mercredi 5 décembre 2007

Le Maroc et l'indice DH du PNUD

Le Maroc, comme on le sait, a regressé au 126ème rang du classement du Développement humain établi par le PNUD. Cela a été commenté dans les blogs, mais personnellement je n'ai pas vu beaucoup de débats, ni lu d'articles qui auraient dû être nombreux pour éclairer citoyens et décideurs sur cette question. Il faut dire que le microcosme est occupé à fouetter d'autres chats et que ces questions de développement humain, ou développement durable, pensent-ils, n'intéressent pas grand monde dans ce pays. Il est quand même plus vendeur de présenter, commenter, polémiquer, aiguiser l'immédiat et le sensationnel, comme à l'occasion de ce fameux vrai faux mariage d'homosexuels à Ksar el Kébir!



Ceci dit, quelque chose me turlupine dans cet indice du DH (à ne pas confondre avec l'abréviation de notre monnaie). Comme chacun a dû déjà s'en apercevoir je ne fais pas partie de ceux qui pratiquent le sport très répandu chez nous de tout justifier ou tout expliquer par n'importe quels arguments fallacieux et qui conduit à ne pas faire d'effort et à créer les conditions de la démobilisation.

Mais lorsque l'on regarde ce tableau comparatif paru dans le Monde du mercredi 5 décembre sur les performances du Maroc et de l'Algérie, les questions se bousculent...



Comment se fait-il qu'avec des résultats meilleurs sur presque tous les critères retenus par ce journal (innovation, compétitivité, formation des salariés, qualité du système éducatif, dépenses éducatives, infrastructures), le Maroc se classe bien derrière l'Algérie en DH?

Les chiffres, les données, les indicateurs sont-ils fiables? S'ils le sont, les responsables et décideurs marocains devraient mener une enquête d'urgence pour savoir pourquoi tous ces efforts ne donnent pas de résultats sur la santé, le niveau d'éducation et le niveau de vie. S'ils ne le sont pas, il nous faut trouver les bons...

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Sans lire les chiffres du journal le monde que vous avez publié, j'étais/suis convaincu que notre pays est en avance sur bcp de domaines sur la majorité des pays africains et même des pays arabes (pourtant doté de réserves importantes d'hydrocarbures). Mais, le malheur du Maroc, c'est qu'il y a deux Maroc, voire plusieurs Maroc!!
C'est dans les disparités sociales que s'explique, je crois, le classemenet IDH du Maroc.
Il y a plusieurs explications aussi. Je pense notament à l'histoire spécifique du Maroc qui avait un système féodale dont les séquelles sont perceptible aujourd'hui encore, alors que la majorité des pays arabes, par exemple, a connu des systèmes socialistes qui assurait un minimum d'éducation et de développement social...
Bref, il y a bcp de choses à dire et le sujet mérite un vrai débat.

Bien à vous,

Adil

Anonyme a dit…

Etonnant !

Merci pour ce post, Taha.

oumnia a dit…

Les critères des indicateurs ne doivent pas être fiables. Cela ne veut, cependant pas dire que la situation au Maroc ne nécessite pas une refelxion profonde visant l'amélioration. Il y a en effet beaucoup à faire.
Restons optimiste.

Anonyme a dit…

Bonjour Taha,
Il faut prendre les indicateurs en tenant compte de leur périmètre et leur sens. L’INDH ne calcul pas les performances économiques (et dans ce cas le Maroc le remporterait peut être sur l’Algérie) mais surtout en quoi les politiques économiques ont eu un impact sur la conditions sociales des gens. C’est l’intérêt de cet indicateur.
Le rapport nous explique pourquoi le Maroc est mal placé comparativement à l’Algérie :
Espérance de vie : Maroc 70.4 ans, Algérie 71.7 ans
Alphabétisme : Maroc 52.3% , Algérie 69.9%
PIB par habitant : Maroc 4555 USD, Algérie 7062 USD.
Ce qui nous donne une Algérie mieux classé que le Maroc.

On sait pourquoi le PIB par habitant est élevé chez nos voisins (pétrole) et que ça ne profite pas à toute la population. Mais toujours est-il que le Maroc reste un pays pauvre qui produit peu . Il suffit de voir la volatilité de notre PIB d’une année à une autre et ça dépendance de la pluviométrie. Les politiques économiques qui se sont succédés ont toujours du mal à favoriser une croissance durable et soutenue (minimum de 6% par an pour le Maroc qui est en voie de développement).

L’Alphabétisme : on reste quand même dans le dernier quart du classement c’est même la piètre performance. Des efforts on été fait mais là notre problème c’est qu’on est parti de loin, vraiment de loin. Du coup faut attendre plusieurs années pour inverser la tendance.

L’espérance de vie : en gros on est dans la moyenne.

L’explication est peut être celle-là : à la fin du siècle dernier le Maroc était si médiocre et si bas que malgré ses efforts il n’arrive pas à rattraper ses concurrents : il faut non seulement qu’il fasse plus qu’eux mais mieux et plus vite qu’eux.

taha balafrej a dit…

Merci Larbi pour ces précisions. Chacun sait bien sûr que l'héritage est lourd. Pour ma part, je voudrai ajouter que lorsque l'Etat entreprend des dépenses importantes dans divers domaines, il est tenu d'en vérifier les résultats, directs et indirects. Ce n'est pas le cas chez nous malheureusement, comme pour l'éducation...