lundi 21 avril 2008

Education - développement: phase 2



Une rencontre de l’initiative Education - Développement s’est tenue le 20 Avril 2008 à l’ESCA à Casablanca et a rassemblé environ trente personnes. Après une succincte présentation de l’initiative, des conditions de sa création, de son développement et du bilan de l’étape, le débat a été ouvert à l’assistance. Des témoignages et des propositions ont été formulés par : des enseignants ( tous les cycles confondus ), des associations, une psychologue, des élèves et étudiants, des parents, un journaliste, des cadres de l’administration et du privé, … bref entre citoyens. Ces témoignages et propositions convergent vers la nécessité d’une mobilisation citoyenne la plus large possible.

Les sujets et thématiques traités dans les échanges :

L’école doit faire renaître le sentiment national, le lien social, l’amour du travail d’enseignant et développer chez l’apprenant le sentiment d’appartenance à son école.
Pour réformer l’école, nous devons répondre à la question : Quel marocain voulons-nous ?
Les difficultés d'encadrement de l'élève dans le foyer à cause de la pauvreté, de l’analphabétisme et l’absence des parents.
Le primaire doit se concentrer sur les fondamentaux : Ecrire, lire, compter.
L’enseignant à l’écoute de l’élève.
Utilisation des locaux scolaires en dehors des heures et jours d’enseignement pour d’autres activités : soutien, alphabétisation, sport.
La violence, la drogue à l’école : reflet des maux de la société.
Faire revenir de sa démission l’élite qui pense avoir réglé la scolarisation de ses propres enfants.
Associer les bénéficiaires du départ volontaire à l’effort de soutien.
Une plus grande implication des associations des enseignants.
Souplesse dans les programmes et les horaires, selon les régions.
Réorienter les publications de propagande des activités des responsables vers des objectifs de rayonnement de l’école.
Développer les activités parallèles au sein de l’école.
La carte scolaire et les effets pervers.
Lutter contre le sentiment d’indifférence, d’accommodement développé à l’égard de la corruption (fassad en arabe) au sein de l’école.
Mettre fin aux mauvais comportements des enseignants, dans et hors la classe.
Augmenter le budget alloué à l’éducation ne servira à rien sans mesures draconiennes de rationalisation des dépenses.
Encourager l’émergence des vocations et talents.
L’entreprise et les écoles de son environnement doivent concourir à faire émerger l’entrepreneur, le cadre, l’ouvrier, … avertis de demain.
Diffuser les leçons, devoirs et autres activités par l’intermédiaire de sites Web.
Partenariat avec les entreprises pour les nouvelles technologies dans l’école.

Recommandations :

Prenant en considération cette recommandation faite par le rapport du Conseil Supérieur de l’Enseignement :

« L'école a besoin de soutien pour améliorer les conditions d'enseignement et pour être soulagée des problèmes qui la dépassent (conditions sociales, violence, …) et nécessitera davantage d'attention de la sphère intellectuelle, médiatique ou politique. »

et partant des divers témoignage reçus depuis le lancement de l’initiative il y a 8 semaines, les participants ont convenu de poursuivre leur action an vue de :

- Animer le débat sur les questions insuffisamment abordées, comme :
o la langue et l’éducation,
o l’entreprenariat à l’école,
o les nouvelles technologies,
o la citoyenneté


- Promouvoir une démarche individuelle inscrite dans une orientation collective, par la rédaction d’une charte complémentaire aux réformes techniques que proposera le gouvernement.
o Une charte, en quelques points ou commandements, dans un style simple et accessible à tous, faisant appel à l’engagement moral de tous les intervenants dans le système éducatif : enseignants, parents, apprenants, responsables et autres acteurs économiques, sociaux et politiques.
o Appelant au respect de l’éthique et au comportement citoyen et responsable, cette charte ferait l’objet de la diffusion la plus large afin de recueillir une adhésion pratique et massive.

UN APPEL EST LANCE A TOUTES LES BONNES VOLONTES POUR LA REDACTION DE CETTE CHARTE.

jeudi 17 avril 2008

A propos du rapport sur le système éducatif

Le rapport 2008 sur le système éducatif marocain a été remis hier au Roi par le Conseil supérieur de l’éducation, organisme inscrit dans la Constitution.

A la lecture du document synthétique qui accompagne ce rapport volumineux, on peut répéter comme cela a déjà été dit que nous n’avons vraiment pas besoin des institutions étrangères pour nous éclairer sur le sujet.

Passons sur les avancées et les réalisations énumérées au début de cette synthèse, qui sont en fait tout à fait naturelles, et venons en aux problèmes évoqués et aux pistes indiquées.

Ce billet se limitera à copier fidèlement les citations prises dans ce document, tout en les classant dans un ordre différent.

Le constat :

- Trop d'élèves continuent d'abandonner le système sans qualification aucune, comme ce fut le cas pour près de 400 000 d'entre eux l'an passé dont plus de la moitié dans le seul cycle primaire
- La qualité des apprentissages fondamentaux (la lecture, le calcul, l'écriture, la langue) et les modes d'instruction, en termes de méthodes et d'outils didactiques, demeurent lacunaires
- Une appropriation hésitante de l'arabe malgré les 3800 heures d'enseignement dispensées dans cette langue au terme de la scolarité obligatoire
- le divorce entre nécessités du monde du travail et capacités

Bref :

Notre école continue d'exclure, au lieu d'être un creuset inclusif au service de l'égalité des chances.


Tentative d’explication :

- polarisation idéologique qui a souvent relégué l'intérêt de l'apprenant derrière certains intérêts particuliers.
- malgré l'adoption d'un mode de gouvernance plus souple et aux prérogatives étendues au niveau des académies, le système n'a pas encore pu ouvrir certains chantiers difficiles, tels que
- l'évaluation ou la responsabilisation des agents, (absentes)
- degré d'engagement des enseignants, (faible)
- l'arabe classique dont l'utilisation effective est trop restreinte pour atteindre un niveau d'assimilation satisfaisant,
- la dépense éducative par élève reste à des niveaux bas, souvent moins de la moitié que celle de pays voisins à niveau de développement comparable.
- la contribution des collectivités locales ou du secteur privé demeure anecdotique.
- Le cercle vicieux de la démobilisation et de l'insuffisance de la qualité.
- Le suivi pédagogique par les parents et leur vigilance, (insuffisants)


Quelques pistes :

- Apporter des réponses nouvelles aux problèmes de l'absentéisme injustifié, des cours particuliers rémunérés et du recours du secteur privé à des ressources employées par le secteur public.
- La promotion de la langue arabe devrait faire l'objet d'un effort spécifique, avec une modernisation de son enseignement et le développement de tests standard mesurant régulièrement son niveau de maîtrise.
- Parvenir à mieux inséminer un esprit critique, d'initiative, d'entreprise et de mobilité et la culture économique, notamment à travers des stages en entreprise et en milieu associatif.


Au total, l'école a besoin de soutien pour améliorer les conditions d'enseignement ou pour être soulagée des problèmes qui la dépassent (conditions sociales, violence) et nécessitera davantage d'attention de la sphère intellectuelle, médiatique ou politique.


Tout cela est bien, excellent. Notamment au regard de cette dernière citation, qui définit en quelque sorte les termes de référence d’une initiative comme celle qui est menée par les blogueurs et qui se réunissent justement ce dimanche 20 avril pour en discuter.

Mais pour ma part, je relève quelques lacunes. Elles sont symbolisées par l’absence des mots clé suivants : Religion, Darija, Citoyenneté, Technologie.

mardi 15 avril 2008

RV le 20 avril

Dix semaines après son lancement, l'initiative des bloggueurs en faveur d'un meilleur système éducatif poursuit son chemin.

Dimanche prochain, 20 avril, une rencontre aura lieu à Casablanca pour prendre connaissance du bilan et pour discuter des suites à donner...

Tous les détails sur la rencontre sont sur le blog de Mounir, l'infatigable cheville ouvrière du projet.

L'occasion pour moi de saluer le travail formidable fait par Wassim, Ahmed, Othmane, Nabil, Sofia, Taoufiq, Younes, Hmida, Loula, Omar, Rachid, Samira, Selma, Nadia... Et j'en oublie...

dimanche 13 avril 2008

A l'eau, personne ne pense?

Un nouveau rapport de la Banque mondiale. Et encore un ! Cette fois sous le titre : « Une meilleure gouvernance pour une meilleure gestion de l’eau au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ».

Dans les conclusions du résumé de ce rapport, on peut lire :

L’évolution vers une situation dans laquelle la gestion de l’eau devient une activité financièrement, socialement et écologiquement viable passe par trois facteurs généralement omis des processus de planification des ressources en eau :
• Reconnaître que les décisions relatives aux réformes sont par essence d’ordre politique plutôt que de s’évertuer à séparer le processus politique du processus technique. Cela implique qu’il faut comprendre les facteurs qui déterminent la dynamique politique des réformes, analyser les points de rupture de ces déterminants et ordonnancer les activités de réforme en conséquence. Il faut des champions de la réforme aussi bien pour la dimension politique que pour l’aspect technique.
• Comprendre le caractère central des politiques extérieures au secteur de l’eau sur la ressource et impliquer les décideurs intervenant dans des secteurs autres que celui de l’eau dans la réforme du secteur de l’eau.
• Rendre les organismes de l’État et les prestataires de services comptables devant le public. Ces organismes et ces prestataires de services doivent être conscients des conséquences qu’implique la bonne performance aussi bien que la mauvaise performance. Pour y parvenir, la transparence s’impose afin que le public sache pourquoi les décisions sont prises, quelles sont les résultats qu’il peut attendre et qu’est-ce qui a réellement été accompli. Pour être tenues comptables de leurs actions, les parties prenantes doivent bénéficier de l’inclusion qui permet à un grand nombre d’entre elles de participer à la prise de décision.


Pour une relecture de ce rapport, il n’est pas inutile de prendre connaissance de cette dépêche de l’AFP datée du Vendredi 11 avril 2008 et qui a été reproduite dans la plupart des journaux et magazines marocains et étrangers.

Cette dépêche annonce que « la Banque Mondiale (BM) a demandé jeudi soir à Rabat aux pays arabes de réduire rapidement leur consommation d'eau afin d'empêcher une pénurie catastrophique ». La même dépêche reprend les propos de M. Mantovani, spécialiste en eau à la Banque Mondiale, qui précise qu’"il ne s'agit pas de mesures techniques qui doivent être décidées par des ingénieurs mais de réformes politiques profondes que les gouvernements de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) tardent à prendre car elles ne sont pas très populaires".

Autres extraits de la même dépêche.
"Les problèmes et les solutions sont connus mais l'avancement des réformes est lent. Il faut impérativement réduire la consommation totale à hauteur des ressources disponibles tout en offrant des services adéquats pour les besoins de la population", a souligné Julia Bucknal, principale spécialiste en gestion des ressources naturelles à la Banque Mondiale.

La BM suggère une "meilleure gouvernance" de l'eau en prenant en compte le fait que les usages domestiques, commerciaux et industriels de l'eau ne représentent que 10 à 15% des besoins en eau d'un pays et que le reste va à l'agriculture.

C'est donc sur ce dernier secteur qu'il faut intervenir en réduisant l'irrigation notamment en instaurant des "allocations d'eau", "ce qui implique de décider dans la transparence qui recevra de l'eau et dans quelle quantité", assure la Banque Mondiale.

Si la plupart des pays de cette région tardent à mettre en oeuvre cette régulation de la demande d'eau, la Tunisie, la Jordanie, les Territoires Palestiniens et Israël "ont compris le caractère stratégique de l'eau et ont fait les réformes nécessaires", a souligné M. Montovani.

"Dans ce domaine, la Tunisie a quinze ans d'avance sur le Maroc et encore plus sur l'Algérie. Elle a réussi à assurer ses besoins d'eau de manière durable et au Maghreb, c'est le pays où l'eau est la moins chère", a-t-il dit.


Les affirmations contenues dans cette dépêche ne constituent pas une nouveauté. Sur ce même blog, plusieurs billets ont été consacrés à ce sujet.

Economiser, améliorer la gestion, explorer de nouvelles pistes sont des réponses que ne peuvent continuer d’ignorer que ceux qui ignorent l’intérêt général du pays. Continuer à consacrer des budgets faramineux à la construction de grands ouvrages est une option sans issue, mais malheureusement encore promue chez nous par un quarteron d’ingénieurs retraités, fermés à toute idée d’innovation ou de réforme.

Le nouveau gouvernement espagnol formé vendredi 11 avril par Zapatero apporte une nouveauté intéressante en fusionnant l’eau et l’environnement avec l’agriculture.

Dans un monde de plus en plus marqué par la hausse des prix des denrées alimentaires, dans une région marquée par la baisse des précipitations, le Maroc se doit d’avoir une stratégie courageuse à long terme qui concilie développement durable et sécurité alimentaire.

vendredi 11 avril 2008

Vu à la télé

Les infos de 20h sur la première chaîne, c'est vraiment fantastique!
Activités royales à Midelt, dans le Maroc profond et pauvre: prière du vendredi, lancement de travaux de réfection d'une piscine, de construction d'abattoirs et d'aménagement d'un carrefour. Après les images, la parole est donnée à l'architecte, encore tout ému, qui explique l'utilité de ces mounchaat pour la population de Midelt.
Ouverture de la session de printemps des deux Chambres de notre Parlement. Images de l'hémicycle à moitié vide, mais avec quelques ministres, dont celui de la justice qui ne semble pas être trop préoccupé par la fuite de neuf terroristes des prisons dont il a la charge; extraits des discours des deux présidents; et quelques paroles glanées auprès de présidents de groupes jaloux de la place de l'institution législative...
Affaire du Sahara marocain, de New York à Dakhla, ...

Des images d'une chaîne publique qui passent sur les écrans des contribuables, dans l'indifférence générale.

Le but est-il vraiment d'informer?

samedi 5 avril 2008

L'inculte

L’inculte est cruellement complexé.
Il sait que les cultivés connaissent son déphasage. Et il réagit.
Bien sûr, il n’est pas analphabète. Disons qu’il sait gribouiller et déchiffrer. Car lire et écrire, dans son cas, c’est beaucoup dire !
Il maîtrise si peu les langues en cours qu’on peut le qualifier de zérolingue.
Il n’a pas d’adresse email, c’est évident. Il se contente des moyens traditionnels de communication renforcés par la possession voyante de deux portables. La souris pour lui n’est qu’un mammifère des égouts et la toile seulement ce que tisse l’araignée.

Mais il n’est pas si inculte que cela. Il a la culture de l’au-delà.
Il n’a jamais fini de lire un livre de sa vie. C’est normal. Il n’en jamais commencé !
Ah si ! Les livres des imprécations et passwords pour le Paradis. Il connaît toutes les formules sésames qui ponctuent son existence ici bas. Avant d’entrer dans une salle : au nom de Dieu. Avant de discuter : Dieu le soutien. Au moment de sortir : Dieu le procureur de succès…Et ainsi de suit, à haute voix, bien sûr !
Alors pour le reste, les autres expressions culturelles, inutile d’en dire plus…Son inculture est considérable. Et lui, beaucoup plus que sidérable…

Le parvenu

Le parvenu reste énigmatique.
Il surprend ses proches par son ascension sociale. Il se surprend lui-même. Car chacun sait que son ascension n'est pas dûe à des qualités prouvées ni à des atouts éprouvés. Il n'a pas la légitimité de l'effort. Ni même du diplôme.
Il est aussi porteur de la marque Contre-Exemple, pour tous ceux qui rêvent de bonne gouvernance.
Car il brise toutes les règles de la compétition honnête. Il met à mal les valeurs de l'ambition basée sur le mérite et l'inventivité.
Il a su être là au bon moment, frapper à la bonne porte, appartenir au bon clan, rendre le service qu'il faut.
Il ne faut pas s'attendre à ce qu'il fasse preuve de sens de la responsabilité.
Il s'accommode bien avec les compromissions. Et pas seulement avec les promissions...

vendredi 4 avril 2008

Le rancunier

Le rancunier est terrible. Il focalise toute son attention sur les faits et gestes des autres. Il cherche à y détecter tout ce qui peut alimenter sa rancune.
Dans son coeur, il réserve un espace où il tient sa comptabilité, où il enregistre ce qu'il considère, d'après ses critères, comme maléfique à son égard.
Lorsque les conditions ne sont pas favorables, il fait profil bas. Il se plie comme un roseau. Il attend.
Mais le moment venu, dès qu'il sent l'occasion venir, il sort ses griffes. Il déploie ses tablettes. Il consulte sa comptabilité. Et puis,, il sévit. Il frappe. Du maximum qu'il peut.
Le rancunier peut avoir le comportement le plus abscon. Mais pas seulement abs...

L'homme-lige

L'homme-lige est pernicieux.
Il ne réflechit pas, jamais. Il exécute, toujours, aveuglèment.
Il a livré son âme. Il en a fait don à celui qui le place là où il faut, pour exécuter les basses besognes, couvrir les compromissions, justifier les écarts par rapport aux règles. Il est content d'être là. Il ne se pose pas de question. Il sait où se trouvent les réponses. Il ne cherche pas à avoir une personnalité à lui, il se contente d'habiter celle qu'on lui a taillée.

Souvent il s'agit de personnes consternantes, et même plus que sternantes!

jeudi 3 avril 2008

Le médiocre

Le médiocre est dangereux.
En apparence, il est timide. En public, il évite de s'exprimer. Il rougit, il se contorsionne. Ne sait pas quoi faire de ses mains. Il cherche à passer inaperçu. Il veut qu'on l'oublie.
Mais au fond, il ne veut pas se révéler. Il veut cacher son jeu le plus longtemps possible. Il profite des moments d'inattention des autres pour préparer ses coups, ses petites manoeuvres. Sa cible: les compétents. Il ne les aime pas car il les jalouse. Il les envie, alors il se venge.
Parfois, il attire la pitié des autres. Il en profite.