dimanche 19 octobre 2008

Tioute


Un dimanche d'octobre, sans soleil, par un temps ni froid ni chaud. Promenade tranquille dans le Maroc profond, en compagnie d'amis venus du Canada, de France et même de Salé. A seulement une heure de route d'Agadir, loin des tumultes urbains: l'air pur, les bonnes clémentines, les délicieux légumes, le Tagine et le couscous authentiques, le véritable thé à la menthe...

Petit village enraciné dans son oasis, sa belle palmeraie, qui survit à la désertification grâce à une source jusqu'ici intarissable. Pays d'origine d'un grand homme que j'ai le privilège de côtoyer.

Des menaces la guettent bien sûr, depuis que Tioute figure sur tous les guides touristiques. Ses besoins sont connus pour faire face à la menace. Une station d'épuration des eaux usées, par exemple, pour protéger les ressources en eau et, pourquoi pas, réutiliser ces eaux épurées, transformerait Tioute et toute la région. Les études existent. La mise en oeuvre dépendra de la mobilisation de tous ceux qui aiment, apprécient ce village séculaire et souhaitent la sauvegarde de sa palmeraie.

Citée par D. Jacques-Meunié, dans son livre fondamental "Le Maroc Saharien du XVIème Siècle à 1670", Librairie Klinckscieck, 1982, parmi les villes importantes du Souss aux XVIe et XVIIe siècles, p746:
"Tioute a plus de quatre mille feux (vingt mille habitants) et les gens y sont riches à cause de l'abondance de froment, d'orge et de légumes que produit la contrée; elle a aussi de grands plants de canne à sucre et de nombreux moulins. Les marchands accourent à Tioute de toutes parts: de Fès, de Marrakech et du Soudan, parce que le sucre y est très fin depuis qu'un juif renégat y a dressé des moulins à sucre avec l'aide des captifs chrétiens que le Chérif avait faits à Agadir (1541)."

Aujourd'hui pas de trace de canne à sucre, plus de moulins et beaucoup moins de feux. Ce sont les activités liées à l'Arganier qui s'y développent, en relation avec le tourisme, pour relancer peut-être une bourgade qui s'est laissée aller à la paresse, comme tant d'autres dans le pays.

Il y a trois ans, un journaliste du New York Times passait par là. Il a écrit un article qui, au-delà des erreurs qu'il comporta (rattrapées par la rédaction), indique bien la tendance et fait tout de même connaître la région à un public large et averti.

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