantes et aux pneus lisses, en quantité. Bref de quoi augmenter toutes les statistiques des accidents de la route dans la zone.

A bout de patience, nos deux gendarmes décident d’arrêter une camionnette, montent dedans et demandent au chauffeur, à haute voix, de les amener à un autre endroit…Un endroit où les infractions seraient plus faciles à verbaliser…

Bonne fête à tous! Et attention la route!


dimanche 7 décembre 2008

Impromptu

Le lieu est magnifique et peu fréquenté. Un promontoire qui offre une vue splendide sur la ville et sur toute la baie qui  la borde. Si le temps et le climat le lui permettent, le passant peut apprécier la beauté d’un coucher de soleil imprenable ! Pour les romantiques, rien de plus inspirant pour trouver les mots doux, les phrases charmeuses, sous forme de collages, appris dans les feuilletons télévisés, venus de Turquie ou de Mexique. Pour les échanges sentimentaux, l’origine ne compte pas, puisque, comme disait Deng Hsiao Peng, peu importe la couleur du chat pourvu qu’il attrape la souris. 

Une jeune fille voilée et un jeune garçon non barbu s’y hasardent. Le garçon y est déjà venu une autre fois pour une aventure précédente qui n’avait pas abouti. Mais rien ne le décourage. La jeune fille, quant à elle, est novice. Elle découvre. Tout. La montée avec un garçon et le lieu, merveilleux d’après la description que lui en a faite le garçon récemment rencontré.

Tous les deux, côte à côte, doucement, nonchalamment, grimpent le chemin en pente raide qui mène au lieu magique. Ils ont prévu toute l’après-midi pour faire connaissance, et sans se l’avouer, peut-être un peu plus, si affinités… 

Arrivés au sommet, ils se trouvent un petit espace et s’installent.

La vue est en effet splendide. La jeune fille en a le souffle coupé. Le garçon, lui, reprend son souffle et pense déjà à ne pas commettre les erreurs de la fois précédente.

Au moment où le garçon s’apprête à ouvrir la bouche, pour engager la discussion avec des collages turcs de mots doux, il entend le bruit d’une voiture qui glisse sur l’asphalte avant de s’arrêter. Son attention est entièrement dirigée vers sa compagne, mais il entend quand même la portière de la voiture s’ouvrir et se refermer. Le garçon ne peut s’empêcher de se retourner et la jeune fille de se cacher le visage : de la voiture de police sortait un agent qui n’avait pas l’air de s’intéresser seulement au paysage !

jeudi 4 décembre 2008

NSSP: Et le Maroc?

Précédent: NSSP: Mais en attendant?

Voici un extrait de l'introduction de mon article à paraître sur le sujet: 

"Le Maroc est un pays qui ne dispose ni de pétrole, ni de gaz, ni de charbon, ni d’uranium. Un pays millénaire, qui a suscité toutes les convoitises par sa position stratégique, comme un des deux battants de la porte occidentale de la méditerranée ; un pays lobé dans le coin de l’Afrique, regardant avec envie et admiration vers l’Europe et l’Amérique. Un pays qui se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Pour survivre, il doit se développer. Et pour cela il doit avancer, s’ouvrir, se rendre attractif. Pour y arriver, il puise sans compter dans ses richesses naturelles (hydrique, forestière, halieutique,…), suivant le modèle des pays qui ont fait progresser leurs populations vers la liberté, le bien-être et la stabilité. Mais les temps ont changé. Les nouveaux besoins, la démographie, la compétition au niveau régional et même planétaire, rendent le défi plus difficile. Avec de surcroît un climat qui change, l’avenir ne se fait pas cristallin. Le marocain subit de plein fouet les effets négatifs de ce phénomène, bien qu’étant très faible émetteur de CO2 dans l’atmosphère : seulement 2 tonnes rejetées en moyenne par an, à comparer avec les 12 tonnes d’un occidental ou encore avec les 2 tonnes dont est responsable chaque passager d’un long courrier reliant Europe et Asie."

La vulnérabilté du Maroc n'est plus en doute maintenant. 

Voici les dernières cartes qui donnent des projections alarmantes,

 en baisse des précipitations et en augmentation de la température:



Loin d'être seulement une menace, cette situation est un défi porteur d'opportunités.

Le Maroc qui a relativement bien réussi à tirer avantage des nouvelles technologies de la communication, et qui aurait fait encore beaucoup mieux en améliorant son système éducatif, doit impérativement monter dans le train qui se dirige vers la Nouvelle Société, basée sur une nouvelle économie qui combat le changement climatique et préserve la planète.

L’Agence Internationale de l’Energie estime à 45 000 milliards de dollars les investissements qui iront à l’énergie propre d’ici à 2050. Barack Obama engage son pays dans un programme qui prévoit d’investir 150 milliards de dollars avant 2020 dans ce même domaine.

Le Maroc, riche en gisements de soleil et de vent, ne pourrait pas tirer une fraction même minime de cette manne financière qui se déploiera dans le monde durant les prochaines décennies ?

Mais il n’y a pas que les énergies nouvelles. L’agriculture biologique, la médecine, les nanotechnologies, la réutilisation des eaux usées, le tourisme écologique, le dessalement de l’eau de mer par les énergies renouvelables, la valorisation des déchets, offrent des possibilités indéniables d’investissement et de création d’emplois auxquelles il faut, rapidement, préparer l’environnement légal et former les compétences humaines. 

Tous ces domaines nouveaux, créateurs de richesses et protecteurs de l’environnement doivent figurer en tête des priorités de notre gouvernement, de notre patronat et de notre société civile.

mercredi 3 décembre 2008

NSSP : Mais en attendant ?

Précédent : NSSP : Un marché vert ?

Préparer les mentalités, dresser un cadre juridique, inventer une nouvelle économie, tout cela est excellent. Mais en attendant ?

Que faire pour sauver les populations vulnérables, surtout dans les pays pauvres, des sécheresses récurrentes, des crues dévastatrices, de la montée des océans ? En d’autres termes : comment s’adapter ?

A quelle hauteur les digues, à quelle profondeur les puits ?

Comment donner aux populations les raisons de croire encore en leurs chances sur leurs territoires au lieu de risquer leurs vies à la recherche de l’illusion dans les pays lointains ?

Par quels mécanismes (financiers, technologiques) pourrons-nous transférer les expériences réussies d’adaptation des Pays-Bas au BenglaDesh ou à Tuvalu (menacée de disparition) ?

Personne ne détient de réponse à ces questions urgentes. La Convention des Nations Unies sur le changement climatique n’a accordé à l’adaptation dans ses délibérations que très peu de place en comparaison avec l’atténuation des Gaz à effet de Serre.

Durant la rencontre de Honolulu, des expériences de terrain ont été exposées et discutées.

En voici quelques unes. Samuel Ayonghe, professeur universitaire au Cameroun, décrit les péripéties qui ralentissent la mise en place d’un Observatoire sur le changement climatique destiné à faire prévaloir la prévention. Alicia Villamizar, professeur à l’Université Bolivar du Venezuela, plaide pour la lutte contre la pauvreté comme un impératif dans la lutte contre le changement climatique, en relation avec les Objectifs de Développement du Millénaire de l’ONU. Laurent Lepage, professeur à l’Université du Québec à Montréal, rend compte des succès et obstacles rencontrés lors de la réalisation de projets concrets dans les pays du Sahel. Et bien d’autres expériences encore…

Des milliers d’actions sur le terrain sont à encourager, à multiplier, à dupliquer. La réponse au défi global réside aussi dans l’action locale.

lundi 1 décembre 2008

NSSP: Un marché vert?

Précédent: NSSP: La loi et le droit d'abord!

La loi, le droit, la culture, tout cela est indispensable, nécessaire, mais est-ce suffisant ? L’économie mondiale, fonctionnant essentiellement aux énergies fossiles, rejetant dans l’atmosphère les gaz à effet de serre responsables du réchauffement global et de toutes les conséquences qui en résultent sur la vie humaine, doit être transformée. Certains disent verdie. D’autres parlent de nouvelles technologies propres, qui ne sont pas seulement le solaire, l’éolien ou les voitures électriques. Les nano et bio technologies, l’Internet et ses dérivés, les nouveaux bâtiments, toute une nouvelle économie, répondant aux besoins humains et respectant le milieu naturel, sont à l’ordre du jour des chercheurs et investisseurs. 

Dans ce cadre, John Gutrich, de l’Université du sud de l’Oregon, définit les contours d’une économie écologique. Bill Shireman, CEO de Future 500, qui fait travailler ensemble grands groupes économiques et ONG en partenariat gagnant pour tous, propose la croissance intelligente pour, à la fois, sauver la Planète et résoudre la crise actuelle, la pire depuis 80 ans. Pour lui, continuer à taxer le revenu, le travail et l’épargne, est tout simplement stupide. Dans un monde qui manque de ressources, il est plus intelligent de taxer les choses dont on veut se débarrasser : le carbone, la pollution, les déchets. 

Afin de mieux assurer la transition vers cette nouvelle économie, Marjorie Kelly, écrivain, journaliste, estime que cette économie ne doit pas se baser seulement sur les technologies physiques. Pour elle, une nouvelle architecture sociale est indispensable, afin que l’économie ne serve pas à procurer de la richesse à une élite mais à dispenser le bien-être pour tous. 

La rencontre de Honolulu s’est déroulée durant la transition vers le pouvoir d’Obama aux Etats-Unis. Une période post-campagne pendant laquelle chaque déclaration compte pour un signal envoyé aux citoyens américains mais aussi au reste du monde. 

Justement, un signal très fort a été lancé le 19 novembre quand Obama déclarait : « Ma présidence marquera un nouveau chapitre dans le leadership américain sur le changement climatique, qui renforcera notre sécurité et créera des millions de nouveaux emplois ». Nous sommes loin du temps où G.W. Bush en mars 2001 annonçait le retrait de son pays de Kyoto pour cause de preuve insuffisante de la gravité du phénomène…

Le 20 novembre, autre coïncidence, le National Intelligence Council publiait un rapport sur les tendances globales de 2025 dans lequel on pouvait lire : « Les nouvelles technologies pourraient apporter des solutions, telles que des alternatives viables aux combustibles fossiles ou les moyens de surmonter les contraintes de la nourriture et de l'eau. L'incertitude critique est de savoir si les nouvelles technologies seront mises au point et commercialisées à temps pour éviter un ralentissement de la croissance économique en raison des contraintes de ressources. »

Le défi, justement, est de lever cette incertitude…

A suivre...

NSSP: La loi et le droit d'abord!

Précédent: NSSP: Se réconcilier avec la Terre

L’intervention de David Abram, accompagnée de gestuelle, de respiration démonstrative, fondée sur une grande culture générale, a soulevé l’enthousiasme de tous. Ou presque !

Car cette présentation des choses n’est pas du goût de Laura Westra. L’urgence impose l’action vigoureuse et immédiate. Pendant que l’eau coule du robinet, dit-elle, comment peut-on encore se permettre de se limiter à balayer. Pour cette professeur émérite, la première action à accomplir est d’abord de fermer le robinet. Il faut conduire devant la justice tous ceux qui se rendent responsables, coupables, de la détérioration de la nature et de la vie.

Laura Westra, une vingtaine de livres publiés, un franc-parler qui force le respect, mariée depuis 51 ans et mère d’un enfant né avec malformation au bras, martèle avec passion et non sans coquetterie, que l’environnement, c’est d’abord le droit à la Santé, le droit à ne pas être victime de la voracité du capitalisme. Il faut des lois sévères contre l’incurie, contre ces usines qui produisent les malformations, le cancer, contre l’usage des pesticides, des produits chimiques, pour éviter les Bhopal, Ceveso, Tchernobyl…

Auteure d’un livre à paraître sur les réfugiés écologiques, repoussé par un éditeur hollandais, pour cause de citation de l’exemple des palestiniens, Laura Westra se bat pour que l’on parle moins et qu’on agisse plus vite.

Tout aussi ferme sur la question du sauvetage de notre Planète, Ved Nanda, éminent juriste et professeur de Droit à l’Université de Denver, estime que la protection de l’environnement doit être hissée au rang de la défense des droits humains. Auteur de plusieurs ouvrages et lauréat de plusieurs prix, Ved Nanda, se promène avec aisance et habileté dans l’arsenal juridique international pour y déceler lacunes et marginalisation, surtout à l’encontre des pays les plus vulnérables et en particulier de l’Afrique Subsaharienne. Si depuis plus d’un demi-siècle l’attention s’est portée à juste titre sur les droits de l’Homme à la parole, à la liberté, avec quelques succès, de nos jours, la communauté internationale se doit d’établir le droit de l’Homme à la vie, à l’eau, à l’air non pollué, à la santé. En somme, le droit des générations d’aujourd’hui et de demain à une planète saine et sauve.

A suivre…