Un titre bien prétentieux pour un blog…Précisons alors : par citoyen, on entend toute personne habitant ce pays ; par politique, tout décideur, politisé ou technocrate ; par journaliste, tout un chacun détenant une certaine influence à partir de la presse…Normalement, le citoyen a tout intérêt à suivre et se préoccuper des décisions des politiques qui touchent directement sa vie quotidienne, nécessairement son avenir et accessoirement la vie des politiques. Il doit être vigilant vis-à-vis des décisions qui sont prises pour protester et éventuellement sanctionner les politiques. Le journaliste, puisqu’il s’adresse au citoyen et au politique, doit donner la priorité aux informations qui satisfont les besoins de son citoyen-lecteur et attirer l’attention du politique. Le politique, quant à lui, il doit tout faire pour attirer le vote du citoyen, selon son projet et ses orientations et alimenter le journaliste pour faire passer ses messages auprès des citoyens.
Tout cela est trop théorique, j’en conviens, et trop compliqué pour juger du bon fonctionnement des relations entre ces trois acteurs au Maroc. Prenons alors un exemple pour mieux expliquer et vérifier la qualité de ces relations. Partons de ce qui est le plus important dans la vie politique d’un pays qui se veut démocratique. Prenons la loi de finances de 2008. Deux mesures fiscales phares l’ont caractérisée : la baisse de l’impôt sur les sociétés et la hausse de la TVA, en particulier sur le leasing et sur le bâtiment. Des mesures qui sont maintenant entrées en vigueur après examen au gouvernement et après discussions, disons serrées, au Parlement.
L’objet, ici, n’est pas de discuter l’opportunité de ces mesures, qui ont une connotation sociale et économique bien claire et en disent long sur l’orientation politique de leurs auteurs. Ni de vérifier si elles sont conformes aux programmes des partis qui composent la coalition qui gouverne, ou si elles sont dictées par une administration peu politique… Même si, bien sûr, il y a beaucoup à dire sur ce sujet…Il s’agit tout simplement de montrer combien nous sommes loin de vivre dans le cadre de relations claires et de rôles bien répartis entre citoyen, politique et journaliste.
Au lieu d’expliquer ces mesures, d’en démontrer le bien-fondé et éventuellement d’étudier comment les accompagner pour en réduire les effets négatifs qui ne manqueront pas de se manifester sur le pouvoir d’achat des citoyens, les politiques sont occupés à débattre des secrets internes entre leaders d’un autre âge, d’un côté ; et des opérations de rafistolage de l’autre. Au lieu de s’intéresser à la hausse de la TVA et de commander des simulations sur ses effets sur l’économie nationale, les journalistes, pour la plupart, continuent à ne s’intéresser qu’aux confrontations politiciennes stériles et au mercato politique. Le citoyen, habitué à ne pas faire le lien entre sa vie quotidienne et les décisions que prennent les politiques, reste livré aux charlatans qui le poussent à se défouler sur des affaires comme celle de Ksar El Kébir.
Pour que l’orchestre démocratique marocain délivre la bonne harmonie, il faut que tous ses membres maîtrisent leurs instruments et soient conscients de devoir jouer la même partition.
Combien parmi nos journalistes et nos politiques, sont capables de comprendre une loi de finances, de prévoir et d’en expliquer les effets aux citoyens au bon endroit et au bon moment? Le taux de participation aux élections, la crédibilité des partis politiques et l’efficacité démocratique s’amélioreront lorsque le politique et le journaliste rendront visible le lien entre une décision politique et son impact sur la vie des citoyens.
dimanche 3 février 2008
Le citoyen, le politique et le journaliste
Libellés : Réflexion
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1 commentaire:
Si Taha ...
Le modèle le plus courant chez nous c'est que le journaliste est corrompu et le politicien est corrupteur. Le pauvre citoyen,lui, il gère le qutidien et vit le jour le jour.
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