dimanche 14 décembre 2008

L'irrésistible ascension de Hamid Chabat

Vous ne connaissez pas ?

C’est le maire tout puissant de Fès, capitale spirituelle du Maroc, ville impériale douze fois séculaire, berceau de la culture et du raffinement, ville d’origine du nationalisme marocain, de la diplomatie, du savoir vivre, du commerce international, du caftan, des babouches, de la gastronomie, de la modernité et de la tradition, de la musique et de la poésie, du soufisme et de la joie de vivre…

Hamid Chabat est en réalité devenu le patron de Fès, après Moulay Driss. Il est le député de cette ville depuis plusieurs mandats.

Les élections c’est son truc. Il se fait élire comme une lettre à la poste, il est en campagne électorale chaque jour, il chasse les voix de chaque instant.

Il est généreux avec les nécessiteux et ne refuse rien aux riches.

L’intelligentsia, évoquant principes et valeurs, se fâche avec lui ? Il s’en moque éperdument. Ses membres trop peu nombreux, et si hautains, ne votent même pas. Alors qu’ils parlent, qu’ils écrivent dans la presse, qu’ils continuent à discuter dans les salons : il ne s’en préoccupe pas.

Tous les signaux qui lui viennent d’en haut le réconfortent. Il est l’homme de la situation. Il rend un service inestimable au système sécuritaire. Ses méthodes sont plus efficaces que celles des intégristes. Son audace dépasse celle des fanatiques. Son réseau est plus dense que celui des islamistes. Son populisme a fait ses preuves.

Il y a deux ans et demi, Chabat avait réussi à gratter les tentacules de Afilal, leader emblématique, manœuvrier et jusque là indéboulonnable de l’UGTM, syndicat du parti de l’Istiqlal. Il l’avait mis à la porte et fait « élire » un certain Andaloussi à sa place.

Il y a quelques jours, Chabat a remis ça. A l’approche de l’Aid El Adha, il a sacrifié son allié Andaloussi pour amplifier sa main basse sur le syndicat.

Jusqu’où ira Hamid Chabat ? C’est la question que tout Fès se pose, avec admiration chez les uns, nombreux, et avec angoisse chez tous ceux qui ne comptent plus dans le processus démocratique transparent.

Mais chacun sait que Chabat ne s’arrêtera pas là. Ce n’est pas seulement le syndicat qui l’intéresse. Ce n’est pas les intérêts de la ville de Fès qui le motivent.

Chabat veut aller plus loin.

Conquérir le parti ? Non, ce n’est pas son trip. Il préfère être faiseur de dirigeants. Cela lui réussit parfaitement. Lui  il n’a pas besoin du parti. C’est plutôt le parti qui s’accroche à lui, qui ne peut plus rien lui refuser. 

Mais d’où vient Hamid Chabat ? Natif de Taza (sa biographie officielle ne dit pas en quelle année !!!), il ne fait presque pas d’études. Ouvrier dans une usine démantelée, il se distingue dans l’agitation syndicale. De fil en aiguille, il est arrivé au sommet de Fès. Il commence à en avoir le tournis. Il finance un journal local qui organise le culte de sa personnalité, en commençant par lui attribuer de la poésie et lui inventer une ascendance généalogique prestigieuse.

Chabatescu, le Génie du Sébou est né !

Nous en reparlerons certainement à l’occasion du prochain congrès du parti de l’Istiqlal qui aura à trancher la reconduction de Abbès El Fassi, premier ministre, à la tête du parti.

 

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Un homme de modeste origine qui a reussi a atteindre les sommets de la hierarchie de la ville de Fes ne peut qu' arracher l'admiration .
Le fait d'avoir installe des centaines de cameras de surveillance dans les rues de l'ancienne ville pour combattre le crime est une preuve que ce responsable est non seulement competent mais aussi efficace.
Je predis qu'il va avoir un long regne sur la ville de Fes bien que je sois un MRE qui pratiquement ne recoit aucune nouvelle de cette ville millenaire.
Les fassis ne lacheront pas un politicien de ce calibre qui possede les qualites requises pour conduire efficament et avec le minimum de depenses et d'efforts les affaires de la ville.
Si chaque ville du Maroc avait un Chabat, le Maroc pourrait bientot rattraper son retard par rapport a l'Europe.
Bravo Chabat!!!!!!!!!!

Anonyme a dit…

Je ne suis pas un inconditionnel de Hamid Chabat, d'abord pour son istiqlaisme ensuite pour sa personne.

Mais je trouve sa trajectoire politique assez intéressante,dans un parti où les liens généalogique et familiaux tiennent généralement de CV.

Parti de rien et arrivé au sommet en défiant hier Afilal et demain Abbas El Fassi, voilà qui mérite un coup de chapeau!

Si j'étais istiqlalien, je n'hésiterais à soutenir ce monsieur dans son parcours, histoire de voir le parti se renouveller.

Vous autres à l'USFP, vous devriez en prendre de la graine. Sauf que vous, les Chabat éventuels vous les excomuniez.....Regarde ce que çà donne ...Une USFP à l'agonie, dirigée par un viellard....

Anonyme a dit…

Bravo Taha pour ton texte;
Pour avoir eu affaire à ce monsieur je peux dire qu'il est un danger pour la démocratie locale et nationale.
Pour assoir son pouvoir syndical il n'a pas hésité à être la cause de la fermeture de dizaines d'usines à Fez (parlez en aux investisseurs étrangers qui se sont essayé à fonctinner sans accepter le diktat de l'ugtm : ils ont préféré mettre la paix sous le paillasson et partir.
aucun scrupule ne le retiens, ces milices sont connues et craintes;
Même les walis et gouverneurs n'ont pas pu ou osé le combattre et le ramener à la raison de peur de perdre leur poste.
ce sont des méthodes mafieuses au vrai sens du terme: je me pose toujours la question de la difference entre la gestion de Fes et celle de Naples...
Alors messieurs les laudateurs de chabat (et sa clique car il n'est pas seul - il a fait longtemps tandem avec Alaoui-Titna qui n'en est pas moins dangereux)renseignez vous avant de porter un jugement sur sa réussite et son pouvoir.
J'ai peur pour mon pays car ce mal existe également et déjà à Rabat, Marrakech, El ayoun sous d'autres formes aussi pernicieuses.

Anonyme a dit…

@ anonyme # 2,

Ton attitude de denigrement ,de negativisme total ,de refus systematique de temperer tes sentiments ,la force passionnelle autrement dit ta haine excessive contre les dirigeants du PI en general ... traduisent une volonte premeditee de nuire a autrui ou a ce dernier groupement politique.
On dirait que tu as eu des contractions douleureuses pour delivrer ton message de haine.
Le fait que ta critique manifeste une tendance ideologique penche d'un seul cote seulement dans la balance , la rend desequilibree
et ne peut par consequent etre prise en consideration par les sages observateurs impartiaux.

Chabat n'est pas un ange, c'est un politicien erudit qui a reussi dans sa carriere.
C'est un vainqueur autrement dit le champion qui jette K.O ses adversaires.On ne peut qu'applaudir le champion.

Nul n'est parfait.

Par anonyme # 1

Anonyme a dit…

Pour essai seulement.
Je crois que mon second comm
d'anonyme no 1 a ete perdu pour des raisons que j'ignore.

Anonyme a dit…

@anonyme # 1
Il y a erreur il n'y a ni haine ni ressentiment dans mes affirmations mais j'ai vopulu délivrer un message de quelqu'un qui a vécu les pratiques d'un mafieux qui se présente comme le defenseur de la veuve et de l'orphelin et du prolétaire...
Quand au parti de l'istiqlal, j'ai trop de reconnaissance pour son action passée et ses militants (d'hier et d'aujourd'hui)pour oser le critiquer ou le dénigrer : cela n'a jamais été mon intention: donc ta lecture est fausse ..
l'avenir nous montrera que même les dirigeants actuelles du PI souffrent les pratiques de Chabat plus qu'ils ne les avalisent..
cordialement
anonyme #2

Anonyme a dit…

Khadija,
Taha ton article reste très mesurée et pourtant...Les commentaires des "anonymes" poussent à la méditation. Même pas un pseudo pour délivrer des messages somme toute élogieux. Cet homme est craint : c'est évident. il est un danger pour la démocratie: c'est indéniable. Il est adepte d'un système mafieu, le constat a été osé. Qui pourrait l'arrêter ? Grande question. Des Chabat, il y en d'autres. Ils alimentent un système dont ils sont les premiers à profiter. Ils le protégeront par tous les moyens.