A Sidi Ifni, capitale de la tribu Aït Baamrane, connue pour son esprit patriotique et résistant, des affrontements sanglants ont opposé les forces de l’ordre à de jeunes manifestants qui bloquaient le port de pêche de la ville en signe de protestation contre leur situation.
Le bilan n’est pas encore définitivement établi et il ne semble pas qu’il y ait eu de morts, contrairement à ce qu’Al Jazira s’est empressée d’annoncer à des téléspectateurs qu’elle imagine friands de sang et de cadavres…Mais les images qui circulent sur Youtube montrent que la situation est grave et qu’au lieu de se focaliser sur les erreurs éthiques de certains journalistes, il serait bon et urgent d’aller à l’essentiel.
Ces évènements nous rappellent à une réalité que certains feignent d’ignorer. Celle d’un développement, indéniable, mais qui ne profite pas à tous. Celle d’une mobilisation qui ne parvient pas à toucher toutes les couches de la population. Celle d’un fossé qui se creuse entre régions dynamiques et régions exclues. Celle d’un développement qui fait plus dans le quantitatif que dans le qualitatif, dans l’infrastructure plus que dans l’humain.
Mais ces évènements montrent aussi que les préoccupations des populations ne sont pas exactement celles de la classe politique, occupée à rechercher et à se répartir postes et privilèges, au lieu de porter et canaliser les revendications et d’encadrer les populations (pas un leader politique ne s'est exprimé sur le sujet, à ma connaissance!).
Ces évènements montrent aussi que les moyens d’expression de la colère, légitime dans des situations comme celle-là, restent violents et destructeurs. Mais en même temps que les forces de l’ordre continuent d’agir selon les vieilles méthodes répressives et contre-productivesque l’on croyait enterrées.
Des ces évènements, on peut aussi conclure qu’il y a toute une pédagogie de l’initiative et du sens de l’entreprise qu’il faut disséminer. Apprendre à venir à bout des obstacles et à bien utiliser le peu d’atouts disponibles pour s’en sortir et pour légitimer ses revendication sans toujours attendre tout du pouvoir central.
En face d’Ifni, se dressent les îlots de prospérité des Canaries. Une prospérité qui attise les frustrations de ce côté-ci de l’océan. Oui, il y a le soutien financier espagnol et européen. Mais il n’y a pas que cela !
mardi 10 juin 2008
La colère d'Ifni
Libellés : Coup de gueule, Notre société
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
3 commentaires:
tu parles de leader ou dealer politique
En face d'Ifni, se dressent les îlots de prospérité des Canaries, certes! Mais il faut signaler l'esprit d'entreprise et de travail qui animent les habitants de ces îles!
Ils n'attendent pas que l'état central fassent tout pour eux!
Toute la différence est là!
Amuse-toi à recencer le nombre d'investisseurs originaires d'Ifni qui investissent dans l'immobilier dans le Nord, tu auras une petite idée de la cause de la colère des laissés pour compte là-bas....
C'est un autre signe de ceux qui avancent à reculer. Au lieu de nous expliquer ce qui s'est passé, au lieu de reconnaitre que la région ( entre autres régions, quartiers, ... ) que même l'INDH ( discours officiel ) a reconnu comme misérable, ils s'acharnent contre une télévision comme si c'est elle la cause de la misère.
De Sefrou à Ifni, la situation de précarité est révoltante.
Enregistrer un commentaire